Garnir la banque d’espoirs en défensive dans les rondes extérieures | Profil #1: Luke Green

Il va de soi que le besoin prioritaire du Canadien, dans l’immédiat, est d’injecter du talent à son groupe d’attaquants. La possibilité de repêcher au neuvième rang cet été est ainsi perçue comme une bénédiction qui tombe à un moment opportun, car de bons marqueurs seront disponibles dans le premier tiers de l’encan.

Règle générale, ceux-ci ne peuvent être obtenus autrement que par le biais de cet exercice de sélection. Il est certes possible d’effectuer une transaction, mais rares sont celles qui donnent un avantage net à un directeur général. Le marché des agents libres est une autre avenue, mais elle n’en est pas moins dispendieuse et risquée.

Toutefois, un personnel de hockey qui est à élaborer une stratégie de repêchage doit bien distinguer les nécessités à court et long terme, en effectuant une projection réaliste du nombre d’années qui sépare chaque espoir de son entrée dans la ligue nationale. La réalité est que même le neuvième meilleur espoir d’un repêchage peine à avoir un impact chez les professionnels avant deux ou trois ans. Et les besoins d’aujourd’hui ne sont pas les besoins de demain.

Si l’on déplore souvent le manque d’attaquants talentueux au sein du grand club, on en retrouve bon nombre dans son bassin d’espoirs. Sven Andrighetto, Daniel Carr, Charles Hudon, Nikita Scherbak, Michael McCarron, Artturi Lehkonen, Jacob de la Rose et Martin Reway ont tous des habiletés intriguantes, et le potentiel pour jouer dans le circuit Bettman.

Peut-on en dire autant de la relève du Tricolore à la ligne bleue? Elle est en fait rachitique. L’échec de Jarred Tinordi fait mal en ce sens. Et il n’y a aucune garantie que Nathan Beaulieu saura remplacer Markov. Jusqu’à maintenant, on ne parle même pas d’espoirs, mais de jeunes joueurs qui viennent tout juste de graduer.

Le dernier choix de première ronde Noah Juulsen, sans être mauvais, n’a pas dominé la ligue de l’Ouest cette saison. Le développement de Simon Bourque va bon train, mais les attentes ne sont pas énormes dans son cas. Brett Lernout n’a pas réussi à transposer sa dimension offensive à la ligue américaine. Ryan Johnston, Morgan Ellis, Mac Bennett, Tom Parisi, Joel Hanley et compagnie demeurent des joueurs marginaux.

Les défenseurs prennent du temps avant d’arriver à maturité. Mine de rien, Bergevin devra dès maintenant songer à regarnir sa banque d’espoirs en défensive. S’il ne le fait pas aujourd’hui, il devra le faire dans un an, deux ans ou trois ans de toute évidence. Et il sera peut-être trop tard à ce moment.

En première ronde?

Malgré tout, Trevor Timmins pourrait s’en vouloir longtemps s’il décidait d’arrêter son choix sur un défenseur lorsqu’il s’avancera pour la première fois sur le podium cet été, à Buffalo.

Bien sûr, le directeur du recrutement ne peut se permettre de faire dans la dentelle et il doit avant tout mettre la main sur le meilleur joueur disponible. Une catastrophe pourrait toutefois survenir s’il se trompait dans son évaluation, sélectionnait un défenseur qui sera honnête, tout au plus, et lève le nez sur un attaquant dynamique de niveau élite. Il serait presque impossible pour Bergevin de recoller les pots à ce moment, car, rappelons-le, les marqueurs de ce calibre sont la plupart du temps acquis à l’aide d’un haut choix au repêchage, ce qu’il ne risque pas de détenir à nouveau si Price revient au sommet de sa forme.

À l’inverse, une proportion étonnante de défenseurs dominants dans la ligue nationale ont été dégotés dans les rondes 2 à 7. À preuve, en 2015-2016 seulement, 16 des 30 (53%) meilleurs pointeurs chez les défenseurs ont été choisis après le premier tour: Kristopher Letang, Roman Josi, John Klingberg, Dustin Byfuglien, Shea Weber, P.K. Subban, Tyson Barrie, Keith Yandle, Shayne Gostisbehere, T.J. Brodie, Andrei Markov, Duncan Keith, Jake Muzzin, Marc-Édouard Vlasic, Sami Vatanen et Justin Faulk.

Prioriser le meilleur joueur disponible, sans égard à sa position, sera toujours l’approche à préconiser à la table du repêchage. Néanmoins, dans les rondes 2 à 7, il n’y a pratiquement pas de consensus à savoir quel jeunot représente le meilleur choix. Il y a simplement trop de possibilités et les espoirs dans ces environs sont des valeurs incertaines, contrairement à ceux du premier tour. C’est pourquoi il est viable de répondre à des besoins avec ce genre de sélections – sans aller jusqu’à tirer des noms d’un chapeau et sélectionner un joueur simplement pour sa position. Dans cette optique, les têtes de hockey du Canadien seraient bien avisés d’utiliser quelques uns de leurs choix de 2016, préférablement ceux de deuxième ronde, sur des défenseurs. À moins qu’un attaquant impossible à ignorer glisse jusqu’à son rang.

On se lance donc dans un projet bien sympathique, qui sera de rédiger une série d’articles sur les défenseurs qui pourraient tomber dans les cordes du Canadien après le premier tour.

Profil #1: Luke Green

Défenseur droitier qui manie très habilement la rondelle et patine avec une aisance déconcertante, Luke Green est un premier choix au total du repêchage de 2014 de la LHJMQ. Son style s’apparente à celui de Colton Parayko des Blues de St-Louis. S’il n’est plus considéré comme un potentiel choix de première ronde, le natif de Bedford a plus d’un d’outil dans son coffre, à commencer par son tir lourd et sa mobilité à faire saliver les directeurs généraux. Encore faut-il qu’il les utilise sur une base constante et que ceux-ci se matérialisent en buts, car même si son jeu d’ensemble a fait beaucoup de progrès, ses atouts principaux sont du domaine offensif.

Green avait très bien amorcé sa carrière junior en amassant 36 points en 60 matchs à son année de 16 ans dans la LHJMQ. Il a produit pratiquement le même nombre de points cette saison, soit 35 en 61 joutes. Cette absence de réelle progression dans le département offensif, qui constitue son pain et son beurre, l’a éloigné de la 1re ronde dans les listes des recruteurs. Il faut toutefois comprendre que le personnel d’entraîneur des Sea Dogs a décidé de raccourcir sa laisse cette année et d’en faire un défenseur polyvalent en le jumelant au vétéran de 21 ans Matt Murphy. «La plupart des recruteurs à qui je parle me disent qu’ils aimeraient qu’il fasse plus de points et qu’il agisse un peu en électron libre comme l’an dernier. Mais la réalité est qu’il est meilleur défensivement, de dire le directeur général de Saint John Darrell Young. Il doit toutefois être plus créatif en avantage numérique. Il a du talent et il doit l’exploiter.»

Un recruteur a affirmé que Green était plus difficile à évaluer, car des défenseurs comme Thomas Chabot, Matt Murphy et Jakub Zboril limitent ses chances de se faire valoir en attaque. Mais il croit que Green a des atouts similaires à Samuel Girard des Cataractes, bien qu’il n’ait peut-être pas son talent brut. – Jeff Marek

 

Un défenseur avec un coup de patin dynamique qui va accélérer le jeu et appuyer l’attaque. Fait de bons jeux en zone défensive et en zone offensive et joue avec confiance. – Craig Button

 

« Green est un défenseur offensif dynamique, hautement talentueux qui a un coup de patin de la LNH. » – Darrell Young directeur général Sea Dogs de Saint-John

 

Un petit défenseur lorsqu’il a été repêché par les Sea Dogs en 2014, Luke Green fait maintenant 6’1 et pèse 186 livres, en plus de s’être amélioré dans les deux sens de la patinoire, lui qui était plutôt reconnu comme un défenseur offensif. Il a été le premier choix au repêchage de la LHJMQ, donc il n’est peut-être pas vrai de dire qu’il a comblé les attentes, mais il est devenu un quart-arrière sur la première vague d’avantage numérique de Saint John – trois de ses neufs buts ont été inscrits avec l’avantage d’un homme – et a reçu beaucoup de temps de jeu durant la deuxième moitié de la saison. – Hockey’s Future

 

Un excellent défenseur offensif avec un instinct de tueur qui lui permet de générer des chances de marquer dans la zone adverse. Patineur très mobile. Bon maniement de rondelle; prend des décisions rapides avec la rondelle dans le trafic et sous pression. Responsable défensivement, mais beaucoup plus efficace lorsqu’il utilise ses outils offensifs à l’autre bout de la patinoire. Un défenseur intelligent qui patine bien, qui peut être employé dans la plupart des situations et qui excelle en offensive – Curtis Joe, EliteProspects

Voilà un défenseur qui semble avoir toutes les habiletés pour se démarquer à la ligne bleue, mais qui nous laisse trop souvent avec l’envie d’en voir plus. Bien qu’on vante sa confiance avec la rondelle, sa prise de décisions peut faire défaut et on lui remarque une propension à pincher au mauvais moment en zone offensive. Au bout du compte, Green est un projet fascinant avec lequel travailler, qui pourrait exploser s’il veut bien tâter le reste de son potentiel.

En rafale
– Lucian Bute prépare son avenir. (Canoe.ca)

– P.K. Subban est nominé, avec raison, pour le prix de la Fondation de la LNH. Mais ses coéquipiers n’ont même pas daigné de voter pour lui, eux. Trouvez l’erreur. #Jaloux 

– Charles Hudon lance une collection de vêtements. (TVA Sports)

– Le congédiement de Bob Hartley est-il un cadeau pour les Sénateurs d’Ottawa? (RDS.ca)

Il faut comprendre toutefois que le système Hartley avait des failles majeures, ce qui explique en partie son congédiement.

– Connor McDavid est pas mal bon, si vous ne le saviez pas déjà.

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