ANALYSE : Les «meilleurs» joueurs de location, un piège

À la date limite des transactions, ce sont les vendeurs qui gagnent, lorsqu’il est question de joueurs de location.

Les rentals, dans la Ligue Nationale, sont des joueurs dont le contrat prend fin à la fin de la présente saison et qui sont généralement acquis par des équipes qui veulent tout faire en leur pouvoir afin de remporter la Coupe Stanley.

Ça, c’est la définition qu’on leur donne. Je qualifierais plutôt un joueur de location de véritable piège à choix au repêchage qui ne sert qu’au bénéfice de l’équipe qui vend.

Encore vendredi soir, un de mes anciens collègues de travail avec lequel j’ai collaboré lors de mes plus jeunes années à la tête de Fanadiens.com me répétait encore qu’aller chercher un gros nom, à la date limite des transactions, était une idée logique.

J’ai donc commencé à nommer les plus récentes équipes ayant gagné la Coupe Stanley. Plus je reculais, plus je me rendais compte à quel point cette idée est farfelue : les équipes qui ont le plus de succès, en séries éliminatoires, sont celles qui n’ajoutent pas de joueurs importants à leur noyau avant le tournoi printanier. Celles qui restent soudées et qui ne jouent pas avec la stabilité de leur chemistry.

J’ai donc décidé de dédier une petite recherche à ce sujet.

Qui sont, lors des dernières années, les joueurs de location acquis par une équipe championne de la Coupe Stanley?

Les critères étant les suivants :

  1. Avoir été acquis au courant du mois de février ou mars.
  2. Avoir été échangé contre au moins un choix au repêchage/jeune joueur ayant moins de 3 ans d’expérience dans la LNH
  3. Avoir un contrat qui vient à échéance quelques mois après leur acquisition.

Au courant des dix dernières années, il n’y en a que dix qui respectent ces trois critères. Vous pouvez constater par vous même qu’il ne s’agit pas de la mer à boire.

Marian Gaborik est fort probablement le seul joueur se retrouvant dans une classe à part. Pour la majorité des autres, on parle de joueurs de soutien (au moment de l’acquisition) qui n’ont pas eu un impact si important sur la conquête. Plusieurs ont joué un rôle beaucoup plus réservé, comme en témoignent les statistiques ci-haut.

Les joueurs de location les plus impressionnants des dix dernières années, eux, n’ont jamais remporté la Coupe Stanley. Le succès est TRÈS rare. À la fin de la journée, ces joueurs ne vous auront offert que quelques matchs insignifiants, leur ancienne équipe vous ayant littéralement des choix au repêchage.

« Oui, mais ce joueur les a aidés à se rendre en deuxième ronde! »

Évidemment, mais ont-ils remporté la Coupe Stanley? Non.

Même chez les joueurs de location de luxe, la majorité n’est même pas en mesure de se rendre loin en séries. Lorsqu’on discute de cette catégorie DE LUXE, on s’attend à ce qu’ils rendent au moins en troisième ronde ou en finale, mais ce n’est pas le cas pour tous.

Pour n’en nommer que quelques-uns, vous n’avez qu’à penser à Kevin Shattenkirk (éliminé en deuxième ronde), Martin Hanzal (éliminé en première ronde), Mikkel Boedker (écarté des séries), Andrew Ladd (éliminé en première ronde), Eric Staal (éliminé en première ronde), Andrej Sekera (écarté des séries) et Ryan Miller (éliminé en première ronde).

Ce sont eux, les gros noms des dernières années. Ils n’ont rien fait. Rien. En fait, je ne dis pas qu’il faut à tout prix éviter tout joueur respectant ses critères, mais bien qu’il faut être indulgent. Les joueurs les plus alléchants/coûteux ne sont jamais ceux qui aident à gagner une Coupe Stanley. Il faut analyser le marché secondaire.

Les seuls à avoir réussi à se rendre assez loin sont les joueurs d’exception comme Martin St-Louis, Jaromir Jagr, Jarome Iginla et Marian Hossa. 

Le jour où Jonathan Toews sera un joueur de location, j’y croirai. D’ici là, il n’est pas question pour moi de mettre un seul sou sur quelconque équipe qui misera sur les services de Rick Nash et Evander Kane.

L’équipe qui gagnera la Coupe Stanley, en 2018, ne sera pas celle qui aura mis la main sur le plus gros poisson, mais peut-être celle qui aura effectué des acquisitions logiques et non exagérées en misant sur, disons, Andrew Shaw? Patrick Maroon? Ian Cole? Zack Smith?

C’est ce que je crois, et j’ai toutes les raisons de le faire.

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