Les Flames gagnants d’une journée soporifique

Déterminer laquelle des équipes a gagné la journée de la date limite des transactions est un exercice forcément subjectif, car nous choisissons nous-mêmes les paramètres accolant la mention de «gagnante» ou de «perdante» à une formation X.

Le plus important, d’entrée de jeu, est de distinguer les équipes qui se sont annoncées acheteuses et vendeuses, puis de les évaluer différemment selon la légitimité de leurs intentions. Autrement dit, une équipe décidant d’acheter alors qu’elle n’est pas considérée comme prétendante à la Coupe Stanley et bataille durement pour une place en séries peut perdre des points, et ce, peu importe la valeur ajoutée, à court terme. C’est le cas de l’Avalanche du Colorado, qui se voit toutefois décerné une victoire en demi-teinte.

À l’autre bout du spectre, une équipe à la dérive qui détient plusieurs appâts pouvant lui permettre de troquer du court terme pour du long terme échoue si elle ne réussit pas à en profiter. En ce sens, les Canucks de Vancouver sont les grands perdants de cette date limite des transactions.

Ne perdons plus de temps.

À noter que seule la journée de la date limite est analysée, et non les transactions qui ont été effectuées durant les jours précédents. 

GAGNANTS
1. FLAMES DE CALGARY

ONT OBTENU: Jyrki Jokipakka, Brett Pollock, choix de 2e ronde conditionnel qui devient un choix de 1re ronde si les Stars accèdent à la finale de conférence.
ONT CÉDÉ: Le futur agent libre sans restriction Kris Russell.

Les Flames ont réussi à maximiser la valeur d’un défenseur qui ne leur était pas du tout indispensable. Russell est surestimé en raison de son talent offensif, ses entrées de zones flamboyantes et son habileté à bloquer des tirs, mais la réalité est qu’il passe beaucoup trop de temps dans son territoire et chacune de ses présences sur la glace réduit le temps de possession en zone offensive de ses coéquipiers. À preuve, les statistiques prouvent très clairement que pratiquement chacun d’eux ont vu leur équipe accorder plus de tirs qu’elle en a obtenu lorsqu’ils étaient déployés au même moment que Russell. Le système de jeu préconisé par les Flames – la longue passe est parfois préférée à l’entrée structurée et en contrôle – l’a peut-être mal servi toutefois, et ses habiletés en offensive se situent bel et bien au-dessus de la moyenne, c’est pourquoi il avait une certaine valeur sur le marché, valeur que Brad Treliving et Brian Burke ont su bonifier.

Les partisans de Calgary pourraient être agréablement surpris de voir le mature jeune finlandais Jyrki Jokipakka, du haut de ses 6’3 et 210 livres, être d’ores et déjà plus efficace en zone défensive que ne l’était Russell. Puis, les chances de voir les Stars remporter deux séries quatre de sept ne sont pas excellentes, mais elles ne sont certainement pas nulles. Brett Pollock n’est quant à lui pas un espoir à tout casser, mais un espoir quand même, et un choix de 2e ronde est une bonne chose à avoir pour une équipe qui repêche bien.  Au bout du compte, la formation albertaine a également fait de précieuses économies sous le plafond salarial en décidant de ne pas prolonger leur futur agent libre sans restriction.

2. DUCKS D’ANAHEIM 
ONT OBTENU: Jamie McGinn, Brandon Pirri, Martin Gernat, choix de 4e ronde en 2016.
ONT CÉDÉ: Choix de 3e ronde conditionnel en 2016 qui devient un choix de 2e ronde si les Ducks gagnent deux rondes éliminatoires, choix de 6e ronde en 2016, Patrick Maroon.

En cédant très, très peu, Bob Murray a réussi à s’offrir un attaquant au potentiel fort intéressant en Brandon Pirri. Ce dernier a marqué 22 buts en 49 matchs l’an dernier. Bien qu’il soit loin d’être complet, il possède un tir canon et un pur talent offensif; il sera encore mieux entouré au sein des Ducks. Dans tout ça, ne sous-estimons pas l’apport du costaud Jamie McGinn, qui a marqué pas moins de 19 buts avec l’Avalanche en 2013-2014. Maroon, lui, connaissait beaucoup de difficultés cette saison. Les circonstances étaient propices à son départ.

Rien de trop spectaculaire, mais une bonne leçon de gestion des actifs servie par le bon vieux Murray.

3. AVALANCHE DU COLORADO
ONT OBTENU: Mikkel Boedker, Éric Gélinas
ONT CÉDÉ: Choix de 3e ronde en 2017, Kyle Wood, Connor Bleackley, Alex Tanguay.

Premièrement, l’Avalanche pouvait-elle se permettre d’être vendeur? Campé au dernier échelon donnant accès aux séries et avec une équipe faiblement nantie en défensive, c’est un pensez-y-bien. D’autant plus que le Wild du Minnesota souffle dans leur cou dans la division centrale. Dommage, car sinon, le club de Joe Sakic aurait pris une sérieuse option sur la couronne de gagnant de la date limite.

Réglons la question tout de suite: Mikkel Boedker n’est pas un attaquant de premier ou deuxième trio assuré. Le Danois était l’un des favoris de son entraineur et il avait tout le temps de jeu nécessaire en Arizona pour produire à 5 contre 5. Or, lorsqu’on ajuste sa production au temps de jeu (1 point par heure jouée), on remarque qu’il a peiné à suivre le rythme d’un joueur top-6. Il ne faut pas regarder très loin pour comprendre comment il a obtenu ses 39 points: il a été le joueur le plus utilisé de la LNH sur l’avantage numérique, devant Alex Ovechkin.

Cela dit, l’oeil humain, lui, peut capter un grand talent chez ce choix de 1re ronde que ne reconnaissent pas les statistiques. Force est d’admettre que le style de jeu de Boedker se marie parfaitement au système de l’Avalanche misant sur la vitesse et la créativité offensive. Ne soyez pas surpris s’il s’y plait sous la férule de Patrick Roy…

Par ailleurs, l’Avalanche injecte de la profondeur défensive nécessaire en obtenant le Québécois Éric Gélinas, un arrière gaucher robuste, bougeant bien la rondelle, et muni d’un véritable missile qu’il décoche à la pointe de l’avantage numérique. Marc Bergevin a déjà montré de l’intérêt envers Gélinas et il est étonnant qu’il n’ait pas tenté de l’acquérir à ce prix sachant que Markov se fait vieux. Voyons cela comme un vote de confiance envers Nathan Beaulieu.

PERDANTS
1.
CANUCKS DE VANCOUVER
AUCUNE TRANSACTION

Je vois mal comment Jim Benning pourra s’expliquer aux partisans des Canucks. Il s’agit d’un échec cuisant, lamentable. Le directeur général de Vancouver se devait d’obtenir au moins quelques miettes pour ses quatre futurs agents libres sans restriction: Radim Vrbata, Dan Hamhuis, Matt Bartkowski et Yannick Weber. Hormis Weber, ils étaient certainement tous échangeables et attrayants aux yeux d’une équipe prétendante. Les jumeaux Sedin se font vieux… La relève n’est pas superbe… La direction n’est pas compétente… L’avenir à Vancouver est gris, pour ne pas dire noir.

Misère de misère de misèèèèèèèèèèèère. 

https://twitter.com/FarhanLaljiTSN/status/704465116549386241

2. STARS DE DALLAS
ONT OBTENU:
Kris Russell.
ONT CÉDÉ: 
Jyrki Jokipakka, Brett Pollock, choix de 2e ronde conditionnel qui devient un choix de 1re ronde si les Stars accèdent à la finale de conférence.

Le hic, c’est que les Stars ont payé cher pour un joueur qui n’aura pas à coup sûr un impact positif à leur ligne bleue. Oui, Russell est un joueur talentueux, mais il a aussi des faiblesses inquiétantes en défensive. Et même si les Stars font leur chemin jusqu’en finale de conférence, leurs probabilités de rafler la Coupe Stanley demeurent assez faibles, par rapport à celles des Capitals, des Kings et des Blackhawks. Le choix de 1re ronde cédé aux Flames pourrait alors revenir les hanter, même s’il est tardif.

Rendons à César ce qui est à César, Jim Nill n’a jamais hésité à prendre des risques. Voyons voir si son audace le récompensera…

3. LEAFS DE TORONTO
AUCUNE TRANSACTION

Lou Lamoriello a fait un travail sublime pour garnir sa banque de choix avant la date limite, mais c’est au jour J qu’il a été incapable de bouger ses plus grosses pièces. P.-A. Parenteau était son meilleur appât et il n’a pu trouver preneur. Il n’a également pas augmenté suffisamment la valeur de Boyes et Grabner afin de réussir à les transiger. Mais une chose qu’on ne sait pas, c’est s’il y avait vraiment un intérêt pour ces joueurs. Lou est une tête de hockey lucide: il a trouvé le moyen de se départir de Phaneuf sans retenir de salaire, et d’obtenir deux choix de 2e ronde pour un défenseur inapte à patiner (Roman Polak). Difficile de croire qu’il n’a simplement pas été assez agressif. Une petite défaite pour les Leafs, oui, mais peut-on vraiment reprocher quoi que ce soit à leur directeur général?

Quelques mots sur Matteau

J’ai vu les Devils jouer quelques fois cette saison (avec Matteau) pour avoir, à chaque occasion, les pensées suivantes: John Merrill connait une saison très ordinaire et… pourquoi diantre Stefan Matteau n’arrive-t-il pas à marquer plus de buts?

Il a pourtant un bon coup de patin, des mains sous-estimées et le physique de l’emploi. Trois qualités qui devraient lui assurer un poste sur un troisième trio de la ligue nationale. Lorsqu’on les réalise, on fait face à une véritable énigme: pourquoi génère-t-il si peu offensivement? Pourquoi sa contribution est-elle aussi sporadique?

Mystère et boule de gomme.

On ne se cachera pas la tête dans le sable: Matteau a de sérieux problèmes de constance. Est-ce entre les deux oreilles que ça ne fonctionne pas? Impossible de savoir. Sa production a stagné dans la ligue américaine. Il n’a en fait jamais obtenu plus de 27 points en une saison dans la AHL, ce qui est problématique, sachant qu’il est un ancien choix de 1re ronde avec du talent offensif. On disait la même chose de Phillip Danault, mais ce dernier s’inscrit davantage dans la catégorie des joueurs de rôle défensifs pouvant être utilisés à toutes les sauces, ce que n’est pas Matteau.

Au final, on peut se réjouir du fait que le potentiel de Matteau dépasse celui de Devante Smith-Pelly, qui est destiné à boucher les trous sur une quatrième ligne. Il n’en demeure pas moins que ce potentiel doit se concrétiser. Ce fut un échec à New Jersey.

En rafale
– Bergevin est incapable de promettre un retour au jeu de Carey Price cette saison. (Canoë.ca)

– Le pauvre Devante Smith-Pelly était triste après avoir appris qu’il a été échangé aux Devils. (EOTP)

– Stefan Matteau réagit à la transaction qui l’a envoyé au Canadien. (Canadiens.nhl.com)

https://twitter.com/pucksnlife/status/704450718690836480

– Analyse de Matteau. (EOTP)

– Les statistiques indiquent que Galchenyuk est plus productif au centre à 5 contre 5 qu’il ne l’est à l’aile.

– À quoi s’attendre de Nylander, Kapanen? (TSN)

– Pour Bergevin, la recette reste la même: faire confiance en son noyau et bâtir par le repêchage. (Journal de Montréal)

– Que se passe-t-il avec les Bruins? (ESPN)

– Comment l’Avalanche s’est-il amélioré avec les transactions d’aujourd’hui? (Bleacher Report)

– John-Michael Liles devrait bien jouer à Boston selon certains…

– Jonathan Drouin ne reviendra pas sur sa décision: il ne reviendra PAS avec le Lightning. (TSN)

– Les jeunes rappelés par les Maple Leafs ne peuvent pas se faire pousser la barbe des séries, mais ça ne sera pas un problème… (National Post)

– Mike Brown sait pourquoi il a été acquis par le Canadien. Indice: ce n’est pas pour faire des points. (Journal de Montréal)

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