Mettons à l’épreuve l’évaluation subjective du fan de hockey moyen.
Alex Galchenyuk hérite d’une passe en zone neutre. Il traverse la ligne bleue. Le défenseur devant lui est battu par un de ses abracadabrants tours de magie. Galchenyuk lui a passé la rondelle entre les jambes avant de loger un puissant tir dans la lucarne. Le fan est subjugué. Systématiquement, il affirme « qu’il ne s’imagine même pas ce que ce joueur va devenir dans 3 ans. » Il prend également soin de répéter que Galchenyuk n’a que 21 ans.
Brendan Gallagher hérite d’une passe en zone neutre. Il traverse la ligne bleue. Le défenseur sépare le disque de sa lame avant qu’elle ne ricoche jusqu’à l’arrière du filet. Gallagher poursuit sa course et gagne sa bataille pour la rondelle libre. Il manœuvre dans le bureau, y allant de plusieurs pivots, bifurquant à gauche, puis à droite. Lorsqu’il repère l’ouverture, il surprend le gardien en surgissant de l’arrière du filet, décrivant un demi-tourniquet. Le fan se réjouit. Il apprécie l’effort du petit joueur. « Il n’est pas le plus talentueux, mais maudit qu’il travaille ! »
Les deux joueurs ont marqué un but. L’un est perçu comme une étoile en devenir. L’autre, comme un col bleu qui gardera sa place dans la LNH en continuant à trimer dur.
Pourtant, le résultat est le même. Ou presque. Depuis le début de leurs carrières respectives, les deux jeunes joueurs compilent des statistiques assez similaires.
Mais ils ne se comparent pas. Galchenyuk est la prochaine vedette. Gallagher est un joueur travaillant honnête.
« Dale Weise a un meilleur instinct offensif que Gallagher » – Vincent Damphousse
Et vous savez quoi? Tout ça est faux. Parce que Gallagher, là où on en est, est un joueur plus utile que Galchenyuk sur bien des facettes.
Plus talentueux? Bien sûr que non. En ce sens, « Chucky » lui est largement supérieur. Son coup de patin est plus explosif. Son gabarit plus imposant. Ses mains plus agiles. Son tir plus pesant. Sa vision meilleure.
Mais je maintiens ma position. Gallagher est un joueur plus utile!
Beauté et efficacité
La ligne est mince entre la beauté et l’efficacité. Elle est aussi affreusement difficile à percevoir à l’œil nu. En portant beaucoup d’attention à l’allure d’un joueur et trop peu aux résultats nets compilés par celui-ci, on s’écarte de la vérité et de la réalité du marché. Parce que les dirigeants de la LNH n’ont d’yeux que pour les résultats alors que l’élégance de l’équipe, elle, a une valeur nulle. Et aussi parce que la beauté du style de jeu d’un joueur ne s’est pas montrée capable de prédire avec justesse les succès à long terme. Les constats d’échec des Européens qui ont tenté leur chance en traversant l’Amérique tendent à le prouver.
Comprenez-moi, Galchenyuk est voué à devenir un joueur d’élite, fort probablement plus prolifique que son acolyte. Or, dans l’actuel état des choses, Gallagher se dresse comme le plus utile des deux. Ce n’est rien enlever à Galchenyuk. C’est plutôt Gallagher qui lui rend la vie dure en étant un spécimen assez unique.
Vous serez à même de le constater.
La première qualité qu’on doit lui vanter – outre que sa fougue – est son habileté à ébrécher les brigades adverses et démanteler les configurations défensives. L’ailier droit parvient ainsi à collectionner de façon assez spectaculaire les tirs depuis les zones dangereuses, en limitant du même coup les lancers à l’autre extrémité de la glace en provenance de ces mêmes zones.
C’est d’autant plus frappant quand on compare ces données à celles de Alexander Ovechkin, possiblement l’attaquant le plus dangereux du circuit cette saison.
On reconnait tous Gallagher par son fourmillement d’énergie caractéristique devant le filet adverse. La carte thermique ci-dessous compare son travail dans la zone payante à celui du bien connu et costaud Wayne Simmonds. Au premier coup d’oeil, on remarque que Gallagher est plus présent des deux côtés de l’enclave que l’est l’attaquant de puissance des Flyers.
S’il est vrai que Gallagher génère quantité de tirs au volume, encore faut-il que ceux-ci soient dangereux. On peut ainsi consulter les chances de marquer à dessein d’en avoir le cœur net.
Les chiffres ne mentent pas : le Canadien affiche son plus haut taux de Chances de Marquer Pour quand Gallagher est sur la glace. À titre individuel, il a été à l’origine de 168 chances de marquer, soit 31 de plus que Galchenyuk au 3e rang et 24 de moins que Pacioretty en tête de liste. Il affiche par ailleurs le meilleur différentiel de chances (Chances Pour – Chances Contre quand il frôle la glace) de l’équipe, à +46.
Dans cette nouvelle LNH qui a atteint un sommet de parité, enfiler des buts, des passes et des points est une chose, mais une équipe dotée d’un bon gardien gonfle davantage ses probabilités de victoire en dominant au chapitre des occasions de marquer. La théorie s’applique plus ou moins sur un court laps de temps, mais à long terme, la loi du nombre rend son dû. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Gallagher, à défaut de produire comme une supervedette, arrive à procurer à son équipe cet avantage capital aux chances, et il le fait mieux que la majorité de l’élite de son groupe d’âge.
Axe X: Chances de marquer individuelles
Axe Y: Pourcentage de Chances de Marquer Pour relativement à son équipe sans lui.
Coloration de la bulle: Le bleu le plus foncé désigne la plus haute moyenne de temps de glace par match. Le rouge le plus foncé désigne la plus basse moyenne de temps de glace par match.
Taille de la bulle: Nombre (total) de tentatives de tirs individuelles à pareille date.
Le dépendant et l’indépendant
Pour déterminer l’élément fondamental d’un duo ou d’un quelconque groupe de joueurs, le WOWY est la donnée la plus conclusive. Elle permet d’observer comment le joueur réagit sans son acolyte et vice-versa. On peut alors mettre le doigt sur ce que j’appelle le dépendant et l’indépendant.
GALLAGHER AVEC GALCHENYUK
1.73 point par tranche de 60 minutes en 587 minutes de jeu.
GALLAGHER SANS GALCHENYUK
2.02 points par tranche de 60 minutes en 356 minutes de jeu.
ÉCART: +0.29/60 sans GALCHENYUK.
GALCHENYUK AVEC GALLAGHER
1.84 point par tranche de 60 minutes en 587 minutes de jeu.
GALCHENYUK SANS GALLAGHER
2 points par tranche de 60 minutes en 330 minutes de jeu.
ÉCART: +0.16/60 sans GALLAGHER.
Alors que les indices de possession de rondelle de Galchenyuk baissent de 7.6% en absence de Gallagher, ce dernier se maintient confortablement au-dessus de la barre des 50%, ne subissant qu’une chute de 0.5%. On le dit alors indépendant de son compagnon de trio.
Galchenyuk n’est certes pas le seul qui jouit de plus de touches de rondelle avec Gallagher. Lars Eller est l’unique joueur ayant joué au moins 30 minutes en sa compagnie qui cumule un meilleur différentiel de tentatives de tirs sans lui.
Un maillon fort
On a beau dire ce qu’on veut sur Gallagher, qu’il paraît limité, qu’il n’a pas les atouts d’un joueur vedette, qu’il fait du CH une équipe moins lourde, qu’il a de modestes instincts offensifs: depuis son entrée dans la ligue nationale, il s’est rendu à sa façon indispensable aux succès de l’équipe. Tout est dans le résultat, non la manière.
Galchenyuk a tout le talent, et tout le temps du monde (il n’a que 21 ans, on l’oublie) pour passer à l’étape supérieure. La transition vers le poste névralgique de joueur de centre lui assurera, qui sait, le rôle prépondérant. Quand ce jour arrivera, les adeptes du Bleu, Blanc et Rouge se réjouiront en grande masse de l’accession du Canadien au statut d’élite.
D’ici là, il faudra commencer à considérer l’importance de Gallagher au même titre que Markov, Subban, Plekanec et Pacioretty.
Prolongation
– Anna Galchenyuk fait son work-out. #Instagram
Pas un once de gras, c’est le cas de le dire! #TropMaigre?
– Vous pouvez maintenant essayer le nouveau burger Max67 au MacDonald’s! #Instagram
– La ligue est-elle injuste, voire biaisée à l’égard de P.K. Subban?
À voir: l'incident qu'on reproche à Subban. Selon vous, a-t-il plongé? https://t.co/Tlomny81Mj
Texte : http://t.co/L3WFSP2jJS— Radio-Canada Sports (@RC_Sports) March 20, 2015
– Lars Eller, Devante Smith-Pelly, Pierre-Alexandre Parenteau: les mal-aimés du Canadien! LIEN
– Dale Weise s’estime capable de marquer 20 buts dans une saison! LIEN
– Outre le Hart et le Vézina, Carey Price pourrait-il recevoir le trophée Ted Lindsay, remis au meilleur joueur de la LNH choisi par ses pairs?
Mise au point
1. Une mise en échec très dangereuse dans la LNAH. LIEN
2. Retour à la normale pour Émile Poirier.
The #Flames have assigned Emile Poirier to the @AHLFlames ~ http://t.co/v6SfiOsfI3
— Calgary Flames (@NHLFlames) March 20, 2015
En espérant qu’il ne soit pas affecté par le fameux syndrome post-rappel-LNH.
3. Belle petite primeur de RDS:
PRIMEUR : Dave Lowry sera l'entraîneur chef d'Équipe Canada Junior en 2016. #ECJ pic.twitter.com/eUtpPXDNYT
— RDS (@RDSca) March 20, 2015
Probablement Stéphane Leroux qui a déniché l’info…
4. Taylor Hall s’approche d’un retour au jeu. Malgré sa longue absence, il demeure le 3e meilleur marqueur du club… LIEN
5. Le jour de la marmotte pour Mikhail Grigorenko!
Mikhaïl Grigorenko est rappelé pour la 6e fois cette saison par les Sabres de Buffalo. #sabres #nhl #lnh
— Michaël Roy (@michaelroytv) March 20, 2015
6. Phil Kessel va devenir fou s’il reste trop longtemps à Toronto. Voilà qu’il confronte l’entraineur-chef Peter Horachek. LIEN
7. Les Leafs ont mis sous contrat le Russe Nikita Soshnikov.