La transaction de Vanek passera à l’histoire

La plupart des journalistes et des amateurs de hockey à Montréal s’entendent pour dire que la plus récente transaction de Marc Bergevin est l’une des très bonnes de l’histoire de l’organisation. Bien que l’avenir nous le confirmera ou non, il est évident que l’acquisition de Thomas Vanek représente, à tout le moins, un échange majeur pour le Canadien.

Voici donc un décompte des dix transactions LES PLUS IMPORTANTES effectuées au cours des 25 dernières années, par les différents directeurs-généraux de la Sainte-Flanelle.

10- PIERRE TURGEON, CRAIG CONROY, RORY FITZPATRICK VS SHAYNE CORSON, MURRAY BARON, CHOIX R5.

29 octobre 1996 :
Sous prétexte que le club disposait d’un surplus de joueurs de centre, avec la présence de Vincent Damphousse et du jeune Saku Koivu, Turgeon a été sacrifié, pour ne pas dire donné, après seulement une centaine de matchs dans l’uniforme tricolore. Tout cela pour aller récupérer Shayne Corson à St-Louis, lui qui était pourtant sur le déclin. Sa meilleure production avec le CH par la suite fut une récolte de 21 buts en 1997-1998. Pour sa part, Baron, un défenseur médiocre, est demeuré avec le Canadien le temps d’une saison, et le seul souvenir qu’il a laissé derrière lui est une raclée subie aux mains de Troy Mallette, des Bruins de Boston. Enfin, il ne faut pas oublier que Craig Conroy, également sacrifié par Réjean Houle, a connu de bonnes saisons par la suite, notamment trois de 22 buts et plus.

9- STÉPHANE RICHER, TOM CHORSKE VS KIRK MULLER, ROLAND MELANSON.

20 septembre 1991 :
Une importante transaction dans le sens où le Tricolore s’est départi de l’un des joueurs les plus populaires de son histoire, et francophone par-dessus le marché. Cependant, la production de Richer venait de chuter de 51 à 31 buts, et il n’était plus heureux à Montréal. De son côté, Muller a rapidement fait oublier l’ancien numéro 44, en devenant un rouage important de la conquête de la Coupe Stanley de 1993, et en étant nommé capitaine avant le début de la saison 1994-1995.

8- SEBASTIAN COLLBERG, CHOIX R2 VS THOMAS VANEK.

5 mars 2014 :
L’échange le plus récent de cette liste, et par conséquent le plus difficile à évaluer. Comme dans le cas de toute transaction, le temps finit par en devenir le meilleur juge. Il faut toutefois reconnaître que ce n’est pas tous les jours que le Canadien est un véritable acheteur à la date butoir des transactions. Vanek représente l’attaquant le plus talentueux à porter le chandail du CH depuis Alex Kovalev, et il débarque à Montréal à 30 ans seulement. Marc Bergevin a démontré un certain cran en agissant ainsi, en plus de lancer un message clair à sa troupe, soit qu’il désire non seulement accéder aux séries éliminatoires, mais aussi y faire un bon bout de chemin.

7- JOSEF BALEJ, CHOIX R2 VS ALEXEI KOVALEV.

2 mars 2004 :
Un échange similaire à celui de Vanek, puisque les deux ont été réalisés à la date limite, et le CH a acquis un joueur de location en retour d’un prospect et d’un choix au repêchage. À l’époque, Balej représentait un très bel espoir offensif. Lors de la saison 2003-2004, il avait enfilé 25 buts en seulement 55 matchs à Hamilton avant d’être échangé. Cependant, il ne s’est jamais développé comme l’auraient souhaité les Rangers,  avec lesquels il n’aura finalement disputé que 13 rencontres.  Puis le choix de deuxième tour cédé par le CH s’est avéré être un certain Bruce Graham, un colosse de 6’6’’, toujours actif à ce jour dans le hockey professionnel. Il n’a toutefois jamais disputé un seul match dans la LNH.

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6- SHAYNE CORSON, BRENT GILCHRIST, VLADIMIR VUJTEK VS VINCENT DAMPHOUSSE.

27 août 1992 :
Encore une fois, le Canadien réussit à mettre la main sur un futur capitaine, en ne donnant en retour que des joueurs marginaux. Corson avait constitué une déception la saison précédente,  avec seulement  17 buts, et Vujtek était un choix lointain au repêchage, qui n’aura compté que 7 buts en 110 parties dans la Ligue nationale de hockey. C’est Gilchrist qui a probablement influencé la décision des Oilers, puisqu’il venait de connaître la meilleure saison de sa carrière avec une récolte de 23 buts et 50 points.  Par la suite, il n’a disputé qu’une saison dans l’uniforme des Oilers, touchant la cible à 10 reprises. Quant à Damphousse, il est devenu un des meilleurs joueurs de l’histoire récente de l’organisation, et un prolifique marqueur.

5- CHRIS CHELIOS, CHOIX R2 VS DENIS SAVARD.

29 juin 1990 :
Un échange terrible pour le Tricolore, bien que Savard ait contribué à la conquête de la Coupe Stanley de 1993. On avait pourtant réussi, à l’époque, à réparer la bévue de ne pas l’avoir repêché plusieurs années auparavant. Cependant, Chelios était déjà un défenseur de haut calibre, et il l’est demeuré pendant plus de 15 autres saisons après son départ de Montréal. Encore une fois, son attitude rebelle et désinvolte ne plaisait pas à la haute direction, et on l’a sacrifié comme plusieurs autres, au profit d’athlètes plus discrets. Denis Savard a lui aussi aidé sa nouvelle équipe, mais il n’aura évolué que durant trois saisons avec le Tricolore. Il a d’ailleurs connu deux saisons de 28 buts et une de 16, mais on était bien loin de sa production des belles années.

4- RYAN MCDONAGH, CHRIS HIGGINS, PAVEL VALENTENKO, DOUG JANIK VS SCOTT GOMEZ, TOM PYATT, MICHAEL BUSTO.

30 juin 2009 :
Le fameux adage sportif disant que les meilleures transactions sont souvent celles que l’on ne fait pas, prend tout son sens dans ce cas-ci. Le CH a sacrifié un jeune défenseur de premier plan, sans même lui avoir donné une seule chance dans la LNH. Près de quatre ans plus tard, on regrette amèrement cet échange à sens unique, d’autant plus que l’équipe verse encore des sous à Gomez suite à son rachat de contrat! McDonagh serait actuellement un pilier de la défensive montréalaise, et il formerait avec Subban la meilleure combinaison de jeunes défenseurs de toute la LNH. Pour ce qui est de Gomez, sa meilleure saison à Montréal en aura été une de 12 buts. Il ne faut pas oublier aussi le départ de Chris Higgins, qui était jadis considéré comme le meilleur ailier de puissance du CH. Il joue encore, et il est un élément important des Canucks de Vancouver.

3- KIRK MULLER, MATHIEU SCHNEIDER, CRAIG DARBY VS PIERRE TURGEON, VLADIMIR MALAKHOV.

1er mars 2000 :
Une transaction brillante, qui aurait dû l’être encore plus, mais on a plus tard échangé Turgeon en raison d’un soi-disant surplus de joueurs de centre! Il avait pourtant récolté pas moins de 96 à sa seule saison complète dans l’uniforme bleu-blanc-rouge! Le défenseur obtenu en compagnie de Turgeon, l’énigmatique Vladimir Malakhov, a lui aussi connu du succès à Montréal. Lorsqu’il était dans de bonnes dispositions, le joueur russe était le meilleur sur la patinoire, rien de moins. Mais son niveau d’effort et son seuil de la douleur en auront fait rager plus d’un pendant son séjour de 6 saisons… Quant aux trois joueurs cédés par le Tricolore, seul Schneider a continué d’exercer un réel impact avec ses autres formations, Muller étant sur la pente descendante.

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2- ÉRIC DESJARDINS, JOHN LECLAIR, GILBERT DIONNE VS MARK RECCHI, CHOIX R3.

9 février 1995 :
Une autre erreur monumentale, puisque Leclair est devenu l’un des Power Forward les plus productifs de sa génération, enregistrant trois saisons de plus de 50 buts et deux autres d’au moins 40. Desjardins a été le défenseur numéro un des Flyers pendant plusieurs années, et, heureusement pour le Tricolore, Dionne, bon marqueur à l’époque, a ralenti et finalement quitté la LNH peu après. De son côté, Recchi a également été un joueur productif avec le Canadien, mais seulement pendant cinq saisons. On l’a échangé à nouveau, et il est demeuré dans la LNH pour onze saisons supplémentaires. Il s’agit sans aucun doute d’une transaction que Serge Savard doit encore regretter à ce jour…

1-  PATRICK ROY, MIKE KEANE VS JOCELYN THIBAULT, MARTIN RUCINSKY, ANDREI KOVALENKO.

6 décembre 1995 :
Un triste dénouement à un conflit qui a été très mal géré par l’organisation. Certes, Roy a mis de la pression sur son DG en affirmant avoir disputé son dernier match avec l’équipe, et ce, devant les caméras de télévision. Mais cette déclaration avait été faite sous le coup de l’émotion, et il aurait certainement été possible de rétablir les ponts autrement. Il semblerait que ce soit l’entraîneur de l’époque, Mario Tremblay, qui n’ait pas voulu considérer la chose. Ce fut la première erreur. La deuxième fut de ne pas créer de surenchère avant de se départir du plus grand gardien de l’histoire du hockey, quitte à attendre quelques semaines. Évidemment, un directeur-général sans expérience, dans l’environnement impitoyable de Montréal, n’avait pas la prestance requise pour agir de cette façon, avec les résultats que l’on connaît. Malgré tout, à la défense des trois joueurs obtenus en retour du ROY, ils ont tous les trois connu un certain succès ici, mais les souliers étaient tout simplement trop grands à chausser.

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En conclusion, la plus récente transaction des Glorieux, soit celle de Vanek, pourra être analysée de façon objective dans quelques années. Elle pourrait s’avérer excellente, si le joueur autrichien connaît du succès, et qu’il aide son équipe à faire un bout de chemin en séries, tout en paraphant un lucratif contrat pendant la saison morte. À l’opposé, cette transaction a le potentiel d’une erreur importante si Vanek ne produit pas à la hauteur, que le Canadien se fait éliminer rapidement, et qu’il perd son joueur-étoile au profit du marché des joueurs autonomes. Bien malin qui peut prétendre connaître l’issue de cette saga.

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