La pression : les causes et comment apprendre à la gérer?

La présence de la pression dans le monde du sport est indéniable et inévitable. De la pression provenant autant des fans que des entraineurs, des coéquipiers ou de l’athlète lui-même. Plus tu montes les échelons, plus les attentes seront élevées.

Avant de parler plus en détail des causes de la pression, des mécanismes impliqués et des solutions pour apprendre à la gérer, prenons quelques minutes pour bien réfléchir à ce qu’est le concept. Il s’agit en fait d’un mot pour définir, dans le domaine de la physique, une force exercée sur une surface (un objet, un individu, etc.). Des exemples :

  • Lorsque quelqu’un est blessé gravement on dit « d’exercer une pression sur la plaie ».
  • La pression artérielle est un type de pression exercé sur la paroi des artères par le sang qui s’y trouve.
  • La pression exercée par la couche d’air se nomme pression atmosphérique.

Vous comprenez le principe. Et vous voyez peut-être où je veux en venir. Lorsqu’on applique le concept au domaine sportif, la pression n’est pas tangible. Elle n’existe nulle part ailleurs que dans la tête de celui qui la ressent et sur les lèvres de ceux qui en parlent. Pourtant, son impact est bien réel, non seulement avec des athlètes mais aussi dans plusieurs autres sphères de la vie de chacun d’entre nous. Peu importe votre travail, il y a de fortes chances que vous ressentiez de la pression à un moment ou à un autre. Cette pression, ce sera peut-être vous-même qui vous la mettrez sur les épaules mais elle peut aussi provenir d’un « boss » ou d’un collègue. Lorsqu’elle provient d’un autre individu, celle-ci peut être implicite ou explicite. En faites, la plupart du temps elle n’est pas nommée explicitement. Et elle n’a pas besoin de l’être pour faire des ravages.

Inutile de vous dire que lors de la séquence de défaites de décembre et janvier, la pression sur les membres de l’organisation du Canadiens de Montréal était énorme. Et quand je parle de l’organisation, je fais référence à l’entièreté de ses membres : propriétaire, directeur général, entraineurs et joueurs. On pourrait parler pendant des heures des raisons derrière cette pression et derrière le fait que nous nous attendions à tellement plus de cette organisation. Mais ce que je souhaite vous présenter aujourd’hui ce sont les mécanismes possibles permettant d’expliquer le fait de « choker » sous la pression pour un athlète.

Qu’est-ce que ça veut dire « choker » sous la pression? Il s’agit du fait, pour un individu, de performer en dessous de son niveau de compétence et de ce qu’il est capable d’offrir habituellement, comme performance. C’est causé directement par la pression puisqu’il s’agit de tâches ou de compétences qui sont pourtant bien connus et qui ont été pratiquées mainte et mainte fois par l’athlète. Ces tâches requièrent souvent un minimum d’attention pour l’individu puisqu’il les pratique depuis plusieurs années. L’athlète n’oublie pas du jour au lendemain comment faire un jeu particulier ou comment arrêter une rondelle. Pourtant, comment expliquer que l’athlète « sous-performe » lorsqu’il ressent trop de pression?

Actuellement, il existe principalement dans la littérature scientifique deux théories possibles pour expliquer le phénomène :

  1. L’attention est redirigée vers des stimulus qui ne sont pas utiles pour l’exécution de la tâche. La pression augmenterait les chances que l’individu soit distrait et c’est ainsi que la performance en serait affectée.
  2. La personne voit son anxiété augmenter et devient centrée sur elle-même. Par le fait même, en ce centrant sur elle-même, son attention se dirigera sur le processus pour accomplir la tâche. Par exemple, un athlète souhaitant exécuter une tâche pourtant bien assimilée, comme un lancer franc pour un joueur de basket-ball, se concentrera tellement sur le fait qu’il doive absolument réussir son lancer et sur la façon de le faire (placer son corps d’une certaine façon, suivre une certaine coordination de mouvements, etc.) que le déroulement de la tâche sera perturbé et la performance en sera affectée.

Évidemment, une diminution de la performance causée par un niveau de pression élevé sur un athlète n’est pas souhaitable. Certains athlètes sont capables de vivre avec cette pression et s’en serve comme un levier. Le terme pour définir ces athlètes est « clutch ». Ces sportifs excellent lorsque les attentes sont fortes envers eux et qu’ils doivent performer à un niveau encore plus élevés qu’en temps normal. Au hockey, ces joueurs marquent les buts les plus importants en prolongation et sont à leurs meilleurs en série d’après-saison. Parmi les joueurs actifs dans la ligue nationale actuellement on peut penser à Crosby et Toews qui sont des exemples d’athlètes « clutch ».

Paul Sullivan (dans son livre Clutch : why some people excel under pressure and others don’t) décrit très bien ce que c’est d’être « clutch » :

“Clutch, simply put, is the ability to do what you can do normally under immense pressure”

Aussi simple que ça. C’est la capacité de faire ce que tu peux faire en temps normal, lorsque tu es sous une pression immense.

« Choker » sous la pression est l’inverse. Ce sont des athlètes qui disparaissent lorsque l’enjeu est trop important. Ils sont étouffés par la pression. Ils s’appellent Joe Thornton ou Tomas Plekanec. Ces joueurs ne te font pas gagner une coupe Stanley.

Heureusement, tout n’est pas perdu pour ces athlètes puisqu’il est possible de passer d’un « chokeux » à un joueur « clutch ». Comment?

Il existe plusieurs façons d’annuler ou de diminuer les effets négatifs de la pression sur la performance.

  1. Se distraire. Si tu ne penses pas au fait que tu doives performer, tu augmentes tes chances de mieux performer. C’est assez paradoxal comme concept. Tu te dis tellement que tu dois avoir une bonne partie et être à ton meilleur, que l’effet inverse se produit. Se distraire peut être un bon moyen pour limiter les effets de la pression. Par exemple, écouter de la musique avant une partie. Il y a même une étude qui a démontrée que chanter une chanson qu’on connait bien (dans sa tête évidemment) en pratiquant son sport pouvait permettre de prévenir les effets négatifs de la pression sur la performance. Cela fait du sens quand on y pense puisque le problème avec quelqu’un qui « choke », c’est qu’il pense trop à ce qu’il doive faire pour bien performer. Pourtant, un athlète qui pratique le même sport depuis plusieurs années, n’a pas besoin d’un niveau d’attention élevé pour l’exécution d’un mouvement et la tâche devient automatisée.
  2. Être dans le moment présent. Cela implique de ne pas penser au résultat ou aux conséquences de ce résultat. Simplement vivre une présence à la fois sans se soucier du reste. J’ai utilisé le mot simplement mais ce n’est malheureusement pas aussi simple que cela puisse en avoir l’air. Pour améliorer leurs habiletés à vivre dans le moment présent, certains athlètes utilisent la relaxation, la méditation, l’imagerie, etc. Ces méthodes dépassent largement l’objectif de cet article donc je ne les expliquerai pas en détail mais sachez qu’elles existent et si vous êtes vous-même un sportif ne sous-estimez pas l’importance d’être dans le moment présent, peu importe le sport que vous pratiquez.
  3. Être concentré. Être dans sa bulle. Être focus! Si ce serait facile, il n’y aurait pas d’athlètes qui « chokent » mais ça ne l’est pas. Ça demande de la pratique et de la discipline. Ça implique de se fixer des buts à long terme mais aussi des petits objectifs. Ça peut demander beaucoup de préparation mais lorsqu’un athlète réussis à atteindre ce focus tant recherché, il est difficile de le distraire et c’est ça le but tant recherché. Pensez à Carey Price la saison dernière. Il étant « dans la zone » comme on dit. Rien ne pouvait le déconcentrer et il réussissait à rester relax même si les performances de l’équipe reposaient beaucoup sur lui. Price nous a d’ailleurs habitué à avoir des débuts de saison plus difficile et il devient meilleur plus on avance vers les séries. Cela démontre bien ce que j’ai dit précédemment. Pour atteindre cet état, ça demande du temps, de la discipline et beaucoup de préparation.

Photo : PC/Graham Hughes

Il existe certainement d’autres moyens pour éviter une baisse de performance lorsque la pression devient trop forte mais je vous ai présenté ceux que je connaissais. J’espère que cet article vous aura permis d’en apprendre plus sur la pression ainsi que ses causes et les moyens pour « dealer » avec.

N’oubliez pas de vous abonner à ma page Twitter en cliquant ici et ne vous gênez surtout pas pour commenter mes articles. De plus, j’aimerais avoir vos suggestions pour mes prochains articles. Quels sujets vous intéresse? J’attends vos propositions.

PLUS DE NOUVELLES