Fin août, début septembre. Ça commence à sentir le retour du hockey, entre autres à cause du camp des recrues qui se mettra en branle la semaine prochaine.
Et qui dit recrues, dit repêchages!
Alors, pour nous divertir en attendant, avec l’aide de Hockeydb, je vous propose un petit retour en deux temps sur les 12 performances du Canadien au repêchage depuis l’ère Trevor Timmins.
Pourquoi 12? Oui, encore une fois, parce que c’est plus biblique!
Non, sérieusement, c’est que ça fait déjà 12 ans que Timmins a la responsabilité de faire progresser le CH là où ça compte le plus, sur l’estrade au mois de juin.
Commençons donc aujourd’hui à nous rafraîchir la mémoire en jetant un coup d’œil avec un peu plus de recul sur les années 2003 à 2008.
Timmins a-t-il relevé le défi avec son premier 6 pack?
2003 : S’il y a une année de repêchage de Trevor Timmins qui a souvent été commentée, c’est bien l’année 2003, qui marque son premier exercice du genre avec le CH. Malheureusement pour lui, Timmins a commis deux graves erreurs de débutant cette année-là.
La première, si souvent citée, repêcher Andrei Kostitsyn au 10e rang à la place de pas deux, pas trois, pas quatre, mais neuf joueurs vedettes repêchés plus tard en première ronde, dont certaines super-vedettes : J. Carter, D. Brown, B. Seabrook, Z. Parise, R. Getzlaf, B. Burns, R. Kesler, M. Richards et C. Perry.
Autrement dit, Timmins avait encore 1 chance sur 2 au 10e rang de repêcher l’équivalent d’une pierre angulaire pour sa nouvelle organisation. Malheureusement, l’histoire l’a fait verser du mauvais côté de la clôture.
Sa deuxième grave erreur– on n’a pas dû attendre trop longtemps – il l’a commise dès la deuxième ronde, avec la sélection au 40e rang de Cory Urquhart à la place de Patrice Bergeron (45e) et de Shea Weber (49e). Urquart n’a jamais été en mesure de tenir son bout dans la AHL…
Bien sûr, Timmins n’est pas le seul recruteur en chef à avoir foiré lors des deux premières rondes cette année-là. Il y a notamment des joueurs bien pires que Kostitsyn qui ont été repêchés en première ronde. Mais imaginez un seul instant le Canadien avec une combinaison de, disons, R. Getzlaf et S. Weber ou P. Bergeron!
Bref, 2003, malgré les 1560 matchs disputés dans la LNH par 6 des 11 joueurs qu’il a sélectionnés, est une année que Timmins préférerait peut-être oublier.
Maxime Lapierre (61e) et Jaroslav Halak (271e) sont des prix de consolation trop minces par rapport aux gaffes commises. Timmins a repêché 11 joueurs cette année-là (dont 4 dans les 80 premiers) et aucun n’est devenu un véritable joueur d’impact dans la LNH, à part Halak, le temps d’être l’hirondelle d’un printemps.
Au moins, de tout cela, il reste Lars Eller! Merci Pierre Gauthier!
2004 : Malheureusement pour Timmins, on ne peut pas dire qu’il s’est complètement racheté avec son premier choix en 2004, Mais quelques sélections très intéressantes lors de choix plus tardifs, une tendance qui va justement devenir sa marque de commerce, sont venus redresser la barque.
Choisi au 18e rang cette année-là, Kyle Chipchura est encore aujourd’hui un joueur de 4e trio des plus ordinaires. Sans parler de superstars, il y avait encore 6-7 choix plus intéressants que lui à faire en première ronde dont, Travis Zajac et Mike Green.
Il faut cependant lever notre chapeau à Timmins pour les sélections d’Emelin (84e), Grabovski (150e) et Streit (9e ronde, 262e!), trois nhlers tout à fait légitimes, voire même une vedette dans le cas de Streit.
En somme, n’eut été de Chipchura dont le développement a été passablement compromis par une blessure importante au tendon d’Achille (À la Robert Lang), 2004 représente quand même une bonne année. Six joueurs sur neuf ont atteint la LNH et y ont joué 1574. C’est vraiment pas mal du tout.
2005 : Une chance pour Timmins que Carey Price est devenu un gardien élite, car, disons-le, il ne reste plus rien d’autre dans la LNH de son repêchage de 2005.
À sa décharge, les tournures bizarres qu’ont prises les carrières de Guillaume Latendresse (45e) et de Sergei Kostitsyn (200e), à l’origine deux excellents choix, ne sont pas de sa faute. Quant à Matt D’Agostini, il est à compléter sa destinée de « Michael Ryder des pauvres » quelque part en Europe…
Encore ici, avec 1387 matchs de joués jusqu’ici par les quatre joueurs sur sept qui ont atteint le show, il faut donner pas mal de crédit au recruteur en chef du CH pour son travail en 2005. Bien sûr, il y en aura toujours pour dire qu’il aurait dû préférer Kopitar à Price. Mais ce dernier étant maintenant bien installé parmi les 5 meilleurs gardiens de la LNH, on ne peut dire que Timmins a commis de grosses gaffes cette année-là.
2006 : Si 2003, 2004 et 2005 se sont avérés des années satisfaisantes, surtout au niveau des matchs joués dans la LNH, les six joueurs repêchés en 2006 ont joué un gros total de 191 matchs dans la LNH à ce jour, dont 147, par, par, par, par, par Ryan White et 47 autres par Ben Maxwell! White et Maxwell ont jusqu’ici accumulé 25 points!
Quant à Mathieu Carle qui a joué trois matchs avec le CH, il vient de connaître une belle saison de 17 pts en 36 matchs à Zagreb dans la KHL…
On peut dire sans trop se risquer que Timmins n’atteindra pas les 500 matchs LNH pour ses sélections de 2006.
Mais le pire est sans doute la sélection incompréhensible de David Fisher au 20e rang, qui représente à ce jour le pire choix de première ronde de l’ère Timmins. Non seulement Fisher n’a joué aucun match dans la LNH, il n’en a joué que deux dans la AHL! Il jouait l’an dernier en Allemagne…
Toutefois, des doutes importants subsistent sur la paternité de ce choix. Selon un membre influent des Olympiques de Gatineau, la décision de préférer Fisher à Giroux ne venait pas de Timmins, qui aimait bien le petit Franco-ontarien, mais bien de Bob Gainey qui, attentif aux propos d’un autre dépisteur, voulait un défenseur en première ronde…
D’autres disent que le CH pensait être en mesure de repêcher Giroux avec un de leurs deux choix de deuxième ronde (49e et 53e). Permettez-moi d’en douter. Personne de voyait Giroux être choisi aussi loin… M’enfin, il demeure que Fisher était très haut sur la liste de Timmins et cela, en soi, était une grossière erreur.
2006 une année à oublier. Vraiment.
2007 : Voici l’année de tous les pardons! Repêcher successivement McDonagh (11e), Pacioretty (22e) et Subban (43e) n’est rien de moins que génial. Si on refaisait ce repêchage les trois joueurs seraient dans le top 6, rien de moins. C’est hallucinant.
Cependant, des six autres joueurs repêchés cette année là, seul Yannick Weber (73e) a atteint la LNH. Mais on n’en tiendra pas rigueur à Timmins qui avait déjà envoyé trois balles en dehors du stade à ses trois premiers tours au bâton…
Personne ne sera surpris si McDonagh, Pacioretty et Subban cumulaient plus de 3000 matchs et plus de 1500 points au terme de leurs carrières dans la LNH. WOW!
2008 : Le Canadien venait de compléter une saison de rêve où, mené par un Alex Kovalev en état de grâce, il avait terminé premier dans l’Est. La journée du repêchage, pressé par l’année du centenaire, et fort des succès de la saison précédente, Gainey décide de mettre le paquet. Il obtient le talentueux Alex Tanguay des Flames en retour du 25e choix au total. Ce n’était pas un mauvais échange du tout a priori, loin de là, même si Tyler Ennis Slava Voynov étaient encore disponible.
Avec cinq sélections, dont aucune en première ronde, la tâche s’annonçait donc ardue pour Timmins. Le Canadien a sélectionné un premier joueur au 56e rang : Danny Kristo. À 24 ans, Kristo, échangé depuis au Rangers de New York en retour de Christian Thomas a encore des chances d’atteindre la LNH, mais disons qu’il est mieux de se dépêcher…
Maxim Trunev (138e), qui montrait pourtant de belles promesses, ne s’est jamais développé tel qu’espéré et peine à faire sa marque dans la KHL, même après huit années dans ce circuit.
Jusqu’à l’an passé on avait encore espoir que Steve Quailer devienne un bon joueur de soutien, costaud et rapide, mais des blessures à répétition l’ont passablement ralenti et il fut échangé l’an dernier au Kings, ou plutôt au Monarchs de Manchester…
Avec aucun joueur qui n’a disputé un seul match à ce jour dans la LNH, on peut donc dire que 2008 fut le repêchage le moins fructueux de l’ère Timmins.
Conclusion
2006 et 2008, sont clairement des années à oublier. Des années qui ont fait reculer le Canadien. À la décharge de Timmins, Gainey n’est certainement pas venu l’aider dans son travail lors de ces deux repêchages. Il lui a même nuit selon toutes vraisemblances. 2003, 2004, 2005 demeurent de bonnes années au plan quantitatif, même si le qualitatif laisse à désirer, particulièrement en 2003. Quant à 2007, les trois premières sélections de Timmins en font un repêchage modèle dans les 12 dernières années, toutes équipes confondues.
Bref, malgré quelques sélections encore frustrantes aujourd’hui, Timmins mérite bien au-delà de la note de passage pour ce premier segment.