Le jour où les Flyers ont mis une croix sur John Carlson

L’art de l’imitation. Ce semble être celui que toutes les équipes du circuit Bettman s’affairent à maîtriser l’été venu. Chaque dirigeant prête bien attention aux joueurs qui posent leurs lèvres sur le précieux trophée, au système qui caractérise leur équipe, à leur philosophie, à tout ce qui aurait pu influencer leur conquête, de près ou de loin. Les Flyers n’auront pas à se prêter trop longtemps au jeu pour comprendre ce qu’ils ont fait de travers.

C’est toujours plus facile de critiquer le passé, quand on connaît l’avenir. Paul Holmgren ne se doutait sûrement pas que John Carlson allait devenir le joueur qu’il est aujourd’hui, le jour où il a échangé la possibilité de repêcher le jeune homme pour mettre la main sur un certain Steve Eminger, ainsi qu’un choix de troisième tour. Choix qu’il utiliserait ensuite pour faire monter le gardien Jacob DeSerres sur le podium, dont le nom ne vous est assurément pas aussi familier que celui qui résonna quelque neuf sélections plus tard : Braden Holtby.

L’absence de tout don de clairvoyance chez le directeur général des Flyers de l’époque l’a empêché de voir que sa nouvelle acquisition ne disputerait que 12 petits matchs dans son nouvel uniforme orange, et qu’il s’alignerait pour les Monsters de Cleveland, dans la ligue américaine, le jour où Carlson participerait activement au premier championnat de l’histoire des Capitals, plus d’une décennie plus tard.

Le bon vieux Steve Eminger lors de son passage avec les Rangers, l’une des nombreuses équipes pour lesquelles il s’est aligné.

Le point soulevé par Sam Carchidi, le journaliste affecté à la couverture de la formation de la Pennsylvanie, trouve sa pertinence dans les raisons qui ont motivé le geste d’Holmgren. S’il a alors échangé son choix de premier tour (27e au total), c’est qu’il devait à tout prix ajouter un défenseur droitier à sa brigade. Comme le développement d’un jeunot de 18 ans risquait de prendre bien trop de temps, il a choisi de tirer un trait sur la brillante promesse d’avenir d’un Justin Schultz, Roman Josi ou John Carlson (tous disponibles au 27e échelon), et ce au profit d’une garantie actuelle un peu moins reluisante.

Bien des directeurs généraux seraient tombés dans le même panneau, et le geste n’est pas une erreur en soi. Il est parfois nécessaire de prioriser le présent, surtout lorsque les perspectives de succès sont au rendez-vous. La gaffe, c’est de ne pas en tirer de leçon. Le nouveau pilote de l’organisation, Ron Hextall, semble avoir bien appris des actions de son prédécesseur, travaillant davantage à développer ses jeunes espoirs qu’à les marchander pour des joueurs établis. Sauf que selon Carchidi, ce dernier a été un peu trop passif lors de la dernière date limite des transactions. Le journaliste suggère par là qu’il aurait dû, comme les Caps, acquérir un défenseur rapide à la Michal Kempny (obtenu contre un choix conditionnel), plutôt qu’un lent Johnny Oduya de 36 ans.

Le seul petit match disputé par le vétéran aux côtés de ses nouveaux coéquipiers, les 32 buts alloués par les Flyers en première ronde et le jeu solide offert par Kempny durant le tournoi printanier sont tous de forts arguments en faveur du plaidoyer de Carchidi. Philadelphie a de sérieuses carences en défense depuis le départ de Pronger, et le repêchage est souvent la seule solution durable permettant de remédier à un tel problème. Amener du renfort avant le début des séries n’est jamais une mauvaise idée, mais de telles actions doivent être pensées selon l’ère du temps. L’ère d’une ligue nationale plus rapide que jamais, où le train passe beaucoup trop vite pour ceux qui n’ont plus les jambes pour le suivre.

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