Analyse du repêchage du CH : Mission accomplie malgré un samedi plutôt maussade

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Sans surprise, la journée du samedi n’a certainement pas été aussi enthousiasmante que la soirée magique de vendredi pour les partisans du CH. Mais ce n’est pas bien grave : tout le monde était pas mal lendemain de veille… peut-être même les dirigeants!

Car il faut bien le dire, en leur ayant permis de compléter ce qui m’apparaît un noyau digne de l’élite d’ici 2-3 ans par les sélections de Ivan Demidov et Michael Hage en première ronde, la Flanelle pourrait bien avoir connu ses deux heures les plus déterminantes des dernières années.

Concentrons-nous donc d’abord sur ces joueurs et certaines surprises de la première ronde avant de glisser quelques mots sur les autres sélections du Tricolore.

5^e rang : Ivan Demidov

J’ai répété à plusieurs reprises depuis février que si un individu pouvait un jour s’approcher, voire dépasser, Macklin Celebrini comme meilleur joueur du repêchage 2024, c’était Ivan Demidov. C’est pourquoi je l’avais classé au 2^e rang sur ma liste et qu’il y est demeuré jusqu’à la fin.

Je suis donc plutôt d’accord avec son agent Dan Milstein lorsqu’il affirme que si Demidov avait joué en Amérique du Nord cette saison, il y aurait pu y avoir une vraie lutte entre lui et Celebrini.

Milstein avait utilisé la même logique pour affirmer que Alexander Romanov (38e) aurait dû être un choix top-10 en 2018. Force est d’admettre que la suite des choses lui a pas mal donné raison…

Bref, j’écris ces lignes quelques heures après la sélection de Demidov par le CH au 5^e rang et je n’en reviens toujours pas.

Demidov en Bleu-Blanc-Rouge, c’est une réalité.

Il y avait pourtant des signaux qui pointaient vers la possibilité que Demidov soit toujours disponible au 5^erang, mais je me disais, en gros que Chicago, Anaheim ET Colombus ne pourront pas tous passer par-dessus lui.

La sélection quelque peu surprise  – même pour le principal intéressé! –  mais parfaitement défendable de Beckett Sennecke au 3^e rang par les toujours énigmatiques Ducks a bien sûr chamboulé plusieurs pronostics.

https://youtu.be/W4OAbWiS64E?si=IAhbdPndYfOar9CA

En gros, les Hawks, Ducks et Jackets semblent avoir priorisé certains besoins ou types de joueurs, donnant encore une fois du plomb dans l’aile à la théorie selon laquelle les équipes devraient toujours repêcher le fameux « meilleur joueur disponible » dans le top-5.

Sans dire qu’elles choisissent exclusivement en fonction des besoins, ça prouve une fois de plus que les équipes choisissent plutôt l’option optimale dans leur contexte bien à elles ; elles optent pour le joueur qui les aidera le plus à devenir globalement meilleur.

Or, j’ai vraiment l’impression que les équipes qui choisissaient de 2 à 5 cette année ont tous pu opter pour leur option optimale.

Si ma lecture est bonne, c’est donc dire qu’elles auraient fait exactement la même sélection si elles avaient toutes pu choisir au 2^e rang!

Mais bon, Demidov, ça demeure une sacrée veine pour le CH vu d’ici! On en parlera longuement dans les prochains mois!

En attendant on peut déjà dire que le dynamique attaquant russe a le potentiel de devenir une supervedette – au même titre que Slafkovsky – et que c’est en plein ce que le médecin avait recommandé au CH.

Suite à l’échange de Pierre-Luc Dubois la journée précédant la publication de notre mock draft maison, j’avais ciblé Michael Hage comme une option alternative pour les Kings au… 21^e rang, tiens donc!

Hage aurait été un beau remplaçant à long terme pour Dubois dans le plan de Los Angeles. Mais Rob Blake a plutôt décidé d’aller dans une autre direction, préférant obtenir le choix de 2e ronde du CH qui leur a finalement permis de combler un besoin en sélectionnant l’excellent gardien Carter George au 57e rang.

Hage a un a talent certain. Même s’il n’est pas petit à 6’1, c’est un peu la version light de Beckett Sennecke dans ce repêchage. Un patineur fluide, doté d’excellentes mains, d’un bon tir et d’une belle vision offensive.

Après un début de saison difficile suite au décès tragique de son père – on le comprendra – il a été le meilleur marqueur de la USHL en deuxième moitié de saison, enregistrant pas moins de 50 points à ses 29 derniers matchs. Une performance tout simplement exceptionnelle, supérieure à Trevor Connelly, choisi deux rangs plus tôt…

Hage doit juste continuer à accumuler de l’expérience, puis se développer physiquement et tactiquement, particulièrement dans sa zone.

Voilà un très beau potentiel d’attaquant de milieu de formation, un joueur intelligent qu’on pourra même promener sur les trois premiers trios au besoin.

La définition même d’un joueur dit « d’impact »; un soldat meilleur que la moyenne.

Il était aussi fort rafraichissant de l’entendre s’exprimer dans une excellent français, lui qui a passé une partie de sa jeunesse dans la région de Montréal. Bravo!

Je ne pense vraiment pas que Hage aurait pu se rendre au 26^e rang. Donc, c’est en apparence un excellent coup de Kent Hughes d’avoir pu monter de cinq échelons pour sélectionner un joueur que l’organisation aimait, un scénario qu’on avait évoqué la veille du repêchage..

Buium au 12^e rang??? Luchanko, 13e?

Sans dire que Zeev Buium était un slam dunk comme meilleur défenseur de ce repêchage, il était néanmoins mon favori dans ce rôle devant Sam Dickinson.

Je l’avais au 3^e rang derrière Celebrini et… Demidov.

Un potentiel de supervedette, Buium.

En après-midi vendredi, il y avait même de fortes rumeurs que les Ducks allaient se tourner vers lui au 3e rang.

Cela dit, Buium, qui a littéralement gagné partout où il est passé ces deux dernières saisons (U18, U20, NCAA ), n’a pas l’air de se prendre pour un 7up flat et peut-être que dans la très conservatrice LNH, son manque d’humilité n’a-t-il pas plu à tous en entrevue. Selon ses dires, il amènera à lui seul une « culture gagnante » à l’équipe qui le repêchera, rien de moins!

Mais, je vous le jure, si au terme de sa carrière, dans 15-20 ans, il ne se classe que cinquième meilleur défenseur de ce repêchage, je vais devoir aller me faire greffer des cheveux chez Hairfax en mémoire de Guy Lafleur!

Et donc à quoi ont pensé les Flyers lorsqu’ils ont inversé leur choix avec celui du Wild laissant Buium et son potentiel incroyable à ces derniers pour ensuite se tourner vers… Jett Luchanko au 13e rang?

Pour ce que ça vaut, nous l’avions récemment placé au 32e rang de notre repêchage simulé, Luchanko…

On parle d’une version améliorée d’Owen Beck dans le meilleur des mondes. Un troisième centre. Un genre de Konsta Helenius « canadien d’Amérique du Nord », comme aurait pu dire Elvis Gratton,

Pour ses admirateurs, le bon Konsta est d’ailleurs sorti tout juste après Luchanko au 14^e rang chez les Sabres…

Drôle pareil! 

J’avoue ne pas trop avoir compris la sélection aussi précipitée du fils de Saku, ancien capitaine du Canadien, et neveu de Mikko, M. Wild du Minnesota. Est-ce du sentiment pur ou du pur sentiment? Pas selon Bobrov et le Canadien, mais... le mystère plane.

On ne veut pas être méchant, mais dans le cas d’Aatos, on a envie de dire que la pomme est quand même tombée un petit peu loin de l’arbre généalogique.

On veut bien croire qu’il a eu 18 ans que la semaine dernière et qu’il commence à peine à prendre du coffre, qu’il est très loin du produit fini, mais quand même. L’ensemble de l’oeuvre demeure modeste, sans grand panache, ni grande démonstration de caractère…

On lui reconnait toutefois d’assez bonnes mains, un bon tir – sans être sensationnel – et une belle agilité sur patins. Pour l’instant, il a beau comparer son style à Sebastian Aho, il ressemble plus à un Jesse Ylonen des pauvres (aouch!) capable de jouer au centre…

Donc, rien de renversant du côté de Koivu, même dans un calibre de jeu très ordinaire en Finlande dans des ligues U18 et U20.

Au Championnat mondial U18, il a été carrément invisible, n’enregistrant qu’une toute petite passe en 5 matchs… Le U18 n’est pourtant pas un tournoi où il est difficile d’engranger les points pour les bons joueurs.

Tirez-en vos propres conclusions…

Pour le reste, il y a bien le charismatique Logan Sawyer (78e) qui a de belles qualités : énergique, intelligent, fonce au filet au bon moment, un peu de créativité et un tir précis. Mais on parle probablement au mieux d’un gars qui a une chance d’atteindre la LNH sur un quatrième trio. Le Vinzenz Rohrer de cette cuvée…