La technologie progresse à vue d’oeil, mais la façon d’analyser le hockey par les experts s’en résume à la même bonne vieille recette depuis plusieurs années. Un coup d’oeil sur la colonne de statistiques: les buts, les passes, le nombre de tirs, les mises en échec, les +/- et le temps d’utilisation. Un oeil attentif sur la rencontre. Une sélection de 2 à 3 séquences que l’on juge fidèles à l’allure générale du match, et que l’on décortique grâce à une riche expérience d’ancien joueur – c’est un fait, les experts à la télévision ont souvent joué à un haut niveau, ce qui crédibilise (légitimement) leurs propos par-rapport à monsieur tout le monde.
Le résultat? Un aperçu sommaire, simple et logique de la rencontre. Plus souvent qu’autrement, les experts auront raison grâce à cette méthode, bien qu’on se souviendra davantage de leurs mauvais coups.
Toutefois, celle-ci ignore une foule de petits détails dans un match de hockey sur lesquels un entraineur professionnel va porter une attention soigneuse. Le problème est que la mémoire humaine est faillible et le hockey est probablement l’un des sports les plus fluides et chaotiques à être pratiqué sur Terre. Une multitude d’évènements surviennent les uns après les autres sur la glace. Ils sont effectués par une foule de joueurs qui composent des unités de cinq changeant dans des intervalles dans 35 à 45 secondes. Lorsqu’on prend la peine de regarder un match à nouveau, on constate avoir oublié au préalable plusieurs séquences relativement importantes.
Puisque l’analyse détermine les décisions prises par les décideurs d’une équipe de hockey, elle doit être fait avec la plus grande précision possible pour limiter les erreurs. Bien sûr, la méthode employée par les experts dans les médias est la plus efficace et la plus accessible pour les auditeurs, qui ne peuvent pas – et ne veulent pas, probablement – assimiler trop d’informations dans un temps d’ondes restreint. Donc, on s’en tient à l’essentiel et ça fait franchement le plaisir de tout le monde.
Mais, comment analyse-t-on un match de hockey précisément, c’est-à-dire, comme les pros?
Les statistiques avancées ont permis une analyse plus approfondie, notamment avec les indices de possession de rondelle. Chaque tentative de tir est la conséquence d’actions qui ont été posées sur la patinoire et puisque les tirs tentés surviennent en grande quantité, c’est le plus grand échantillon de données d’un match qu’on peut trouver la plupart du temps. Grand échantillon rime souvent avec précision et fiabilité. Pour faire simple, plus t’as de l’info, mieux c’est.
Ceci dit… Autre problème: chaque tir a la même valeur selon cette analyse, et on évalue les joueurs non selon ce qu’ils font individuellement sur la patinoire, mais avec la nuance suivante: selon ce qui arrive sur la patinoire lorsqu’ils y sont.
On arrive alors à une autre méthode: celle de Roger Neilson, un innovateur, un ancien entraineur-chef et un membre du Temple de la renommée. Elle consiste à noter les contributions de chaque joueur sur chaque chance de marquer, et les erreurs de chaque joueur sur chaque de marquer à la défaveur de son équipe. On obtient ainsi une perspective beaucoup plus individuelle de la performance d’un joueur, en isolant la sienne de la tenue de ses coéquipiers lorsqu’ils étaient avec lui sur la patinoire.
Aujourd’hui, presque tous les entraineurs ont recours à la méthode de Neilson. Dans la LHJMQ, les Sagunéens de Chicoutimi l’employaient sous la férule de Patrice Bosch.
Le journaliste du Edmonton Journal, David Staples, fait religieusement le décompte des chances pour les Oilers. Il a trouvé que, dans la même période, ses données se voulaient plus constantes que le Corsi.
La méthode a elle aussi ses limites: sur une séquence semblable, un défenseur peut commettre une erreur atroce qui ne mène pas à une chance de marquer contre lui pour une foule de raisons (bond de la rondelle, aide d’un coéquipier, etc.), alors qu’un autre arrière commettra le même impair et écopera d’une chance contre lui. Plusieurs actions positives et négatives peuvent survenir sur des jeux n’étant pas succédés par une occasion. Toutefois, la méthode ignore les tirs moins dangereux et elle tend à analyser plus individuellement les joueurs que le Corsi, c’est donc une information supplémentaire pertinente qu’on a sous la main. L’idée n’est pas de discréditer l’une ou l’autre, mais de prendre conscience des forces et faiblesses des deux méthodes et enfin, de reconnaitre leur complémentarité.
Durant le match du Canadien face aux Sabres, je me suis adonné à l’exercice – je compte le poursuivre à moins d’un imprévu qui m’en empêcherait, par ailleurs.
Je ne partagerai pas le décompte dans son entièreté, puisque je n’ai qu’un échantillon d’un match sous la main. Je me contente de vous faire part des statistiques les plus éloquentes.
Galchenyuk a été l’attaquant du Canadien pris en défaut le plus souvent pour des chances de l’adversaire, soit cinq fois. Offensivement, il a obtenu une chance et a contribué sur une autre occasion. À noter que cela ne signifie pas que Galchenyuk est à risque défensivement ou quoi que ce soit, mais simplement qu’il a peiné dans cet aspect durant le match analysé. Il doit retrouver ses repères après sa longue absence.
Jeff Petry s’est rendu coupable du plus grand nombre d’erreurs chez les défenseurs, avec quatre, ce qui concorde avec les soupçons entretenus depuis quelques matchs. Notez que Beaulieu n’en a obtenu qu’une hier. Michel Therrien lui a confié de grosses minutes, en plus de le louanger au passage durant son point de presse. Voyons voir si Nate The Gr8 peut bâtir là-dessus.
Shaw s’est illustré durant une période: la deuxième. Dans celle-ci seulement, il a généré trois chances en plus d’alimenter Andrighetto dans l’enclave pour une autre occasion.
Seriez-vous surpris si je vous disais que Radulov a créé deux chances, en plus d’en obtenir deux? Dynamique, à son habitude. Pacioretty – qu’on qualifie souvent à tort de joueur unidimensionnel – a contribué à trois occasions lui, en plus d’en amasser deux.
On peut contribuer à une chance de différente façon: bon échec avant, passe savante, harpon qui dévie la rondelle dans un espace libre et profite à un coéquipier, etc.
Avec un plus grand échantillon, on sera en mesure de cerner des tendances solides, en les ajustant au temps de jeu pour accoucher d’un ratio.
En rafale
– JVR est-il un joueur paresseux comme le veut la rumeur? Sportsnet le dépeint plutôt comme un maniaque des détails! (Sportsnet)
– Une bonne analyse du match d’hier soir.
THE GOOD, THE BAD & THE UGLY GAME 48 Montreal 2 Buffalo 3 (OT) – Mitch Melnick https://t.co/aa9UVOUZSi #Habs #Sabres
— Mitch Melnick (@HunterZThompson) January 22, 2017
– Rappel: Guy Boucher déteste tellement les tirs de barrage qu’il ne les regarde même pas!
Tonight's story: This just in: Shootouts are bad. So bad that some NHL coaches don't watch them https://t.co/rTIzo3bKzt via @TheAthleticTO pic.twitter.com/dQrkoOCXXs
— James Mirtle (@mirtle) January 22, 2017
– Jack Capuano aurait été contacté par une formation de la LNH. (Toutsurlehockey)
– Les manchettes de Rogers: Laine pourrait bientôt revenir au jeu, Sam Bennett fait un retour dans la formation des Flames et les Blues ont de la misère en titi avec leurs gardiens.
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