Au travers des années, l’humble chroniqueur que je suis – c’est-à-dire un jeune étudiant et un oiseau de nuit qui regarde un peu trop de hockey dans ses temps libres – a tiré trois importantes leçons du repêchage.
1) Il est facile d’être trop enthousiaste à l’endroit d’un espoir, en raison de la nouveauté qu’il apporte. Alors que les joueurs ont 17 ou 18 ans, on peut tous admirer leur talent et s’accrocher à la possibilité toujours existante qu’ils deviennent de meilleurs joueurs que la plupart de ceux évoluant actuellement dans le circuit. Leur développement étant loin d’être terminé, tous les paris sont ouverts concernant leur future contribution dans la grande ligue.
2) Chaque repêchage n’est pas «extraordinaire», et encore moins «le meilleur depuis des décennies». Il y a aussi de bonnes chances qu’il ne soit pas «pourri» et «le plus mauvais depuis un bon bout de temps». En fait, s’il y a qui que ce soit qui est en mesure d’évaluer d’ores et déjà la qualité de la cuvée de 2016, prière de me glisser un message dans ma boîte à courriels. En espérant qu’il veuille bien négocier le prix de sa boule de cristal…
3) Ce qu’il est toutefois possible d’analyser, c’est la popularité dont jouissent les espoirs auprès des différentes agences de recrutement, et des recruteurs qui se confient à mots couverts. Chaque année, il est possible d’observer des tendances. Cette cuvée regorge-t-elle de défenseurs prometteurs? Les centres ont-ils la cote? La LHJMQ est-elle en voie de connaitre une bonne année? Vous voyez le genre.
Ce qui contribue à l’unicité de la cuvée de 2016 est qu’après le top-3, l’ordre des choix #4 à 10 d’une liste à l’autre est notablement variable. Cette particularité pourrait donner le vent dans les voiles à Trevor Timmins, tout comme elle pourrait le torpiller.
D’un côté, l’absence d’un espoir qui fait l’unanimité dans ce rayon accentue l’influence du facteur chance inhérent à l’exercice délicat qu’est le repêchage. Les joueurs sélectionnés par les équipes tout juste en haut du Canadien ne seront pas nécessairement meilleurs. S’ils le sont, l’écart sera relativement mince. Seulement, ces formations les auront préférés en fonction de leur philosophie, de leurs besoins et des perceptions de leurs recruteurs. Dans ce cas, l’avantage de repêcher au 5e rang plutôt qu’au 9e est plus effacé.
En revanche, si Timmins a identifié un joueur en particulier, lequel il croit le plus à même d’améliorer le Tricolore dans les années à venir, il aura beaucoup de difficultés à prédire comment le repêchage se dessinera dans ces rangs. Les experts dans le milieu partagent la forte croyance qu’il faut absolument transiger pour monter s’il y a un espoir qui ne doit pas leur échapper. Avec ces zones grises, il sera plus difficile de prendre une décision éclairée.
Remarquez la subtilité du repêchage de 2016: il n’y a pas de consensus dans les rangs 4 à 10, mais le groupe de joueurs qui s’y situent est pratiquement le même d’une agence à l’autre, à quelques exceptions près. Auston Matthews, Patrik Laine, Jesse Puljujarvi, Matthew Tkachuk, Pierre-Luc Dubois, Jakob Chychrun, Alex Nylander, Olli Juolevi, Mikhail Sergachev et Michael McLeod sont les 10 noms qui reviennent presque à tout coup. Certains vont troquer McLeod ou Sergachev pour Clayton Keller ou Julien Gauthier dans leur liste. Sinon, ce groupe de 10 est assez immuable.
Je vous invite à jeter un coup d’oeil aux listes d’ISS Hockey, Draftbuzz, Damien Cox, Bob McKenzie, Future Considerations, McKeen’s, etc. Essayez maintenant de prédire l’ordre. 1. Matthews, 2. Laine, 3. Puljujarvi. Facile. Ensuite? Il y a une sorte de lutte entre Nylander, Dubois et Tkachuk au 4e rang. Scott Wheeler et Corey Pronman opinent quant à eux que Clayton Keller mérite lui aussi considération à cet échelon, alors que d’autres agences, comme ISS Hockey, tiennent ce petit centre à l’écart de leur top 10.
Et il ne faut pas oublier les défenseurs Jakob Chychrun, Olli Juolevi et Mikhail Sergachev qui pourraient tous sortir très tôt. Sans compter qu’aucun des trois n’a clairement émergé comme le meilleur arrière de sa cuvée. Juolevi est celui qui a été simplement brillant aux championnats mondiaux junior avec la Finlande. Jakob Chychrun partait avec une longueur d’avance en début d’année en vertu de sa tenue convaincante à seulement 16 ans la saison dernière, mais celle-ci a fondu. Mikhail Sergachev ne cesse de gravir les échelons et tout dernièrement, Bob McKenzie a affirmé que certains recruteurs commençaient à voir en lui le défenseur numéro un de ce repêchage.
On n’est pas sorti du bois. Je vous rappelle qu’on s’attarde encore au 4e rang. Remettons ça à une autre soirée, le jeu des prédictions, voulez-vous?
Un peu de tout pour le CH
Les probabilités veulent que le CH repêche au 9e rang, avec ce qui peut être considéré comme les restes de ce groupe de 10. Bien sûr, rien n’empêche Timmins de sortir des sentiers battus et de jeter son dévolu sur un espoir qu’il juge avoir été sous-estimé par les autres équipes. Ce genre de surprises surviennent chaque année. Mais on s’en tient à la logique pour le moment.
Pour le Canadien, je doute qu’il y ait de dilemme à savoir s’il faut repêcher le meilleur joueur disponible ou celui qui comble un besoin. Je retiens cette phrase de Marc Bergevin, récemment cité dans un article de Marc De Foy du Journal de Montréal: «Il y a longtemps que je sais qu’on devra remplacer Andreï Markov un jour.» Ça tombe bien, car le top-3 de 2016 à la ligne bleue est composé de gauchers.
Et on s’entend tous pour dire que le CH a besoin de renforts en offensive. McLeod, Keller, Nylander, voire Dubois (Stéphane Leroux jure qu’il aura trouvé preneur) pourraient glisser.
Peu importe comment le repêchage se jouera, le meilleur jeune qui se trouvera à être disponible devrait du même coup remplir un besoin. Chouette!
Maintenant, une courte évaluation du groupe de 10.
1. Auston Matthews, gaucher, C, 6’2′, 194 livres: Centre complet. Grand érudit de la protection de rondelle. Parfois du jeu responsable, parfois des feintes extravagantes. Manie le disque avec une étonnante fluidité. Offre d’excellents appuis à ses défenseurs en zone défensive. Vole à travers la zone neutre. Sait finir les jeux, comme il peut les fabriquer. Faiblesses? Quelles faiblesses?
2. Patrik Laine, droitier, AD, 6’3, 200 livres: Se résume en deux mots: marqueur naturel. Tir si lourd qu’il donne l’illusion de lancer une roche dans le filet adverse. Mains extrêmement rapides, mais on ne peut en dire autant de ses pieds. Il n’est pas le plus agile, mais son coup de patin a progressé depuis le début de l’année, selon Corey Pronman (ESPN). À l’instar d’Ovechkin, il tire à profusion: sa moyenne de 5,5 lancers par match le place au 4e rang de la ligue finlandaise en saison régulière. Son gabarit (6’3, 200 livres) et son savoir-faire en possession de rondelle en font un joueur très difficile à contenir qui apparait dans les plans de match de tous les entraineurs adverses. Physiquement impliqué le long des rampes. Une agressivité dans son jeu qui est la bienvenue compte tenu de ses atouts. Son jeu défensif n’est pas impeccable, mais à ce stade Laine est trop dominant offensivement pour qu’on y accorde beaucoup d’importance. Le bagage d’habiletés le plus unique de tous les espoirs de la cuvée.
3. Jesse Puljujarvi, droitier, AD, 6’3, 198 livres: Si Laine est le franc-tireur musclé, Puljujarvi est l’artiste. Agile comme un chat, se faufile dans les corridors les plus étroits. Il réalise ainsi de jolies entrées de zone et alimente ses coéquipiers de passes précises et imaginatives. Il semble toutefois manquer de finition par moments, alors que sa contribution offensive dans la SM-liiga n’a pas été des plus constantes. Enfin, Puljujarvi est intelligent, calme et conscient de sa défensive.
4. Matthew Tkachuk, gaucher, AG, 6’1, 195 livres: Ailier robuste qui montre de belles feintes à un contre un. Un jeune avec une tête sur les épaules qui prend soin d’étudier son sport. Instincts offensifs au rendez-vous. Un poison autour du filet. Doit améliorer son coup de patin.
5. Pierre-Luc Dubois, gaucher, C ou AG, 6’3, 202 livres: Attaquant aussi créatif que responsable dans le moule de Patrice Bergeron. On le compare en fait à beaucoup de joueurs: Jamie Benn, Patrick Marleau… faites votre choix. Bon lancer frappé sur réception qu’il décoche régulièrement en avantage numérique. Combine les styles européen et nord-américain en appliquant un échec-avant coriace ou en slalomant avec élégance à travers la zone neutre. Montre l’habileté de prendre la bonne décision avec la rondelle sur une base constante. Bonne vision du jeu, il sait où ses coéquipiers se trouvent sur la glace. Vitesse de pointe et accélération au-dessus de la moyenne. Roi de la bataille à un contre un.
6. Alex Nylander, droitier, AG, 6’0, 172 livres: Sert des changements de vitesse et des virages serrés en possession de la rondelle qui donnent le tournis. Tir des ligues majeures très précis et sec. Le Suédois peut bricoler une chance de marquer avec un rien. Fabriquant de jeu hors pair. De type cérébral, mais il réagit bien aux contacts. Manoeuvre habilement dans les espaces restreints. Fréquemment utilisé sur la première vague de désavantage numérique, il anticipe et se sert bien de son bâton. Devra prouver qu’il peut causer des dégâts ailleurs qu’en périphérie.
7. Jakob Chychrun, gaucher, DG, 6’2, 214 livres: L’un des meilleurs athlètes de sa cuvée. Coup de patin d’élite. Manie son long bâton comme un fouet en zone défensive, neutralisant les manoeuvres à un contre un les unes après les autres. A tendance à dribbler maladroitement avec la rondelle et ne pas se faire suffisamment remarquer durant un match, malgré ses grandes habiletés.
8. Mikhail Sergachev, gaucher, DG, 6’3, 206 livres: Défenseur très agile qui attire les comparaisons avec Morgan Rielly des Leafs. Calme et joue avec assurance. Coup de patin doux comme du beurre, très fluide pour un homme de son gabarit. Excellent tir des poignets et bon passeur. Tir frappé encore meilleur. Quart-arrière en avantage numérique. Aime transporter lui-même la rondelle, tout comme il peut la déplacer rapidement à ses joueurs d’avant. Fort physiquement, il pourrait être encore plus robuste. Ni mauvais, ni excellent en défensive, mais a le potentiel pour faire de grands bonds dans ce département grâce à son intelligence.
9. Olli Juolevi, gaucher, DG, 6’2, 180 livres: Sublime lors des championnats mondiaux juniors avec la Finlande. Un calme à glacer le sang dans les moments importants. Juolevi est un passeur fantastique dans les trois zones, que ce soit pour repérer un attaquant à l’embouchure en avantage numérique, mener une contre-attaque ou effectuer une sortie de zone. Très mobile et constamment en bonne position sur la glace. Cerveau sur pattes qui n’est pas complexé par son manque de force physique.
10. Michael McLeod, droitier, C, 6’2, 187 livres: Ce centre costaud est de loin le patineur le plus rapide de la cuvée. Décolle dès les premières enjambées. Fort créatif dans ses trajets avec le disque. S’amuse avec les défenseurs en les faisant reculer, ou en freinant brusquement pour ensuite exploser à nouveau. Contrôle aisément la rondelle à pleine vitesse pour ouvrir des brèches. A un penchant pour mettre la table pour le jeu parfait. Très impliqué en défensive en vertu de sa mobilité et de son énergie. De grands questionnements sur son potentiel offensif. Son tir est bon, mais pas à tout casser et on peut en dire autant de son sens du jeu. Est essentiellement une sorte de Lars Eller, qui a beaucoup d’habiletés pour se faire valoir, mais produit pourtant en deçà des attentes. Néanmoins, son talent pour les mises en scène est un atout que ne possède pas le Danois.
En rafale
– Belle entrevue de Sylvain Lefebvre à propos des espoirs des IceCaps. (HockeyInsideOut)
– Eugénie Bouchard n’est plus représentée par IMG! (La Presse)
– Nicolas Roy fait ses débuts chez les professionnels.
https://twitter.com/CheckersHockey/status/720746390041862148
Rappelons que le CH lui a préféré Lukas Vejdemo lors du dernier repêchage.
– Mike Weaver voue un culte d’admiration à Carey Price!
"Carey Price is Jesus, God… he's the best" – Mike Weaver debriefs the #Habs season with @TonyMarinaro https://t.co/kHC3ojCwFC
— HabsLinks (@HabsLinks) April 14, 2016
– Sans surprise, Drogba dit adorer Montréal. (TVA Sports)
– J’ai d’ailleurs adoré ce que j’ai vu de Jonathan Drouin hier soir! En jambes et pugnace, le kid!
https://twitter.com/NicholsOnHockey/status/720746239331930112
https://twitter.com/NicholsOnHockey/status/720745913266745345
– Quelques faits saillants d’Andrei Markov. (Canadiens.nhl.com)
– Le receveur des Bills Percy Harvins aurait accroché ses crampons. (RDS.ca)
– Lucian Bute aurait trouvé la fontaine de jouvence avec son nouvel entraineur. (The Gazette)
Je vais le croire quand je vais le voir!
– Joe Thornton est prêt à faire taire ses détracteurs en séries éliminatoires. (Sportsnet)
– André Tourigny dirigera-t-il équipe canada junior en 2017? (RDS)
– 10 espoirs qui sont prêts à faire le saut dans la LNH dès l’an prochain. (TheHockeyNews)
– Gary Bettman affirme que l’exclusion des équipes canadiennes des séries n’est qu’une «coïncidence bizarre».
https://twitter.com/NicholsOnHockey/status/720000759132065792