Nikita Scherbak serait-il un flop?
Je commence de plus en plus à croire que oui.
À tout le moins, la chose est fort possible et je ne vois plus comment on peut continuer de penser que Scherbak a ce qu’il faut pour un jour jouer sur un top 6 dans la LNH.
Je me demande même très sincèrement s’il atteindra cette fameuse LNH.
Je me souviens pourtant très bien de la sélection heureuse de Nikita Scherbak. Tous les fins observateurs de la blogosphère se faisait gaiement aller le « réseau sociaux », en pâmoison devant le sympathique et rigolo jeune russe qui avait été un espoir franchement prometteur à son année de sélection.
Le soir de sa sélection, j’étais assis avec mon ordi dans un Airbnb (avec un wifi so-so) et j’étais moi-même très satisfait de cette sélection de Scherbak, un choix qu’on ne pouvait que saluer avec un bon gros « YES! » de satisfaction rendu aussi tard en première ronde… et dans la nuit londonienne!
Son premier « gros camp » avec le Canadien fut d’ailleurs très prometteur.
Mais après une deuxième année sans nette progression dans la WHL et une saison recrue pour le moins misérable et frustrante à cause de blessures l’an dernier à St. John’s. le grand Russe soulève de plus en plus de doutes.
Et là, il vient de rater toute une occasion en or de faire monter sa cote cette semaine au camp de développement.
En effet, j’étais un spectateur très attentif à ses moindres faits et gestes lors des journées de mardi et jeudi et si Scherbak n’a pas été le plus mauvais (il l’a peut-être été, remarquez…) , il a très certainement été le plus décevant de tous les attaquants présents.
J’étais aussi assis tout près de Trevor Timmins, assez pour échanger quelques mots avec lui (et Rick Dudley) et si je ne peux vous dire à quoi Timmins pensait au fur et à mesure que Scherbak ratait presque systématiquement chaque jeu qu’il entreprenait, je peux vous dire qu’à la fin du match de mardi – après un autre jeu raté – son regard livide, son visage long et le silence entre lui et Dudley laissaient planer tous les doutes de la Terre…
La même chose s’est répétée jeudi : Scherbak ratait tout ce qui avait le moindre degré élevé de difficulté.
On ne sait pas si on peut mettre ça sur le compte des blessures qui l’ont miné la saison dernière – il se dit pourtant à 100% – mais le premier choix du Tricolore en 2014 possède une accélération sous la moyenne et sa vitesse de pointe est très ordinaire. Cela s’explique en bonne partie par une technique de patinage qui ne me semble pas optimale du tout, surtout pour un joueur qui aime transporter et conserver la disque longtemps.
C’est du reste un joueur plutôt « périphérique », très est-ouest. Et, malheur, à chaque fois qu’il tente la moindre incursion vers le filet, sa lenteur sur patin et des mains manquant visiblement de vivacité lui font perdre le disque. Sans parler de sa piètre force physique et son équilibre chancelant, qui entraînent des chutes plus souvent qu’autrement…
Ça ne sent vraiment pas bon tout ça.
Bref, ça passe ou ça casse cette année dans son cas.
Fidèles, sortez vos chapelets…
Autres notes sur le camp de développement
Voici quelques notes sur les joueurs qui ont retenu mon attention pour les bonnes et les mauvaises raisons:
Mikhail Sergachev : Commençons par le plus évident. Éblouissant. Splendide. Imposant. Dangereux. Calme. Créatif. The Beast. À 3 contre 3 avec Reway avec lui sur le jeu, ça allait pas mal trop vite pour les autres. Timmins a cogné un coup de circuit de 500 pieds avec lui. Si Tyson Jost et Logan Brown sont meilleurs que lui un jour, je commencerai à mettre mes T-shirts dans mes jeans et ressortirez mes Daoust 301. Je ne vois pas ce qu’il pourrait apprendre en retournant dans la OHL. J’estime ses chances de débuter la saison à Montréal à 70%.
Daniel Audette : On le voit. Il s’implique. Il dérange. Il lance. Et il a du talent. Il devrait connaître une bonne première saison à St. John’s. Il est un des bons joueurs à ce camp, mais on ne peut pas dire qu’il a fait partie de la crème de la crème au même titre que Reway, Sergachev, Hudon et McCarron.
Michael McCarron : Parlant du loup, vraiment pas trop mal mardi, plutôt bien même, malgré encore certaines maladresses sur patin ici et là. Il a été encore meilleur le jeudi. Disons que le 4 vs 4 et le 3 vs 3 ne seront jamais son pain et son beurre dans la LNH, mais il s’en est très bien tiré. Rien d’inquiétant dans son cas, tout est même plutôt rassurant. Progression constante et palpable, par rapport à ses faiblesses, très solide sur les mises au jeu, devant le but et en fond de territoire. Voilà ce qu’on lui demande.
Il peut faire des belles choses avec la rondelle à l’occasion et vous surprendre. Il a d’ailleurs marqué sur un tir de pénalité ainsi que sur un bel effort individuel mardi dernier. Je m’attends à un autre bon camp de sa part en septembre et avec la petitesse du bottom 6 à Montréal, il aura sans doute droit à une longue audition. Cela dit, il n’y aurait aucun mal à jouer en masse et, idéalement, à dominer à St. John’s avant son arrivée définitive à Montréal. C’est un attaquant qui a encore beaucoup de valeur aux yeux de l’organisation, à n’en point douter.
Martin Reway : C’est soulageant d’entendre que Reway se rapportera à St.John’s s’il est retranché en septembre après toutes les suppositions qui ont été faites à son sujet depuis deux ans. Reway est un véritable magicien avec la rondelle, à la fois imprévisible et efficace. On l’a déjà dit dans sons cas mais, oui, la comparaison tient toujours : « le Patrick Kane des pauvres ».
Reway pourrait bien sûr lancer un peu plus souvent, mais quel passeur et quel tricotteux! J’aime aussi sa lecture défensive, la manière avec laquelle il découpe la glace. Il ne patine jamais pour rien, mais il se tient constamment en mouvement. Il active sans cesse son « processeur hockey » et semble immanquablement savoir où ira la rondelle, une qualité « gretzkyesque » s’il en est une.
Mais, il doit en quelque sorte faire sa place et refaire son nom dans l’organisation avant que l’on puisse penser aux choses sérieuses le concernant. N’empêche en voilà qui pourrait royalement brouiller les cartes au gros camp et ainsi donner de joyeux maux de tête à la direction de l’équipe…
Charles Hudon : Il existe un mystère autour de Charles Hudon. Je me demande parfois si on aime son attitude. Je ne le sais pas. J’en suis pas sûr. Pourquoi a-t-il été retourné à St.John’s l’an dernier après avoir fait deux points en deux matchs? Comme disent les anglais, Hudon a du f… you dans son attitude et dans son jeu, un swag, qu’on remarque dès l’échauffement. Est-ce que ça plait à tous?
Mais quel joueur de hockey! Ça semblait presque impossible de lui enlever la rondelle mardi dernier. Très solide sur ses patins. Superbe tir sur son premier but. Pièce d’anthologie sur son second. Ce gars-là peut jouer dans la LNH dans le top 9 dès cet automne. Il devra battre Andrighetto, Reway et Lehkonen au prochain camp. Carr a déjà sa place assurée.
Simon Bourque : Pas mauvais. Bon patineur. Tête haute. Assez bon gabarit. Mais Il doit gagner en efficacité en relance, c’est primordial pour un défenseur. Cela dit, il progresse et il a le talent et les outils pour le faire.
Noah Juulsen : En toute honnêteté, on ne le remarque pas trop sur la glace. Il ne fait rien de spectaculaire. Certains diraient que c’est probablement une bonne chose dans son cas. Mais, personnellement, à 4 contre 4 et 3 contre 3, je trouve ça un peu décevant pour un choix de première ronde…
Un invité qui se démarque : Reid Duke
Je ne suis pas le premier qui en parle sur le web, mais disons que je connais assez bien Reid Duke : c’est le cousin de mon épouse!
Je vais donc essayer d’être le plus objectif possible et vous fournir quelques informations privilégiées à son sujet.
Comme vous avez pu le constater dans les médias cette semaine, cousin ou non, on ne peut passer sous silence sa tenue à ce camp de perfectionnement.
Il s’est fait remarquer pratiquement à chacune de ses présences. Que ce soit par sa vitesse, son implication physique, sa créativité, son agilité, ses passes, ses feintes, son équilibre, son efficacité au cercle des mises au jeu, ses incursions au filet, Duke a fait cocher bien des cases aux évaluateurs du CH.
La vivacité de ses mains était particulièrement impressionnante. Il a réussi des jeux à haut coefficient de difficulté toute la semaine. Il a déjoué, il a passé et il a marqué. Il a démontré qu’il était un joueur à la fois spectaculaire ET efficace.
Mais, comme vous le savez, toujours est-il que l’ancien choix de 6e ronde en 2014 (169e au total), n’a finalement pas été mis sous contrat par le Wild du Minnesota le printemps dernier « for whatever reason » selon les dires de Duke.
J’ai toutefois ma petite idée là-dessus…
Le Wild semble avoir une congestion à l’aile droite et au centre. Cependant, je crois aussi qu’ils ont tout simplement mal suivi et évalué Duke au cours des dernières années, particulièrement lors des dernières séries de la WHL où il a enregistré 24 points en 21 parties…
J’ai vu Reid jouer à plusieurs reprises, la première fois durant la période des fêtes en 2013-2014, la saison précédent de son repêchage, alors qu’il jouait pour Lethbridge. Je l’ai vu « live » trois autres fois depuis suite à son échange à Brandon ainsi qu’à quelques occasions à la télé au fil des ans.
Il a cependant dû jouer un rôle offensif légèrement plus effacé cette saison chez les puissants Wheat Kings de Brandon, alors qu’il a été plus souvent qu’autrement chargé d’évoluer sur la deuxième unité derrière celle formée des très doués Nolan Patrick (possiblement la toute première sélection au repêchage de 2017), John Quenneville (NJ, 30e en 2014), et Jayce Hawryluk (Flo, 32e en 2014).
De sources on ne peut plus sûres (!), Timmins et Dudley ont beaucoup aimé ce qu’ils ont vu de lui : « he’s been very good », m’ont-ils dit d’emblée après les présentations d’usage, sans que je leur demande explicitement leur avis sur Reid.
D’une source toute aussi sûre, appelons-la, « la bouche du cheval », Duke, originaire de Calgary, était sur un nuage pendant toute la semaine à Brossard. Il sentait que ça allait super bien. Il a adoré son expérience sur toute la ligne au camp montréalais, lui qui s’exprime très bien en français et qui revenait tout juste du camp de développement des Rangers.
En 2014 Reid m’avait raconté après son match qu’il avait déjà rencontré des gens du Canadien et qu’il avait eu un bon feeling avec eux… Comme quoi on ne l’avait pas oublié à Montréal!
Fait intéressant, quand on l’a rencontré mardi, il ne savait même pas que le club école du CH était appelé à déménager à Laval l’an prochain. Ses yeux se sont ouverts bien grands quand je lui ai appris la nouvelle…
Il ne savait pas non plus encore lequel était Trevor Timmins parmi tous les gens à qui il avait parlé jusque là durant la semaine!
Ce même Timmins a d’ailleurs eu la gentillesse de faciliter personnellement la rencontre entre nous (femme, enfant et moi) et Reid après les matchs de mardi.
Merci M. Timmins!
Maintenant, va-t-il se mériter un premier contrat professionnel NHL/AHL ou AHL/ECHL? Personne ne le sait à ce point-ci. Il n’y a aucune garantie, mais on en saura davantage d’ici le camp de septembre.
Mais on ne peut que le lui souhaiter, je pense que c’est la chose qu’il aimerait le plus au monde.
En tous cas, il a tout fait en son contrôle pour impressionner l’état-major du CH cette semaine…
Repose-toi un peu et mange tes bagels, Reid!