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Le Canadien fera-t-il jouer Sergachev à droite?

Lorsque Marc Bergevin a échangé Josh Gorges aux Sabres de Buffalo durant l’été de 2014, et signé le joueur autonome Tom Gilbert, c’était notamment dans l’intention d’équilibrer le nombre de gauchers et de droitiers à la ligne bleue.

Au fur et à mesure que la ligue gagne en vitesse, les entraîneurs deviennent plus pointilleux sur ce genre de détails, puisqu’ils affectent la rapidité des sorties de zone. Ce n’est pas tous les défenseurs qui sont à l’aise à saisir la rondelle de leur mauvais côté pour effectuer une passe à un attaquant. Surtout lorsque l’adversaire déploie un échec avant agressif.

À Sochi, Mike Babcock a tenu mordicus à ce sacro-saint équilibre et force est d’admettre que les performances de son groupe de défenseurs là-bas lui ont donné raison.

L’an dernier, le Canadien a d’ailleurs amorcé la saison avec les paires suivantes: Markov-Subban, Emelin-Petry, Beaulieu-Gilbert. Avec tout le monde en santé, c’était l’arrangement qu’on priorisait.

Lorsque Trevor Timmins s’est avancé au podium pour prononcer le nom de Sergachev, on a donc déduit que cet arrière tirant de la gauche ajoutait de la profondeur au flanc défensif… gauche. Logique! D’autant plus que Misha a en partie été repêché pour remplacer un jour Andrei Markov.

Mais Sergachev est différent. Il se distingue des autres par son incroyable mobilité, son dynamisme dans les trois zones, ses montées à l’emporte-pièce, son tir canon et son calme avec la rondelle. Tantôt il agit comme quatrième attaquant, tantôt il neutralise une menace dans son territoire. À la fois rover et force stabilisatrice. Il est… spécial!

Et les individus spéciaux ne jouent pas comme les autres. Sergachev est un gaucher qui a souvent joué à droite à Windsor, notamment aux côtés du géant Logan Stanley. Puis, durant le camp de développement, alors que le Canadien avait l’embarras du choix, le Russe a toujours été employé du côté opposé à sa latéralité, ce qui est plutôt curieux.

Pour la plupart des défenseurs, jouer de son mauvais côté est pénible. Mais les plus habiles et les plus intelligents sauront y trouver des avantages. En entrevue avec Mathias Brunet il y a deux ans, l’entraîneur adjoint du Canadien Jean-Jacques Daigneault a expliqué en quoi cela pouvait être bénéfique:

«Les sorties de zone sont plus faciles du côté opposé; le défenseur est sur son côté fort lorsqu’il contourne le filet, sa vision est élargie. Le gaucher à gauche qui contourne son filet est sur son revers, ce sont des passes plus difficiles à faire […] j’admets que ça peut être plus difficile sur le plan des pivots pour un droitier qui se fait mettre à gauche pour la première fois […] j’aimais bien défendre mon territoire comme gaucher du côté droit. Je pouvais harponner la rondelle plus facilement quand on me contournait, car en plus des 60 pouces de mon bâton, j’avais deux pieds et demi de bras que je pouvais étirer en pleine extension. J’aimais garder mon bâton près de moi et quand l’attaquant entrait dans ma bulle, j’étirais le bras!»

L’une des plus grandes forces de Sergachev réside dans son coup de patin, c’est pourquoi il ne devrait pas avoir de difficultés à pivoter des deux côtés. Évoluer à droite lui procure également l’avantage de pouvoir couper au centre sur son coup droit lors de ses montées, ou lorsqu’il s’empare de la rondelle en territoire offensif. Aussi, il peut plus facilement protéger la rondelle à une main sur son revers, alors qu’en le faisant à gauche, il expose le disque au centre de la glace. Enfin, lorsqu’il accepte une passe à la pointe, il est déjà en position pour décocher un lancer frappé sur réception.

Un russe gaucher qui a connu beaucoup de succès à droite? Sergei Gonchar.

Le Canadien ne s’en cache pas: il se pourrait que Sergachev soit déjà prêt à faire le saut dans la LNH. Toutefois, s’il convainc les décideurs au camp d’entraînement, l’organisation aura du mal à l’insérer à gauche. On compte déjà quatre défenseurs sur ce flanc dans l’organigramme avec Markov, Beaulieu, Emelin et Barberio.

C’est beaucoup moins congestionné à droite. Marc Bergevin n’aurait qu’à trouver preneur pour Greg Pateryn et accepter au passage un choix au repêchage. Et meilleure chance la prochaine fois pour le sympathique Zach Redmond.

Certes, Sergachev ne pourrait éternellement jouer derrière Petry et Weber. Cela implique qu’il devrait revenir sur son côté naturel afin d’intégrer le top-4, lorsqu’on le jugera prêt.

Et ça devient un peu compliqué… Peut-être même un peu trop.

Qu’importe, on aura la réponse en septembre.

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