Après vous avoir présenté les quelque peu surprenantes positions #12 à 9 hier, on continue aujourd’hui notre décompte des espoirs les plus importants en fonction de la progression générale du CH avec les positions #8 à 5.
Aura-t-on encore des surprises aujourd’hui? En tout cas, disons que le futur du CH semble s’annoncer pas mal plus « gros », mais qu’on ne pourra jamais remplacer le talent brut…
8) Michael McCarron, C, droitier, 6’5, 237 lbs : « McFridge », comme on aime l’appeler, est évidemment assez unique en son genre parmi les espoirs du club. Il est aussi un espoir qui divise profondément les partisans. Certains pensent qu’il sera un flop monumental et d’autres prêchent la patience et le voient occuper une place assez importante dans le futur de l’organisation.
Sans garantir quoi que ce soit quant à son avenir, je m’inscris dans cette dernière catégorie. Mais je suis tout d’abord très curieux de voir si l’organisation continuera à le développer au centre comme on a décidé de le faire en deuxième moitié de saison à London la saison dernière. En fait, je le souhaite, car étant donné qu’il n’aura jamais la meilleure accélération, le faire joueur au centre lui permet d’être en mouvement et sur son élan plus facilement.
À mon sens, oublions un rôle de matamore à la Lucic, capable de tuer et de marquer 30 buts. Je verrais plutôt McCarron comme un solide 4e joueur de centre, peut-être chargé de quelques missions spéciales en attaque à cinq (une espèce de mix Brière ou Chara!) et de missions défensives délicates au point des mises au jeu en tant que centre droitier, toujours rares dans l’organisation.
Dans un tel scénario, McCarron, un futur late bloomer, pourrait devenir un genre de Brian Boyle. Et si c’est le cas, ça va prendre au moins 4-5 ans à le développer comme il faut, peut-être un peu plus – Boyle ne s’est pas vraiment établi dans la LNH avant l’âge de 25 ans.
Mais rien ne presse. Le costaud Malhotra est là cette année, l’an prochain ça pourrait en être un autre et ainsi de suite… Ce qui compte c’est de ne pas brûler d’étape avec McCarron car si tout fonctionne il pourrait donner 8-9 ans de très bon hockey au Canadiens.
Étant donné qu’il est difficile à ce stade-ci de son développement de voir un plus grand rôle à long terme pour « Big Mac » dans l’organisation du CH, et que le risque d’échec est bien réel dans son cas, on ne peut le placer plus haut sur cette liste.
Malgré ce rôle plus obscur qu’on entrevoit pour lui, s’il optimise ses forces et amenuise ses faiblesses, McCarron pourrait néanmoins apporter des ingrédients qui feront du CH un meilleur club au final. C’est pourquoi il demeure un espoir important à mon avis. Et si jamais il pouvait en donner plus qu’on ne l’anticipe présentement, disons devenir un bon top 9, ce sera du « gravy ». Mais restons les deux pieds sur Terre.
7) Greg Pateryn, D, droitier, 6’2, 222 lbs : Le cas de Pateryn est devenu très intéressant. À 24 ans, Pateryn est un late bloomer classique. Après un beau parcours dans les rangs universitaires américains et une prometteuse première saison chez les Bulldogs malgré une importante blessure au coude (il avait quand même disputé 2 matchs à Montréal), Pateryn a enchaîné, sans tambours ni trompettes, avec une brillante campagne à Hamilton l’an dernier, en enregistrant pas moins de 15 buts et 34 points en 68 matchs. Tout cela en étant un des deux seuls joueurs des Dogs à maintenir un différentiel positif (+4).
Mais ce qu’il y a de plus instructif concernant Pateryn c’est peut-être sa situation contractuelle. L’Américain a un contrat à deux volets pour la prochaine saison, mais il aura un contrat « one-way » en 2015-2016. Considérant que le droitier Mike Weaver ne s’est entendu que pour une seule saison avec le Canadien, le poste de 6e défenseur semble tout indiqué pour le gros droitier Pateryn, que Michel Therrien avait identifié comme « le joueur le plus amélioré » de toute l’organisation au camp de l’automne dernier.
Mais comme en font foi ses 15 buts, Pateryn n’est pas un « one trick poney » strictement défensif. Il possède sans doute un des tirs les plus lourds de toute l’organisation et on se surprend à penser qu’il pourrait peut-être un jour évoluer sur une deuxième paire en avantage numérique à la place de Tom Gilbert, en plus de devenir un régulier du désavantage numérique. Si Bouillon et Gorges ont joué pendant au moins la moitié d’une saison en PP avec leurs tirs de « poussin », Pateryn, méritera peut-être un essai…
Tout considéré, le sous-estimé Pateryn est peut-être en train de se développer comme un 5e-6e défenseur de qualité, voire éventuellement un 4e dans un scénario ultra-optimal, étant donné sa polyvalence. À moyen terme, c’est-à-dire, dès 2015-2016, un Pateryn plus expérimenté de 6’2, 222 lbs, pourrait certainement être projeté comme une amélioration par rapport un gars comme Weaver.
Enfin, est-ce que Bergevin aimerait avoir un très long regard sur lui au prochain camp avant de se compromettre envers Francis Bouillon pour une autre saison? À suirrrrrrrre…
6) Jarred Tinordi, D, gaucher, 6’6, 227 lbs : Parce qu’il est plutôt unique en son genre dans la brigade défensive du Canadien – bon, quand même moins depuis l’intrigante sélection du robuste et imposant Brett Lernout – et qu’il cogne à la porte du grand club dans un rôle de 5e-6e défenseur, ce qui représente tout de même un travail d’une quinzaine de minutes par match, souvent dans des tâches défensives délicates, on ne peut mettre le géant Jarred Tinordi beaucoup plus bas sur cette liste.
Mais je dois avouer avoir longuement hésité entre lui et Pateryn, et que j’hésite peut-être encore…
Mais ce qui a fait pencher la balance du côté de Tinordi, 22 ans, qui est sans doute lui aussi un late bloomer à sa façon, c’est justement qu’il est deux ans plus jeune que Pateryn. Il est aussi plus robuste et son potentiel défensif est probablement supérieur, sans oublier sa mobilité que l’on préfère à celle de Pateryn.
Mais Tinordi devra bientôt donner un autre bon coup d’accélérateur dans son développement, car il a déjà passablement de compétition derrière et il y a en déjà beaucoup en avant!
À mon avis, Tinordi doit devenir un défenseur plus mature et dominant dans la AHL avant de penser à avoir du succès dans la LNH. C’est pourquoi un peu plus de rodage avec les Bulldogs ne lui ferait sûrement pas de tort. Il s’est peut-être emballé un peu trop vite après sa participation à la série contre les Sénateurs en 2013. Puis, il n’est pas parvenu à se tailler un poste l’an dernier et depuis sa confiance semble légèrement en avoir été affectée.
À moyen terme, d’ici 2-3 ans, le gars que Tinordi devra déloger dans un rôle de 4e-5e défenseur c’est idéalement Emelin, qui possède à peu près les mêmes qualités et défauts que lui. Bien sûr, Emelin lui est supérieur offensivement, mais le potentiel défensif de Tinordi est plus grand.
Moyennant plus de millage et une amélioration continue de ces habilités avec la rondelle, Tinordi a tout ce qu’il faut pour devenir un vrai bon shutdown d’ici quelques années. Sans oublier qu’il sera plus intimidant pour l’adversaire qu’Emelin et que ses qualités de leader sont reconnues par tous.
Pas de doute que Tinordi, comme McCarron, fait partie de ce Canadien nouveau genre, plus gros, plus méchant et avec plus de caractère dont rêvent Bergevin et Therrien. C’est pour ça qu’il est encore très important dans la banque d’espoirs.
5) Sven Andrighetto, AD, gaucher, 5’9, 183 lbs : Probablement le meilleur attaquant des Bulldogs vers la fin de la dernière saison, Andrighetto a surpassé les attentes de la direction jusqu’ici. En frais de talent offensif, le Suisse a très peu, voire rien, à envier aux autres espoirs du club à l’attaque. Toutes proportions gardées, certains en parlent même comme un joueur offensif « spécial » et cela veut dire qu’il peut réalistement convoiter un poste sur les deux premiers trios dans un avenir raisonnable, probablement à l’aile droite.
Andrighetto doit pour l’instant être placé devant d’autres ailiers de petite stature – comme Reway, Lehkonen et Thomas – dans une liste des espoirs les plus importants pour plusieurs raisons. D’abord à 5’9, 183 lbs, c’est le plus costaud du lot, il est fait « solide ». C’est aussi le patineur le plus explosif, une autre qualité incontournable pour avoir du succès dans la LNH. Enfin, en considérant rapidité d’exécution, puissance ET précision, il possède à mon avis, le meilleur tir du lot. Il est aussi teigneux et fonceur, du moins autant que Lehkonen.
À très court terme, il sera en compétition contre Sekac et DLR pour un des rôles plus effacés qu’occupaient de diverses manières Brière et Gionta l’an dernier sur les deux derniers trios. D’après moi, il risque au moins d’avoir une audition quelque part pendant la prochaine saison.
Mais à moyen terme, il pourrait venir remplacer un gars comme Parenteau ou challenger Brendan Gallagher sur les deux premières unités.
Son parcours et son futur avec l’équipe sera donc très intéressant à suivre. Mais dans le pire des scénarios ça pourrait aussi se terminer un peu à la Grabovski (le niaisage et le bitchage en moins) où, malgré un talent certain chez le joueur, l’équipe peine à lui trouver une chaise.
Mais, considérant qu’il a présenté des chiffres supérieurs à des talents offensifs comparables comme Tomas Jurco et Tomas Tatar à sa première saison dans la AHL, je fais le pari qu’il y aura de la place pour un joueur comme Andrighetto dans plusieurs top 9 dans la LNH d’ici peu. J’ose croire que ce sera à Montréal en premier.