La lucidité de Joey Saputo

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L’Impact de Montréal est considéré par certains comme le meilleur show en ville. Le spectacle offert sur le terrain du Stade Saputo est souvent enlevant, voire même addictif, et l’ambiance des matchs est définitivement difficile à accoter.

Mais s’il y a une chose qui a souvent été reprochée à l’organisation de l’Impact de Montréal, c’est sa communication. Autant les moyens choisis pour communiquer certains messages que la transparence des informations émanant de l’organisation. On en a eu un exemple récemment avec la saga de la hausse du prix des billets de saison qui a été gérée un peu maladroitement par les Montréalais. 

Il semble toutefois que l’Impact soit désormais enclin à apprendre de ses erreurs, ce qui est en soi une excellente nouvelle. Joey Saputo s’est assis durant près de 2 heures cette semaine pour une table ronde où de nombreux sujets importants ont été évoqués directement, sans détour et surtout avec transparence. Un exercice éclairant, intéressant, qui devrait devenir un rendez-vous annuel tant il s’en dégage de la confiance et de la lucidité.

Les partisans les plus chevronnés de l’Impact se surnomment eux même « fidèles », et il n’y a rien de plus fidélisant que d’être transparent avec ses partisans et de les faire sentir impliqués, de leur offrir des détails sur l’équipe qu’ils chérissent et appuient bon an, mal an.

C’est réellement un pas dans la bonne direction au niveau de la communication que vient de faire l’Impact, même si la situation de l’équipe est loin d’être parfaite.

Si vous ne l’avez pas encore fait, allez jeter un coup d’oeil aux récents textes des Jeremy Filosa, Arcadio Marcuzzi, Antoine Deshaies et autres Nicolas A Martineau qui ont chacun fait un excellent travail pour résumer les principaux points avancés par Joey Saputo lors de cette réunion.

https://twitter.com/JeremyFilosa/status/1050821478487330816

Le bilan financier du club de Joey Saputo est évidemment décevant, comme il l’affirme lui-même. Toutefois, le président semble avoir appris de ses erreurs récentes et s’est gardé de trop responsabiliser ou pointer du doigt ses partisans les plus fidèles, ceux qui prennent place au Stade Saputo nonobstant l’adversaire, le temps de l’année ou la température.

Des pertes de 11 à 12M par année semblent évidemment énormes, et c’est le cas. Même s’il faut désormais se leurrer pour croire que la majorité des équipes professionnelles de sport sont rentables, le montant est trop élevé pour les poches de Joey Saputo et il doit remédier à la situation.

Plusieurs facteurs expliquent ce déficit et l’Impact semble sur la bonne voie pour en régler quelques-uns. La restructuration des sièges au Stade devrait permettre de renflouer les coffres quelque peu. En 2018, l’Impact a conservé une moyenne de plus ou moins 18 000 spectateurs par match, ce qui devrait logiquement lui permettre de récolter un montant d’argent suffisant considérant la capacité de son stade à un peu plus de 20 000. Est-ce que trop de billets sont « offerts » à la dernière minute pour remplir le Stade? Est-ce que trop de billets de groupes où l’équipe ne fait pas beaucoup de profit sont vendus? Peut-être, probablement. L’Impact cherche des solutions, avec notamment la restructuration de son plan de salle, mais également avec l’arrivée de la tarification dynamique lors de gros matchs qui attirent de nouveaux spectateurs, par exemple avec la venue de Zlatan. Dans un contexte où l’Impact soit satisfaire sa base d’abonnés de saison, voilà une solution qui semble logique et qui pourrait bénéficier aux guichets sans en demander trop aux fidèles partisans.

En ce sens, et comme on sait que Montréal aime les équipes gagnantes, cette saison 2018 (séries ou pas) aura servie à jeter de bonnes bases pour le règne de Rémi Garde et est assurément positive en ce sens que l’Impact peut espérer être l’une des bonnes formations de l’Est la saison prochaine. Un bon début de saison 2019 pourrait servir à attirer les curieux et à, incidemment, renflouer les coffres de Joey.

Joey Saputo a également mentionné un bras de fer avec la ville concernant le paiement de taxes qu’il juge trop élevé. Il semble avoir de bons arguments, encore qu’il peut être complexe de se sortir d’un contrat signé et accepté par les deux parties, mais voyons voir si Valérie Plante saura être sensible à ses demandes. Denis Coderre aurait pu être un bon allié en ce sens.

Joey Saputo est lucide, donc. Il sait qu’être propriétaire d’une équipe sportive professionnelle implique plus souvent qu’autrement un déficit annuel, et il semble prêt à accepter un certain montant, tant qu’il est moindre que le 10 M et plus actuel. Surtout, le propriétaire de l’Impact s’est dit prêt à évaluer des offres d’investisseurs afin de solidifier les reins de l’équipe, une ouverture qui est toute nouvelle et que plusieurs réclament depuis longtemps. Il est d’ailleurs temps à ce sujet que le Montréal Inc. ou même le Québec Inc. s’implique avec l’Impact et appuie l’une des rares attractions de l’est de Montréal, que ce soit par un investissement à long terme ou simplement par l’achat de loges corporatives.

Sans redressement des finances au courant des deux prochaines années, Joey Saputo devra nécessairement prendre certaines actions. S’il n’a pas avancé être près de vendre l’équipe, il a toutefois mentionné que certains investissements devraient être revus. L’Académie par exemple, qui coûte quelques 1,5M par année, est un des points où Saputo s’est avoué être en réflexion. Quelques années après avoir stoppé le FC Montréal, cela semble évidemment un endroit où l’Impact est le plus enclin à couper. Si la vente d’un produit comme Ballou a rapporté 1M jusqu’à maintenant, il faudrait que l’Impact réalise d’autres ventes pour éventuellement entrer dans son budget et poursuivre une aventure qui, du point de vue du terrain, semble énormément profitable pour l’Impact. Perdre l’Académie serait fortement dommageable pour l’équipe et les partisans, et il faut s’assurer de ne pas devoir se rendre là…

https://twitter.com/academieimpact/status/1051143202080808962

Si certains chiffres avancés par Joey Saputo peuvent rendre inquiets pour le futur de l’équipe, d’autres points sont plutôt positifs.

Joey Saputo a notamment affirmé avoir engagé 7 recruteurs qui travailleront à temps plein pour l’Impact de Montréal et le Bologne FC. ENFIN! Si cela n’est pas gage de succès, le fait que l’Impact pourra se baser sur des rapports internes pour recruter des joueurs plutôt que majoritairement sur des agents qui représentent les intérêts des joueurs est un grand pas en avant pour l’équipe et pourrait réduire le nombre de faux pas à la Mancosu. Une superbe nouvelle qui permet d’espérer voir des arrivées comme #9 et #10 efficaces dès l’an prochain, pourquoi pas?

De plus, Joey Saputo a fait grand cas du fait que son équipe est la 7e masse salariale de la MLS cette saison, ce qui est surtout une cause du nouveau contrat de Nacho Piatti, mais qui demeure vrai. Autant l’équipe doit donc augmenter ses revenus, autant Joey Saputo a affirmé qu’il n’était pas question à court terme de couper dans les dépenses sportives pour la première équipe. Une bonne nouvelle pour les partisans qui espèrent de nouveaux joueurs pour 2019 et qui veulent voir Rémi Garde être en mesure de travailler avec un bon effectif.

Des finances qui donnent un peu la frousse, mais tout de même certains mots remplis d’espoirs pour Joey Saputo et, au risque de me répéter, une lucidité qu’on ne lui connaissait pas encore totalement. Il reconnaît les erreurs qui ont été réalisées et semble enclin à améliorer ce qui doit l’être, ce qui est à mon avis la meilleure nouvelle qu’un partisan de l’Impact pouvait espérer.

Chacun contrôle ce qu’il peut. En tant que partisan, il faut continuer de se rendre au Stade même si l’ordre normal des choses fait que les prix augmenteront quelque peu.

De toute manière, c’est le meilleur show en ville!

DANS L’ABRI
–  La balle roule définitivement pour DC United. Dans un match où le FC Dallas a dominé la grande majorité du temps, l’équipe de Wayne Rooney a profité d’un rebond chanceux en toute fin de match pour marquer et se sauver avec la victoire. Il faudrait désormais, au pire, que DC United termine avec une fiche d’une victoire et 2 matchs nuls pour que l’Impact se qualifie avec 2 victoires. Ce n’est pas joué, mais ce résultat fait très, très mal à l’Impact.

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