Acheter un fonds négocié en bourse est un meilleur investissement que le Canadien

J’ai été aussi surpris que vous d’apprendre hier que le Canadien valait toujours 1,34 milliard $ selon le magazine Forbes. La pandémie aura fait chuter la valeur de la plupart des équipes de la LNH, mais pas celle des cinq plus riches du circuit. Le CH fait partie de ce top 5 là (troisième).

Il faut toutefois s’attendre à ce que la valeur du CH baisse un peu en 2021. La saison 2019-20 a pu être présentée à 85 % devant des spectateurs, alors que la prochaine campagne sera plus courte et devant des gradins vides.

Par contre, la valeur du CH pourrait remonter rapidement en 2022, alors que les gens seront visiblement de retour dans les estrades et que la LNH aura un nouveau contrat de télé (beaucoup plus lucratif) au sud de la frontière.

En fouillant un peu, je me suis rappelé que Geoff Molson et ses partenaires ont acheté le Canadien de Montréal pour la somme de 575 millions $ en 2009. Le club vaut aujourd’hui 1,34 milliard $. Bien sûr, tous ces montants sont en dollars américains.

En 11 ans, le Club de hockey Canadien a donc pris 765 millions $ en valeur marchande.

Sa valeur aujourd’hui est de 2,33 fois celle d’il y a 11 ans.

Tout un investissement, vous me direz…

Et vous avez raison!

Par contre, j’ai été encore surpris d’en venir à la conclusion suivante (après quelques petites simulations) : si Geoff Molson avait tout simplement placé ses billes à la bourse, il aurait fait un (bien) plus gros profit.

Et je ne parle pas de faire du day trading, de prendre d’énormes risques et d’avoir à tout prix miser sur le bon cheval.

Non!

(Crédit: 91,9 Sports)

Si Geoff Molson et ses partenaires s’étaient achetés pour 575 millions $ du fonds négocié en bourse VTI – un FNB regroupant 4000 actions américaines, donc pleinement diversifié et peu risqué -, son placement vaudrait aujourd’hui 2,36 milliard $, soit 4,11 fois le montant de sa mise initiale…

Et près de deux fois la valeur du CH ce matin!

VTI se transigeait à 46,39 $ le 20 juin 2009 (date de l’entente de principe entre George Gillet et Geoff Molson) et il vaut pas moins de 190,67 $ ce matin!

Vous me direz que Geoff Molson a fait quelques millions $ de profit à chaque année avec les opérations du Canadien et vous avez raison.

Par contre, VTI a remis un dividende d’environ 0,5 % à chaque année depuis 2009, ce qui correspond à environ 3 millions $ pour les premières années et à près de 12 millions en 2020!

Additionnez tous ces dividendes-là, considérez que Geoff les aurait réinvestis dans VTI, et ajoutez à ça le gain en capital qu’il aurait aujourd’hui… et je crois que l’on peut dire que Molson aurait définitivement fait plus d’argent à placer son argent à la bourse, plutôt qu’à acheter le Canadien de Montréal. Imaginez s’il avait risqué un peu et qu’il avait acheté des titres technologiques à haut rendement!

Tout ça en n’ayant pas de job à faire au quotidien et en n’ayant aucune pression de la part des médias, de certains directeurs ou du peuple.

Sachez qu’il aurait pu faire encore plus d’argent s’il avait décidé d’emprunter à partir de ces 575 millions $ pour investir encore plus. On appelle ça un compte de type margin.

Mais bon… Molson a aussi fait beaucoup de profit avec l’immobilier qu’il a acquis et construit au centre-ville, alentour du Centre Bell (et en lien avec la marque Canadien). Espérant que la pandémie ne viendra pas tout scrapper ça…

Ah oui… Si Geoff Molson avait fait plus d’argent en mettant son argent à la bourse, plutôt qu’en achetant un club aussi prestigieux et riche que celui du CH, vous imaginez à quel point les propriétaires des Coyotes, des Panthers et autres clubs moribonds de la LNH ont renoncé indirectement à de possibles gains importants au fil des ans?

Au final, ceux et celles qui répètent qu’un club de hockey, c’est un jouet pour les riches, ont raison. Faut juste pas que le jouet coûte trop cher (comme cette année).

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