Bergevin ou l’art de réparer ses erreurs | Gonchar un pari bien calculé

Dans une de ses premières actions à titre de DG du Tricolore, Bergevin avait surpris un peu tout le monde en prolongeant le contrat de Travis Moen. Ce dernier venait de connaître une saison intéressante au plan statistique, mais avait aussi subit une importante blessure en fin de saison.

On se disait que c’était beaucoup d’argent pour un joueur de soutien (1,85 M$), mais surtout beaucoup d’années : 4 ans!

En échangeant Moen aux Stars (tiens, tiens encore eux autres!) en retour de Gonchar, Bergevin vient pour ainsi dire effacer les deux années de trop qu’il avait consenti au gros Saskatchewannais.

Bergevin avait plus tôt cet été réparé une autre de ses rares erreurs en échangeant Brière en retour de Parenteau ET – ne l’oublions pas – d’un choix de cinquième ronde. On cherche d’ailleurs encore à la comprendre celle-là…

Puis, si on regarde l’an passé, on peut se penser que Bergevin avait réparé l’erreur d’embaucher Douglas Murray en mettant la main sur le très fiable Mike Weaver à la date limite des transactions.

Dans le cas de Gonchar, en plus de sauver 1,85 M$ en cap hit l’an prochain, il faut penser que Bergevin (avec l’appui de Therrien) fait pari que Gonchar aidera à améliorer l’avantage numérique.

Un pari qui lui coûte 4 600 000 diront certains. Mais c’est un pari de 2, 75 M$ si on soustrait le salaire de Moen et de seulement 1, 85M$ si on veut soustraire les 900 000$ économisés par le renvoi de Bourque à Hamilton… Vraiment pas si pire.

Mieux encore, à ce jour, malgré l’ajout de Gonchar le CH se maintient en milieu de peloton au niveau de la gestion de la masse salariale. Il détient toujours une marge appréciable d’un peu moins de 3 M$ sous le plafond, et rendu à la date limite des transactions, en espérant qu’il n’y ait pas trop de blessures d’ici là,  c’est près de 10 M$ qui pourraient être disponibles pour aller chercher la ou les morceaux manquants.

Le genre de coussin qui avait permis de mettre la main sur Vanek l’an dernier.

On appelle ça de la très saine gestion.

Bref, il n’est parfait, mais on ne peut qu’applaudir l’excellent travail à tous les niveaux que Bergevin accompli depuis son embauche. Même ses « grosses » erreurs ne sont vraiment pas si grosses que ça si on les compare à la signature de Clarkson à Toronto, celle de Bolland en Floride ou Semin en Caroline.

Et, plus important encore,  il semble toujours en mesure de les réparer.

Y’a pas juste l’argent dans la vie, il y a le power play!
La statistique la plus révélatrice à cet égard est sans doute que Gonchar a fait plus de point par tranche de 60 minutes (4,26) en PP l’an dernier que Subban (3,08) et Markov (3,33), une statistique qui l’a classé au 30e rang de la LNH.

Oui, il jouait avec Benn et Seguin, deux pas pires joueurs, mais ça demeure une statistique intéressante et encourageante pour un club comme le Canadien qui n’a marqué que trois buts avec l’avantage d’un homme en 16 matchs…

Gonchar – un ancien Bruins éliminé par le CH (2003-2004!) – a toujours été un maître pour placer la rondelle au filet et son tir frappé, sans être le plus puissant, est généralement très précis et rappelle celui d’un Mark Streit.

Être Michel Therrien je n’hésiterais d’ailleurs pas très longtemps à briser la paire Markov-Subban au profit d’un duo Markov-Gonnchar. Markov dans son ancestral quartier général à la pointe gauche et Gonchar à droite qui pourrait recevoir et « garnotter » les offrandes rapides et précises de son compatriote.

Les meilleures années de Markov en attaque à cinq ont tous été avec des gauchers munis de bons tirs qui évoluaient à droite : Souray, Streit, Schneider, Bergeron.

Quant à Subban, il faudrait considérer lui enlever un peu de temps de glace à 5 contre 4 et le jumeler à un nouveau partenaire. Beaulieu, Gilbert ou pourquoi pas P-A Parenteau? J’aimerais bien le voir avec un partenaire droitier qui lui refile aisément la rondelle pour le tir sur réception.

J’aimerais aussi le voir plus souvent descendre un peu plus bas dans le haut des cercles pour décocher ce fameux one-timer.

Le CH a besoin d’un Subban plus énergique à 5 contre 5 et les longues présences de deux minutes en PP semblent diminuer son efficacité générale. La venue de Gonchar pourrait le fouetter dans le bon sens et le revigorer une peu.

Sept défenseurs?
Se pourrait-il que Therrien soit tenté d’y aller avec une formation à sept défenseurs dans les prochains matchs? Sans parier votre chemise là-dessus, il ne faudrait pas trop s’en surprendre.

Ça voudrait juste dire que Drayson Bowman serait retiré de la formation. On serait loin de la fin du monde…

Et même si Bergevin a dit que le jeune Beaulieu pouvait en faire plus, il est quand même loin d’être mauvais dans la LNH. Il se tire même très bien d’affaire, particulièrement à cinq contre cinq, domaine où Gonchar pourrait avoir un peu plus de difficulté, même si un retour dans l’Est devrait lui faire du bien de ce côté.

On souhaite tous que Beaulieu puisse devenir un défenseur offensif digne de ce nom dans la LNH et présentement ce n’est pas le cas. Beaulieu doit jouer plus comme il le fait dans la AHL, en transportant la rondelle et en étant davantage créatif et efficace offensivement.

À cet effet, un retour dans avec les Dogs où il pourrait se concentrer presque uniquement sur cet aspect ne serait pas la pire des choses le cas échéant.

Quant à Tinordi, c’est un peu la même chose, il a un pied dans la LNH. Mais dans son cas, il peut encore polir plusieurs aspects de son jeu dans la AHL. On ne peut pas dire qu’il a déjà outrageusement dominé cette ligue et il a généralement été moins convaincant que Beaulieu dans la LNH. À lui d’y voir.

Y aurait-il du bonheur dans l’air?
Bref, avec l’avantage numérique, on peut penser que Gonchar a au moins encore une carte dans son jeu avec laquelle il peut faire une différence positive pour le Canadien, ce qui n’était plus le cas de Moen. Gonchar 1 – Moen 0.

Bien jouer en désavantage numérique, plusieurs joueurs sont capables de remplir ce rôle, et un gars comme Bournival peut probablement le faire encore mieux que Moen ne le faisait…

En revanche, être un maître de l’avantage numérique (423 de ses 798 points en carrière) n’est pas donné à tous et ce n’est une spécialisation que l’on développe du jour au lendemain au niveau de la LNH. Et on ne la perd pas du jour au lendemain non plus…

Le CH avait besoin de nouvelles idées et de nouvelles façon de faire sur son jeu de puissance, et Gonchar, même si son exécution sera moins bonne qu’à ses belles années, peut certainement aider à changer un peu ces patterns devenus un peu trop prévisibles.

Sa seule présence aidera peut-être à modifier la dynamique et l’attitude du groupe sur la glace en le resserrant un peu.

Du moins, Therrien, qui l’avait énormément apprécié à Pittsburgh, croit à cela et est un homme très heureux aujourd’hui.

Gonchar aussi est heureux de venir à Montréal, « dans slush avec le towing ».

Et si l’avantage numérique débloque un brin et quart, il y aura quelques millions d’heureux de plus.

Preuve que le bonheur se rattache à bien peu de choses…

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