Je vous ai déjà livré ma réflexion sur l’impact que pourrait avoir Weber pour le CH.
En gros, malgré tout le bien qu’on en dit et l’aura qui règne autour du gros # 6, je pense qu’on en met pas mal large sur le dos des impondérables comme le leadership, l’unité du vestiaire, le respect de tous les joueurs, etc., quand on avance que, par sa seule présence, Weber fera du CH une meilleure équipe.
Weber n’a jamais franchi la deuxième ronde des séries avec des clubs qui ont terminé 2e de la division centrale à cinq reprises et qui ont fait des saisons de 100 pts et plus à 4 reprises et terminé à 99 point à une autre occasion.
Disons, qu’il n’a jamais véritablement élevé son jeu d’un cran en séries comme le #76 a été capable de le faire.
À la défense de Weber, on veut bien croire « qu’il y a eu des grosses équipes dans l’ouest durant tout ce temps », il demeure que, de son côté, Subban a été instrumental dans les victoires du CH dans pratiquement toutes les séries gagnées depuis 2010. Il a été le meilleur pointeur du CH en séries depuis son arrivée dans la LNH.
Et ça, je suis sûr que David Poile l’a remarqué…
Mais bon, assez parler de Weber-Subban. Mon point est le suivant : ce n’est pas Weber qui, à mon avis, fera la plus grosse différence chez le CH l’an prochain, c’est Alexander Radulov.
Alors que Weber devra remplacer les minutes jouées par Subban, Radulov va remplacer le « fantôme » d’Alexander Semin dans le plan initial du CH en 2016-2017.
Semin a fait 1 but et un gros 4 points en 15 matchs l’an dernier à Montréal.
On en prévoit de façon réaliste au moins une soixantaine pour Radulov l’an prochain.
Méchante différence!
Même si on prend en compte la production secondaire des Andrighetto, Carr et autres qui ont tenté de remplacer celle de Semin sur le 2e trio, c’est globalement environ 20 buts de plus au final que Radulov devrait être en mesure de générer pour le Bleu-blanc-rouge.
C’est énorme.
Si le reste de l’équipe demeure en santé et produit à un rythme normal, ça devrait amplement suffire pour qualifier le CH en séries.
Des chiffres impressionnants
La transaction Subban-Weber monopolise (presque) la réflexion sur le Canadien cet été et c’est normal, elle continuera aussi de faire couler encore beaucoup d’encre dans les années à venir.
Mais c’est quand même incroyable de constater à quel point la venue d’un des meilleurs, sinon le meilleur joueur de la KHL au cours des 8 dernières saisons, et assurément le joueur le plus talentueux et performant disponible sur le marché, n’emballe pas plus les partisans que ça.
On va mettre ça sur le dos du « facteur russe », de la réputation douteuse de Radulov hors-glace, de celle de joueur plutôt difficile à diriger, mais aussi, dans l’esprit des fans, sur les nombreux paris ratés de Bergevin (Semin, Kassian, Parenteau, Brière) pour combler les lacunes offensives du club au fil des ans.
Plusieurs demeurent donc assez prudents dans leurs attentes.
Mais cette modération, bien que sage, demeure plus ou moins justifiée par rapport au joueur de hockey plutôt exceptionnel qu’a jusqu’ici été Radulov dans sa carrière.
Radulov c’est 492 points et 391 parties dans la KHL. Une moyenne de 1.25 point par match dans la deuxième meilleure ligue au monde.
Il n’y a qu’à sa première saison en 2008-2009 où il n’a pas maintenu une moyenne d’un point par match.
Il en avait obtenu 48 en 52. Pas si pire…
En utilisant un indice de conversion de points de 0.78 entre la KHL et la LNH au cours de ces huit années, on en arrive à une pire saison de 61 points et une meilleure de 97.
http://www.theprojectionproject.com/Home/Search
En usant des mêmes données, avec ses 65 points en 53 matchs, il aurait fait l’équivalent de 77 points dans la LNH l’an dernier.
Bien sûr, il y a un monde de différence entre un logiciel de conversion de points et la réalité (!), mais, on n’a aucune raison logique de croire que Radulov fera beaucoup moins de 60 points dans la LNH.
Il en a d’ailleurs accumulé 102 en 154 parties dans la LNH, bon pour une moyenne (0, 66 pt/m) de 54 points par saison, une moyenne un peu faussée par le fait que presque tous ces points (95 en 145 matchs) ont été réalisés alors qu’il n’avait que 21-22 ans à ses débuts à Nashville.
Tout porte à croire que, dans des circonstances normales, Radulov aurait été très près du point par match, eut-il resté dans la LNH pour y jouer ses meilleurs années d’hockeyeur.
Et puisqu’on parle de ses résultats dans le circuit Bettman, et malgré son impardonnable écart de conduite à Nashville à son dernier passage là-bas au printemps 2012, ses 14 points en 18 matchs de séries se comparent plutôt avantageusement au 18 en 32 d’un certain « sniper américain »…
Que reste-t-il de Radulov?
Soyons conservateurs et admettons que Radulov se contente d’une soixantaine de points avec le CH la saison prochaine.
60 points c’est un plateau que ni Ladd, ni Backes, ni même Okposo ne devraient atteindre avec leur nouvelle formation respective l’an prochain…
Lucic? Ce serait très décevant qu’il n’en amasse pas au moins 60 en jouant avec McDavid, mais des choses plus bizarres sont déjà arrivées… Il n’a réussi l’exploit qu’à deux reprises dans sa carrière, à ses plus belles années au sein des jadis très puissants Bruins. Mais même Yakupov, voire même, Benoît Pouliot, enregistraient 60 points en jouant toutes la saison avec McDavid… Lucic est donc un peu hors concours dans cet argumentaire.
Eriksson? Tout dépendra de la forme et de la santé des Sedin et de la sienne. Sa résurrection de l’an dernier – à son année de renouvellement de contrat – pourrait bien n’être qu’un mirage…
Bref, de tous les joueurs autonomes de la cuvée 2016, Radulov semble être celui qui a le plus de chances d’avoir un impact offensif digne de l’élite avec sa future formation.
Cela dit, depuis le 5 juillet dernier, « Radu » entame lui aussi le difficile chemin de la trentaine.
Statistiquement et logiquement parlant, ses meilleures saisons devraient déjà être derrière lui, comme à peu près tous les autres agents libres de 2016.
Mais, on dit qu’il est en grande forme, et surtout, n’oublions pas que les saisons dans la KHL sont beaucoup moins éreintantes que celles de la LNH.
En effet, Radu, généralement épargné par les blessures, est un trentenaire moins usé. Depuis 8 ans, il a joué +/- 65 parties en moyenne par saison dans la KHL, incluant les séries éliminatoires.
Considérant le peu d’usure du joueur et son talent digne de l’élite, tout porte à croire que Radulov a encore 5 ans de très solide hockey à offrir dans la LNH.
Une entente spéciale avec Bergevin?
On a tous entendu que Bergevin a joué dur dans ses négos avec Radulov. Un an, pas plus, et à un salaire bien en-deça des 7,5 millions que laissait planer la rumeur.
On a aussi entendu et compris que Radulov voulait vraiment jouer à Montréal.
Mais il demeure que Radulov s’est fait offrir deux ans à Detroit et peut-être par une autre formation.
Ma question est donc la suivante : sans rien lui promettre, Bergevin lui a-t-il laissé comprendre qu’une bonne saison à Montréal l’an prochain lui vaudrait une alléchante prolongation de contrat?
En gros, si Radulov en a encore en masse dans le réservoir et qu’il montre qu’il peut être de loin supérieur aux jeunes de l’organisation à court et moyen terme, Bergevin aura des sous pour lui.
Le Canadien pourrait bien s’être trouvé une nouvelle vedette offensive, un joueur qui apporte un ingrédient très important qu’on a perdu en échangeant le #76 : la passion.