Le projet McCarron

«Pis, on en est où avec McCarron? »

C’est la question que tout le monde (ok, disons, les fans shootés dans le bras du CH) se posait avant le début de la présente Coupe Memorial, soit après une saison de 68 pts en 56 matchs et des séries de la OHL, où il a compilé 18 pts, dont neuf buts en 21 matchs.

Eh bien, avec ses trois points en trois matchs de phase préliminaire, tout ça en jouant des « grosses minutes » sur un « gros trio »,  le gros joueur de centre droitier va plutôt bien Madame la Marquise.

Bon, va pour les stats. Disons, que c’est « correct » dans l’ensemble, pour un choix de fin de première ronde avec un profil (de mastodonte) semblable au sien.

Mais ces stats, ne voudront rien dire sous peu, car on sait tous que c’est lors de son passage chez les pros l’année prochaine qu’on aura une meilleure idée des capacités du dividu.

C’est pourquoi il faut plutôt regarder du côté des qualités et des défauts du hockeyeur McCarron et essayer de projeter comment ceux-ci devraient se traduire au niveau suivant.

1. Gabarit
Réglons l’évidence dès le départ. Lorsque McCarron aura ajouté un peu plus de « dynamite » dans ses jambes, quand celles-ci ressembleront à des troncs d’arbre, et qu’il aura augmenté encore un pleu plus sa force dans le haut du corps, il aura, à 6’6, 230 lbs, un avantage physique exceptionnel. À maturité, son gabarit imposant en fera un joueur très « difficile à jouer contre », comme dit Molière. Mais, n’oublions pas que cette qualité vaut pour peu de choses si le reste ne suit pas…

2. Coup de patin
Or, les Austro-hongrois utilisent le mot « deceptive » pour décrire une qualité meilleure qu’elle n’y paraît au premier coup d’œil. C’est en plein ce qu’on peut dire du coup de patin trompeur du premier choix tricolordien de 2013. Maintenant qu’il a allongé et augmenter la puissance de sa foulée, une fois qu’il a pris son élan, souvent en zone centrale, le gros américain est difficile à arrêter, surtout si l’on ajoute la longue portée avec laquelle il transporte la rondelle. Ce coup de patin fluide de gros cylindré nécessitant toutefois un certain élan, cela justifierait, à mon sens, son maintien au centre pour la suite des choses.

La position d’ailier nécessite plus de stop and go ce qui n’est pas l’idéal pour le genre de coup de patin que possède McCarron. Cela dit, il a aussi amélioré son accélération et McCarron aurait le talent pour accompagner des bons joueurs offensif à l’aile au niveau supérieur dans le rôle du gars qui « fait et prend de la place sur la glace ».  Il nous a d’ailleurs donné une idée de son potentiel dans ce rôle  avec Max Domi et Mitch Marner à London plus tôt cette saison.

3. Sens du jeu
McCarron semble souvent au bon endroit au bon moment sur la glace. Il excelle dans l’appui aux défenseurs en territoire défensif et joue bien le long des rampes et autour du filet en territoire offensif, là où il doit se tenir avec sa carrure.

Il aime bien recevoir une courte passe de ses défenseurs en sortie de zone alors qu’il est en pleine foulée et c’est peut-être à ce moment qu’il est à son meilleur. Il peut soit repérer un ailier démarqué par une belle passe vive et précise où transporter lui-même – et très efficacement – le disque jusqu’en zone adverse, où il aime constamment diriger l’objet au filet. Il a d’ailleurs connu une soirée de 10 lancers (sur les 50 de son équipe) plus tôt cette semaine, lors de la victoire de 5-4 des Generals sur les Remparts.

On l’a cependant vu commettre quelques dangereux revirements en zone défensive, en se débarrassant bêtement de la rondelle, dans le très court gain de 2-1 hier contre Kelowna.

4. Lancer
Le jury n’a pas encore tranché sur la qualité du lancer de McCarron, son tir frappé en particulier. Parfois, il tire avec conviction, d’autres fois il lance pour lancer de façon plus ou moins habile. Mais, dans ses meilleurs efforts, sa dégaine est assez rapide et imprévisible, ce qui lui permet de surprendre régulièrement les gardiens adverses. On en a eu un autre bon exemple hier, alors qu’en pleine foulée, avec un angle restreint sur le flanc droit, il a frappé le poteau après avoir glissé la rondelle entre les jambes du gardien de Kelowna d’un excellent tir du poignet.

5. Agilité et habilités
On ne le confondra jamais avec Patrick Kane au niveau de l’agilité générale des mains et des pieds, mais « Big Mac » possède quand même des mains souples et des habilités techniques sur patins bien au-dessus de la moyenne pour un aussi gros joueur. Sa coordination œil-main ne fait pas défaut – on le voit régulièrement faire dévier des tirs autour du filet et déjouer des adversaires à un contre une en zone neutre grâce à un habile contrôle de rondelle. On le voit aussi fréquemment réussir des passes savantes, rapides, précises et imprévisibles en territoire ennemi depuis derrière le filet ou depuis le long des rampes. C’est signe qu’il joue généralement la tête assez haute pour repérer ses coéquipiers.

6. Caractère
Un certain site – vous savez lequel – se moque régulièrement de cet aspect qui revient souvent dans la bouche de Therrien et Bergevin parce que ça n’a rien de quantitatif et que ça veut dire « personnage » en anglais. Hihihi. Mais en français, le « caractère » ou la « force de caractère », ça veut dire la capacité d’un individu à réussir malgré l’adversité, malgré les efforts, malgré les sacrifices. On va donc traduire ça par « mental toughness » et on va dire que c’est assez important d’en avoir au hockey pour connaître du succès. Mettons.

Or, de la « dureté du mental » McCarron ne semble pas en manquer. Ignoré (injustement?) par Team USA junior, alors que le tournoi se déroulait en partie à Montréal? Il a décidé de brûler la OHL en décembre. Étiquetté « joueur pas en forme » le printemps dernier, il s’est mis à s’entraîner en malade, chose qu’il n’avait jamais faite auparavant. Échangé à Oshawa pour évoluer dans un nouveau rôle plus défensif? Pas de problème, il est devenu l’homme de confiance de son nouveau coach.

Conclusion
Donc, quand on regarde ses attributs au-delà des statistiques, auxquels il faut tout de suite ajouter sa grande polyvalence et une certaine créativité offensive, on se rend compte que le McCarron « métamorphosé », selon certains, a de plus en plus les outils pour réussir à l’étape suivante.

« McFridge » avait déjà laissé une impression très favorable
au dernier camp avant de se blesser à l’épaule.
Photo : ici.radio-canada.ca

Il a notamment su améliorer son coup de patin et sa force physique, ses deux principales carences. S’il progresse (presque) autant en gymnase cet été qu’il ne l’a fait l’an dernier, McCarron s’attirera de nombreux éloges au camp du CH l’automne prochain et on l’obervera de près. Mais, comme De La Rose, il aura sans doute besoin de passer une partie de la saison, voire la saison entière à St-John’s afin de s’acclimater à la vitesse du jeu chez les pros et accumuler un peu d’expérience.

Certains en parlent encore comme d’un projet à long terme, à la Brian Boyle, qui a éclos dans la LNH à 25-26 ans.  À mon avis, pour ce que j’ai pu voir et analyser, il faut désormais davantage parler de McCarron, qui a eu 20 ans en mars dernier, comme un projet à « moyen terme », un gars qui sera capable de contribuer activement au succès du Canadien avant l’âge de 22 ans.

Sa progression ne sera peut-être pas aussi spectaculaire l’an prochain – ce serait difficile d’égaler ce qu’il a réussi cette année –  mais ce gars-là a ce qu’il faut pour réussir chez les pros dans un avenir très raisonnable.

Pour ma part, je le classe dans les espoirs « importants », parmi ceux capables de faire progresser l’équipe en y ajoutant une dimension unique, qui manque au Tricolore.

Les Maroon (ANA), Boyle (TB) et Bickell (CHI) ont tous leur utilité présentement…

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