Le CH en séries : beaucoup de choses à prouver (partie 1/2)

Les partisans du Canadiens ont raison d’être excités à l’aube des prochaines séries. Après tout, leur club montre la 7e meilleure fiche de toute la LNH lors des deux dernières saisons. Puis, comme on le disait la semaine dernière, l’acquisition récente de Tomas Vanek les a probablement rapprochés encore davantage du fameux « groupe de tête » où on retrouve les Hawks, Blues, Sharks, Kings, Ducks, Bruins et Penguins.

Ainsi, si aucune catastrophe ne s’abat sur le club dans la dernière semaine du calendrier, le Canadien présentera, sur papier, sa meilleure formation pour débuter les séries depuis le printemps 2007-2008  et les attentes seront raisonnablement plus élevées que lors des dernières saisons.

Lors de cette fameuse saison 2007-2008, on se rappellera que  l’équipe menée par Guy Carbonneau derrière le banc et par les Koivu, Kovalev, Markov et Streit sur la patinoire avait terminé au premier rang de sa conférence avant de s’incliner en 2e ronde face aux Flyers dans une séries aussi frustrante que bizarre où Martin Biron (et ses poteaux) ainsi qu’un certain R.J Umberger avait eu le meilleur sur la recrue Carey Price et l’Artiste.

Mais, avant de trop s’exciter en cette fin de saison, il faut justement réaliser que cette formation du Canadien, aussi intéressante puisse-t-elle être sur papier et en saison régulière, demeure remplie de joueurs, et non les moindres, qui ont encore beaucoup à prouver quand la « vraie saison » commence.

Nous commençons aujourd’hui notre série de deux articles sur « le CH en séries » où nous analyserons la clé du succès pour chacun des joueur et même pour le coach! Allons-y d’abord avec les attaquants. On continuera demain avec les défenseurs, les gardiens et l’entraîneur.

Thomas Vanek : L’Autrichien produit très bien depuis qu’on l’a jumelé à Desharnais et Pacioretty. Mais, en considérant son immense talent, il faut admettre qu’il a jusqu’ici été un joueur « correct » en séries, sans plus, lui qui montre une fiche de 20 points en 36 matchs. À sa décharge, on soulignera qu’il a tout de même 15 buts, et on ne peut pas dire que les Sabres ont formé une grande puissance de la LNH depuis 2005-2006, la première des quatre années où il a participé aux séries. La clé du succès : Trouver le juste équilibre entre créativité et jeu physique en zone offensive. Un Vanek trop en dentelle, qui ne parviendrait pas à s’imposer physiquement serait inefficace dans le jeu rude des séries et ferait pester les partisans du CH. Il devra aussi lancer plus souvent plutôt que de trop vouloir réaliser le jeu parfait. On se répète, mais côté contractuel, les séries qu’il connaîtra à Montréal seront déterminantes pour la suite des choses, autant pour lui que pour le Canadien.

Max Pacioretty : Le marqueur vedette du Canadien connaît une fin de saison du tonnerre après avoir connu un très bon hiver, malgré un lent départ à l’automne et quelques séquences plus effacées ici et là. Amoché à pareille date l’an dernier, il avait été blanchi en quatre matchs de séries, ses quatre premiers en carrière. La clé du succès : Pacioretty devra casser la glace rapidement contre le Lightning et éviter les lents départs dont il semble avoir le secret en saison. Il devra continuer de jouer dans ses forces (lancer, lancer, lancer) en attaquant encore davantage le filet grâce à son puissant coup de patin, tout en continuant d’améliorer son jeu de passes avec Vanek et Desharnais. En plus de marquer, il devra être une présence physique dominante en séries.

David Desharnais : C’est avec une grande joie, qu’on retrouve le Desharnais de 2011-2012 : rapide, créatif, plus solide sur ses patins. Coté talent et utilité, Desharnais n’a rien à envier à ses partenaires de trio depuis son grand retour en forme lors d’un certain match à Columbus. Mais en séries, il montre une très modeste fiche en carrière de 2 passes en 10 parties. La clé du succès : Manger de la vache enragée! DD devra trouver le moyen d’imposer son style et son talent malgré le jeu plus robuste et fermé des séries. Si Desharnais s’efface et ne parvient pas à créer ses mises en scène, Pacioretty et Vanek auront de la difficulté à montrer leurs plus belles qualités offensives.

Tomas Plekanec : Depuis qu’il avait lui-même qualifié son jeu de « fillette » en 2008, on juge très durement Plekanec lorsqu’on parle de son jeu en séries. On oublie qu’il a toujours le lourd mandat de couvrir le meilleur trio adverse et qu’il s’est amélioré lors des derniers printemps. On constate, presqu’avec surprise qu’iI a tout de même 33 points en 52 matchs de séries, ce qui est loin d’être mauvais considérant son rôle et son talent offensif modéré. La clé du succès : Frustrer le meilleur joueur adverse. Plekanec devra entre autres vraisemblablement couvrir Stamkos en première ronde et il devra continuer de produire offensivement et défensivement, peu importe avec qui il jouera… Sinon, une autre clé du succès pour lui sera qu’il arrive en séries le plus frais et dispos possible.

Alex Galchenyuk : Voilà un joueur énigmatique à souhait en cette fin de saison. Il donne l’impression d’avoir un certain regain de vie offensif depuis quelques matchs en compagnie de Plekanec et Gallagher, mais on ne peut pas dire qu’il a véritablement progressé depuis l’an dernier.  Malgré un temps d’utilisation restreint, il avait été un des rares attaquants menaçants contre les Sens l’an passé, alors qu’il avait inscrit 1 but et 2 passes en 5 matchs. La clé du succès : Un plus grand sentiment d’urgence et une volonté de créer une surprise. Galchenyuk est possiblement l’attaquant possédant le plus de talent brut dans l’alignement et une explosion soudaine de son talent en séries au côté de Plekanec pourrait grandement aider à prolonger le printemps montréalais de quelques semaines. Ça compliquerait drôlement la tâche du Lightning qui eux compteront aussi sur de talentueux jeunes attaquants comme Kucherov, Palat et Johnson.

Brendan Gallagher : Il a connu certaines ratées depuis sa relégation sur le 2e trio aux côtés de Plekanec. Il a semblé perdu sur la glace à plus d’une reprise. Mais les choses se replacent peu à peu. Il avait été de toutes les batailles le printemps dernier contre Ottawa. La clé du succès : Malgré sa petite taille, le style de Gallagher est taillée pour les séries. Il devra cependant être plus souvent sur le bon côté de la mince ligne séparant intensité et indiscipline. Il peut jouer dans la tête de Bishop, Hedman et de toute la brigade défensive des Bolts, mais il peut aussi leur donner quelques coûteux avantages numériques… Le CH aura besoin d’un Gallagher au sommet de son art. Un joueur clé à sa façon.

Brian Gionta : Gionta est sur le point de connaître une autre saison d’au moins quarante points avec le CH, même s’il a quelque peu ralenti et que son rôle a changé. Or, il est justement beaucoup plus efficace dans son nouveau rôle au sein du 3e trio, en plus de continuer à exceller en désavantage numérique match après match. La clé du succès : Des gros buts. Gionta a reçu son lot de critique depuis son arrivée à Montréal, mais on ne peut lui reprocher ceci : il trouve souvent le moyen de marquer des gros buts quand l’enjeu est grand et que la pression est forte. C’est de cette façon qu’il confirme le mieux son leadership autrement discret. Son absence s’était fait sentir le printemps dernier contre les Sens. Blessé et frustré, il n’avait participé qu’à deux matchs des séries…

Daniel Brière : Il ne joue pas beaucoup ces temps-ci, mais il ne se plaint pas. Est-ce que le coach veut s’assurer de pouvoir compter sur un Brière à 100% pour les séries? Quand on connaît le C.V. du principal intéressé (109 pts en 108 matchs!) ce serait une excellente idée, n’est-ce pas? La clé du succès : Du doigté de la part de son coach. Il faudra faire jouer le rusé Brière au bon moment. Brière ne peut plus jouer contre les meilleurs éléments adverses sans tôt ou tard exposer son équipe défensivement . Mais donnez-lui impérativement l’avantage numérique, des départs en territoire offensif et une opposition faible et il pourrait faire mal à l’adversaire en très peu de minutes jouées. Disons, 12-13-14 par match, mais ça pourrait aussi être 9-10-11…

Lars Eller : Si Galchenyuk est énigmatique, Eller c’est carrément « Monsieur Mystère »! Que s’est-il passé avec Eller cette année? A-t-il tout simplement perdu confiance (en gros, je pense que oui)? Est-il rendu trop lourd? Est-il ralenti par une quelconque blessure? Est-il moins talentueux qu’on le croyait (peut-être un peu de ça aussi)? Je ne le sais pas exactement. Ce que je sais cependant, c’est que le joueur dominant et fougueux de la fin du calendrier dernier et du début de la présente saison a disparu en cours de route. La clé du succès : Une solide fin de saison. Ses derniers matchs aux côtés de Gionta laissent croire qu’un certain retour en confiance est possible. Il devra se servir de sa vitesse et de ses épaules sans trop penser avant d’exécuter. Let it go Lars! Quand on pense à toute l’importance que peut avoir la profondeur en séries, voilà un autre joueur qui pourrait faire toute une différence pour le Canadien s’il met la switch à « on »!

René Bourque : Copiez la dernière phrase du dernier paragraphe ici! La clé du succès : Sentiment d’urgence. On l’oublie mais Bourque n’a que 10 matchs d’expérience en séries malgré ses 32 ans. Il avait été un des rares à bien jouer l’an dernier contre les Sens avec du jeu solide et robuste récompensé par une production de 2 buts et 1 passe en 5 matchs. Il a tout pour être le  Brian Bickell ou de Dustin Penner de 2014. À lui d’y voir.

Brandon Prust : Prust est tout un joueur de hockey sur un 4e trio, voire un 3e trio lorsqu’en santé. Ce serait un luxe si le Canadien pouvait compter sur ses services dans une condition physique acceptable lorsque débutera la grande danse du printemps. Ça serait un plus grand luxe encore de pouvoir compter sur lui à chaque match par la suite! Il est le genre de joueur qui pourrait déranger le Lightning qui, à ma connaissance, n’a pas vraiment de joueur rugueux dans son style. La clé du succès : La santé, évidemment. Et du jeu intelligent lors de son retour. Pas de tête première dans la bande, Brandon!

Michael Bournival : Voici mon héros obscur pour les prochaines séries. Un autre joueur de 4e trio de luxe. Son style en échec avant est taillé pour les séries. Excellente anticipation. Bombe sur patins. La clé du succès : La confiance de son coach. Je pense qu’il l’a, mais il faudra peut-être que Therrien lui fasse une place plus grande en tassant un peu Moen, White et Weise ou quiconque ne produit sur les deux derniers trios. Bournival est capable de sortir des gros jeux à l’occasion, surtout s’il affronte la 3e paire de défenseurs de l’autre côté.

Ryan White, Travis Moen et Dale Weise : Ce sont d’honnêtes travailleurs qui pourraient rendre de bons services. On pense surtout à White qui est en santé et qui avait tout de même bien fait l’an dernier contre les Sens (1 but en 3 matchs). La clé du succès : S’imposer physiquement. Marquer un but ici et là. Bien jouer défensivement. Merci. Bonsoir.

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