Après plus du tiers de la saison d’écoulée, les Canadiens de Montréal trônent toujours au sommet de la LNH et les amateurs se doivent d’être globalement heureux de la tenue de leur Flanelle depuis le début de la saison. Toutefois, ça fait partie de notre travail de chercher des bibittes ou de tenter de voir plus loin que le pointage final des matchs.
Parmi les choses qui font couler de l’encre ou qui allument les lignes ouvertes, il y a bien sûr les genoux de Galchenyuk et Desharnais, le temps de jeu de Plekanec, le partenaire que le monde semble absolument vouloir trouver pour Weber même si Emelin fait du boulot très honnête à ses côtés, le manque de joueurs en mesure d’empêcher les adversaires de foncer lames premières dans Carey Price et Michel Therrien, parce que le coach sera toujours un sujet de discorde.
Personnellement, il y a un joueur qui m’inquiète un peu. Brendan Gallagher. Oh, rien de complètement fou, mais une légère inquiétude pareil.
Que se passe-t-il avec celui que plusieurs voyaient comme le capitaine? Gallagher a joué le rôle de catalyseur sur son trio depuis son arrivée avec les Canadiens. Il a toujours été celui qui créait de l’espace pour ses coéquipiers par sa fougue. Sa capacité à allumer ses compagnons avait une grande valeur pour Michel Therrien. Dès que le coach voulait relancer un trio, il faisait appel à son soldat. C’est moins le cas cette saison et on peut se demander ce qui a pu se produire.
Des chiffres moins reluisants
En regardant les statistiques, on remarque que Gallagher a inscrit 5 buts, 12 aides pour 17 points en 28 matchs. À ce rythme, Gally récolterait 50 points (seulement 14 buts) à la fin de la saison. Raisonnable me direz-vous. Je suis d’accord. Il a même récolté 6 points à ses 8 derniers matchs.
Par contre, le fougueux ailier n’a inscrit qu’un seul but à ses 22 derniers matchs et il est considérablement moins utilisé que par les années passées. Sa moyenne de temps de jeu par match est passée de 16:35 au cours des deux dernières saisons à 15:10 cette année. Évidemment les succès d’Alexander Radulov ont eu pour effet de reléguer Gallagher sur le 2e trio.
Mais le temps d’utilisation de Gallagher explique-t-il à lui seul sa faible récolte de buts? Ou si c’est sa faible récolte de buts qui explique sa moins grande utilisation? À moins que ce ne soit autre chose.
Oui, Gallagher joue avec Plekanec ou Desharnais au lieu de Galchenyuk. Mais je répète qu’auparavant c’était Gallagher qui avait un effet positif sur ses coéquipiers. Pourquoi n’arrive-t-il plus à avoir le même effet cette année? Comment se fait-il qu’il n’arrive plus à transformer ses actions sur la glace en buts autant que par le passé? Gallagher n’arrive pas à créer autant de chances de marquer que par le passé. Pourtant, les statistiques de possession démontrent clairement que Gallagher a toujours un effet positif sur son équipe.
Est-ce que ses blessures subies l’an dernier, particulièrement celle à l’aine, l’importunent toujours? Est-il devenu plus craintif? Est-ce que Gallagher a décidé de foncer au filet avec moins d’ardeur sous la menace de possibles suspensions? En a-t-il assez de manger des taloches sans que personne ne vienne le défendre?
Un leadership plus fort
À mon avis, on peut se demander si Brendan Gallagher n’est pas affecté par l’arrivée des Weber, Shaw et Radulov. Son rôle et surtout son influence au sein du vestiaire ont certainement diminué avec l’arrivée de leaders qui prennent autant de place dans le vestiaire. Weber a ajouté une présence imposante dans le vestiaire. Il est un deuxième Carey Price. Radulov a une exubérance qui amène beaucoup d’énergie dans l’équipe. En ce sens, il remplace Subban, mais comme il place l’équipe avant sa propre personne, il est respecté par ses coéquipiers. Et Andrew Shaw joue le même rôle que Gallagher, à la différence qu’il semble un peu plus «kid kodak», qu’il a gagné la coupe Stanley et qu’il produit.
Gallagher avait une influence sur les autres parce qu’il était toujours celui qui travaillait le plus fort, celui qui se donnait sans compter et celui qui insufflait l’énergie à ses coéquipiers. Il est certain que ça lui conférait un statut. Bien qu’il n’ait rien fait pour que ce statut lui soit retiré, l’influence du teigneux attaquant est maintenant diluée.
Il ne faut pas non plus sous-estimer la formation de la filière russe qui fait en sorte notamment qu’un gars comme Galchenyuk est peut-être dorénavant plus intéressé à suivre Radulov que Gallagher dans ses activités à l’extérieur de la patinoire et lors des voyages sur la route.
Avec Price, Weber, Pacioretty, Radulov, Shaw et Markov, ça fait pas mal de monde qui exercent un leadership peut-être plus important que celui de Gallagher. Je pense que ça peut jouer sur son état d’esprit et par conséquent sur ses performances.
Un appât?
Brendan Gallagher doit se trouver une place au sein de la nouvelle hiérarchie du vestiaire. Il doit continuer d’exercer un impact sur la chimie de son équipe, mais peut-être se demande-t-il comment y arriver. Remarquez qu’à bien y penser, si Gallagher n’arrive plus à trouver l’espace nécessaire pour jouer son rôle à fond, est-ce qu’il ne pourrait pas être celui qui servirait d’appât pour attirer un joueur de centre ou un défenseur?
La première chose à faire pour lui est de se remettre à marquer des buts. Sinon les Shaw, Lehkonen et Byron pourraient finir par lui ravir encore plus de temps de jeu. Et éventuellement peut-être que Carr, Hudon et Scherbak viendront aussi mêler les cartes.
Avec un contrat valide jusqu’en juillet 2021 à un salaire moyen de 3,75 M$, il se trouvera rapidement quelqu’un pour trouver qu’il coûte cher sur un 3e trio. On jase là!