Trevor Timmins fera-t-il encore confiance au modèle américain?

Ce n’est plus un secret pour personne que le directeur du recrutement amateur Trevor Timmins tient en haute estime le programme de développement américain dans ses tâches de repérage. La plupart de ses meilleurs coups proviennent de ce terreau fertile, qu’il s’agisse d’espoirs évoluant dans le circuit collégial (NCAA), la ligue des États-Unis (USHL) ou l’équipe nationale de développement (USNTPD).

Timmins a avant tout fait sa renommée en 2007 en jetant son dévolu sur deux perles du pays de l’oncle Sam au premier tour: Ryan McDonagh, un défenseur de l’Université du Wisconsin et Max Pacioretty, un vert franc-tireur des Musketeers de Sioux City, de l’USHL. Ce n’est que quelques années plus tard que Timmins a eu des airs de génie, car ses choix étaient controversés à l’époque, alors que des Québécois comme Angelo Esposito et David Perron étaient disponibles à ses rangs de sélection.

Cette tendance n’est pas exclusive à la cuvée de 2007. En première ronde, le gourou du Canadien n’a jamais hésité à miser ses jetons sur des joueurs issus du programme américain, comme en témoignent les choix de Louis Leblanc, Jarred Tinordi et Michael McCarron. On pourrait tricher et ajouter Danny Kristo à cette liste, puisque ce dernier était perçu comme une carte cachée en deuxième ronde, entre autres parce qu’il constituait le premier choix du Canadien lors du repêchage de 2008.

Et n’oublions pas les Josiah Dider, Hayden Hawkey, Mike Cichy, Steve Quailer et Andrew Conboy, qui ont été repêchés plus tardivement.

Il faut dire que les preuves du modèle américain ne sont plus à refaire. On y développe des joueurs complets, mais aussi très talentueux. Il ne faut pas regarder plus loin que Patrick Kane qui a terminé l’année au premier rang des pointeurs avec une avance de 17 points sur Jamie Benn.

Mais il est particulièrement intéressant de constater qu’une bonne proportion des bons petits joueurs de la ligue nationale viennent des États-Unis. Johnny Gaudreau, Tyler Johnson, Torey Krug, Vincent Trochek, Cam Atkinson, Brian Gionta, Nathan Gerbe et Ryan Callahan sont des noms qui viennent en tête.

Le jeune Clayton Keller pourrait très bien être le prochain de cette lignée. Ce dernier est considéré comme le meilleur fabricant de jeu de sa cuvée. Ses statistiques sont comparables avec celles qu’ont compilées des joueurs d’élite à pareil âge. Et les recruteurs commencent à comparer son style de possession de rondelle électrisant à celui de Patrick Kane.

Les dernières prouesses du jeune passeur aux championnats des moins de 18 ans n’auraient pas laissé le Canadien indifférent. «Le Canadien aime bien Clayton Keller (cinq pieds dix pouces et 170 livres) qui a joué pour le programme américain. Ses feintes font parfois penser à Patrick Kane et Johnny Gaudreau et il a été très bon au tournoi U18», a affirmé la sommité du hockey junior Stéphane Leroux au journaliste Éric Leblanc de RDS.

La sélection de Keller ne ferait certainement pas l’unanimité auprès des amateurs de l’équipe, qui perçoivent encore la robustesse comme un maillon faible de celle-ci. D’autant plus que les meilleurs espoirs du Canadien sont plutôt chétifs, à l’exception de Michael McCarron. Charles Hudon, Sven Andrighetto, Artturi Lehkonen et Martin Reway sont tous en deçà des six pieds. Et le choix de 1re en ronde en 2014, Nikita Scherbak, préconise un style tout en finesse.

Il est toutefois dommage qu’encore aujourd’hui, le poids et la taille d’un joueur soient présentés comme des arguments suprêmes pour départager les espoirs. Un physique avantageux devrait pourtant être perçu comme un atout parmi tant d’autres, au même titre qu’un bon coup de patin ou un lancer puissant. Le talent général – la somme de toutes les habiletés, qui donne un produit final – demeurera la variable la plus importante de l’équation, c’est pourquoi le Lightning de Tampa Bay s’est rendu aussi loin que ses petits joueurs l’ont mené en séries l’an dernier.

Ajoutons que Trevor Timmins regrette amèrement d’avoir levé le nez sur le petit centre Claude Giroux à l’époque, lui préférant un grand défenseur, David Fischer, qui n’aura jamais disputé un match dans la ligue américaine. Ignorer un centre bourré de talent au repêchage est souvent synonyme de grave erreur, quelles que soient ses mensurations.

S’il mesurait 6 pieds, Keller constituerait peut-être bien un choix unanime au quatrième rang, tout juste derrière Jesse Puljujarvi. Toutefois, il est réaliste d’espérer que l’américain de 5’10 puisse encore grandir et prendre du coffre. Après tout, il n’a que 17 ans.

Le prochain repêchage est unique, car l’ordre des sélections 1 à 10 varie énormément d’un recruteur à l’autre. Il faut comprendre que si Pierre-Luc Dubois est mieux classé que Keller sur les listes, rien ne promet qu’il deviendra un meilleur joueur. Le CH doit-il vraiment payer le gros prix pour s’avancer dans ces circonstances, alors qu’aucun espoir à l’extérieur du «Big Three» ne s’est vraiment distancé du lot?

«Keller est une carte imprévisible, a confié un employé de la LNH à Elliotte Friedman. Il est possible qu’une équipe tombe en amour avec son talent pour le repêcher plus haut que les prédictions.»

Dans les prochaines semaines, il y aura une grande énigme à résoudre. S’il choisit un centre, le Canadien doit-il se laisser charmer par la polyvalence de Tyson Jost, le talent brut de Clayton Keller ou le potentiel alléchant du gigantesque Logan Brown? On analysera tout ça.

Le modèle américain de développement

Bien qu’il soit impossible de reproduire le talent naturel, un pays peut certainement optimiser la progression de ses joueurs en mettant sur pied un modèle de développement efficace.

Pour ce faire, il ne faut pas craindre d’innover. L’une des spécialités du modèle américain de développement (AMD) est de faire jouer les plus jeunes sur des demi-patinoires. En réduisant les dimensions de la surface, on s’assure que chacun touche au disque et soit constamment impliqué dans le jeu. «On ne réinvente pas la roue. Au baseball, les plus jeunes ne s’affrontent pas dans un stade grand comme le Yankee’s Stadium. Au hockey, ça a pris beaucoup de temps avant que cette mentalité soit adoptée», a analysé le directeur de l’AMD Ken Martel.

La plus grande crainte qui est exprimée par rapport à cette façon de faire est que les jeunes n’apprendront pas à patiner. Mais les artisans de l’AMD affirment avoir prévu le coup en mettant l’accent sur des exercices de patinage amusants et intuitifs.

En rafale
– Marc Crawford aime vraiment Auston Matthews! Un mélange de Kopitar et de Benn, selon lui.

– Le propriétaire des Mooseheads à propos des récents succès de Drouin: «Jo est un artiste, tu dois le laisser peindre.» (TampaBay.com)

– Les Blues de St-Louis ont égalisé le compte dans la série! (Radio Canada)

– Darren Dietz a saisi une belle occasion à la ligne bleue du Canadien. (HEOTP)

– Les Stars vont être dominants longtemps!

– Lucian Bute n’a pas l’intention d’accrocher ses gants. (Journal de Montréal)

– Il n’y a pas une journée qui passe sans une spéculation qui envoie Subban à Edmonton… Au tour de Mike Bossy. (TVA Sports)

– La famille Matteau passe du bon temps! (RDS)

PLUS DE NOUVELLES