Jonathan Drouin n’a peut-être pas encore traversé l’océan, mais au moins le vent souffle du bon côté.
Et, en fait, pour être plus juste, malgré des crampes au cerveau en couverture défensive, il faudrait rajouter que le principal intéressé rame du bon bord plus souvent qu’autrement cette saison.
Le natif de Ste-Agathe nous montre de plus en plus régulièrement ce dont il est capable : patiner comme une fusée, faire de beaux jeux, marquer de beaux buts. Lui reste juste à dominer des matchs plus souvent, de devenir un vrai game breaker, comme il nous l’a montré sur la côte ouest la semaine dernière et lors de ses 5-6 matchs de deux points jusqu’ici à sa fiche.
Ç’avait pourtant plutôt très mal commencé pour lui. On ne le voyait presque pas sur la glace, zéro point en trois matchs, rien ne fonctionnait, puis, BOOM! Il y a eu ce premier très bon match en compagnie de Max Domi le 13 octobre contre Pittsburgh (une passe), suivi d’une autre belle performance de deux buts, deux jours plus tard contre le Détroit.
Depuis ce réveil survenu au quatrième match de la saison, et avant le match de cet après-midi à Buffalo, Jonathan Drouin avait enregistré 19 points à ses 19 derniers matchs. Si l’on compte ses 13 points à ses 14 derniers matchs de la campagne 2017-2018, on parle d’une production de 32 points en 36 matchs.
Sur 82 matchs, cette moyenne 0,89 pp/m le conduirait vers une saison de 73 points.
C’est plutôt bien!
Mais y a-t-il un autre niveau possible avec Drouin? Un niveau que laissait présager sa carrière junior et que laisse encore entrevoir ses éclairs de génie? Pourrait-il devenir un marqueur d’un point par match? Peut-être même un peu plus, si les astres s’alignent, que la chimie avec Domi perdure et que l’avantage numérique s’améliore?
Tant de questions…
Mais pour atteindre cet autre niveau, celui qui l’amènera près des ailiers « élite » qui partagent un style similaire – on pense surtout aux Kucherov, Tarasenko, Kane, Hall, et autres Panarin de monde – Drouin devra gagner en constance au niveau de l’effort et choisir plus souvent les options à haut pourcentage, au détriment des jeux qui fonctionnent une fois sur dix qu’il tente encore trop souvent.
Être un peu plus vigilant en défensive – entre autres, à trois contre trois – ne nuirait certainement pas, non plus…
Drouin est encore jeune. Il commence à peine à gagner en maturité, en confiance et en intelligence sur la glace. Pour certains, ça prend un peu plus de temps que pour d’autres.
Mais, s’il devient juste un ailier gauche offensif de grande qualité, en maintenant sa production actuelle et en peaufinant un peu sa défensive, le fait d’avoir sacrifié le plus bel espoir depuis P.K. Subban – et du même coup d’avoir amputé sévèrement le côté de gauche de la défensive – pour obtenir ses services pourrait au moins se solder par un verdict nul, voire même une courte victoire pour Bergevin.
Jeff Petry parmi l’élite?
Le grand #26 du Canadien a enregistré 31 points en 49 matchs suite à la blessure de Weber l’an dernier. Sur 82 matchs, on aurait parlé de 63 points.
Cette saison, avec ses 17 points en 22 matchs, il se dirigerait, mine de rien, encore vers une campagne de 63 points.
63 points! Rien que ça!
C’est dire qu’avec un club ordinaire, des partenaires de jeu plus qu’ordinaires et un avantage numérique tout aussi, disons, euh, attendez, je cherche, ordinaire?, Jeff Petry est devenu un défenseur de 60 points lorsqu’il occupe le rôle de défenseur numéro un d’un club de la LNH.
Plutôt extraordinaire n’est-ce pas?
Il y a combien de défenseurs de 60 points dans la LNH ces dernières années?
Burns, Karlsson, Carlson et Hedman sont capables de 70 points et plus lorsqu’en santé. Du lot seul Karlsson l’a fait avec un club ordinaire devant lui ces dernières années.
On peut dire que Subban et Josi sont aussi capables d’une contribution de 60 points. Encore là, ils ne jouent pas exactement pour un club de manchots…
Le jeune Thomas Chabot – quel talent! – peut certainement aspirer au titre de meilleur défenseur offensif de la LNH dès cette saison et pour plusieurs à venir. Dans son cas, comme pour son prédécesseur, et malgré quelques très bons éléments, on ne peut pas dire qu’il évolue pour un club toute étoile. Son mérite n’en est que plus grand. Vive Sainte-Marie de Beauce!
Son rival de l’Ontario, Morgan Rielly, va lui offrir une très bonne compétition ces prochaines années. Mais dans son cas, il pourrait presque jouer avec un bandeau sur les yeux qu’il amasserait une trentaine de points tellement ça dégouline de talent dans la Ville Reine.
Il n’a pas encore atteint cette marque officiellement, mais un Seth Jones, en santé, a tous les outils pour amasser 60 points annuellement sans nécessairement jouer pour un club ultra-offensif.
John Klingberg est certainement un abandonné à ce club sélect. Très bien entouré sur l’avantage numérique M. Klingberg…
Letang et Gostisbehre méritent aussi leur carte de membre quand tous les morceaux tiennent en place.
Drew Doughty aurait sans doute accumulé beaucoup plus de saisons de 60 points dans un système plus offensif. Imaginons-le deux secondes à Edmonton celui-là… Ça changerait tout.
Bon, on se comprend, Jeff Petry n’est pas dans la même classe que ce « 13 à la douzaine » de défenseurs offensifs de pointe.
Mais, à bien des égards, il n’est pas si loin.
Un peu contre toute attente, l’idée que Petry soit devenu à 30 ans – c’est un late bloomer – un producteur tout à fait comparable aux Yandle, Dumba, Barrie, Werenski, Suter, Giordano, Krug et Byfuglien, nous en dit long sur sa valeur.
En gros, dans la LNH de 2018, même s’il est loin d’être parfait défensivement et que son tir pourrait toucher la cible plus souvent, Petry vaut son pesant d’or.
Bien sûr, comme presque tous les défenseurs offensifs de la LNH, il va créer sa part de revirements, mais très peu d’arrières peuvent sortir la rondelle de leur zone et la transporter jusqu’en zone adverse avec autant d’aisance et aussi régulièrement que lui.
Bref, Jeff Petry ne fait pas partie de l’élite, mais il est dans la catégorie juste en dessous.
Avec le temps, il est devenu un défenseur numéro un « correct », qui paraîtrait encore bien mieux avec un genre d’Ehkolm ou de McDonagh à ses côtés. Si on veut être plus conservateur, disons, qu’il s’affirmerait certainement comme un excellent numéro deux dans bien des équipes.
Et c’est exactement la chaise qui lui reviendra à Montréal à compter de la semaine prochaine avec le retour de « l’Homme montagne ».
Dire que Bergevin a obtenu Petry pour une bouchée de pain – des choix de 2e et 4e rondes – en 2015!
Imaginez ce qu’il en coûterait aux Oilers aujourd’hui pour le rapatrier!
Disons, l’équivalent d’un choix de première ronde et un espoir de premier plan? Pas mal la même valeur que Pacioretty?
Pas impossible…
Même si, à l’époque, Petry allait devenir joueur autonome sans restriction, ce fut une bourde impardonnable de Craig Mactavish de l’avoir laissé partir pour si peu. Les partisans s’en rappellent encore à Edmonton…
En contrepartie ce fut très certainement un des trois meilleurs échanges de Bergevin, parmi lesquels on devra probablement bientôt inclure ceux de Pacioretty et de Galchenyuk… C’est avec des transactions comme celles-là qu’on fait rapidement progresser une organisation.
On reviendra justement plus tard cette semaine avec un article sur la grande année 2018 de Marc Bergevin.
Dans le calepin
Avec les difficultés actuelles du côté gauche de la défensive, on a bien hâte de voir de quel bois se chauffe Brett Kulak. Advenant un autre résultat couci-couça avec cette xième tentative de pallier au départ de Markov, il s’agira fort probablement du prochain chantier de Marc Bergevin. Du moins, s’il veut que son club demeure dans la course pour les séries… Il y a certainement quelques options sur le marché. Reste à voir si le DG du CH ira pour de l’expérience (Muzzin? Martinez?) ou un jeune peu connu à la Sami Niku (Moose du Manitoba), dont nous parlaient cette semaine Simon Boisvert et Mathias Brunet… Je vous recommande fortement de cliquer et de regarder la vidéo le mettant en vedette.
Mise-à-jour : Bon début pour Kulak contre Buffalo. Mobile, confiant, tête haute, bon positionnement. À suivre…