Le monde des médias est en plein évolution révolution. J’aurais même pu mettre un R majuscule à Révolution, mais je ne voulais pas faire d’allusion à quoi que ce soit de dansant…
On est passé de journaux où la performance (et la rentabilité) individuelle n’était pas vraiment prise en compte – on remplissait des pages et des pages de papiers que l’on vendait ensuite aux gens ET aux annonceurs (on ne savait pas toujours quelle page était la plus lue et quelle page ne l’était pas vraiment) – à un modèle où l’on connaît le nombre d’ouvertures de chaque maudit lien URL poussé par un média.
Un chroniqueur que personne ne lit n’a plus de job après quelques mois à peine en 2024…
Et un texte qui multiplie les clics va engendrer de plus gros revenus… pour le média et indirectement pour le rédacteur. La personne qui écrit les textes les plus lues garde sa job, elle. Believe me!
Bien sûr, tous les médias ne sont pas prêts à faire la même chose pour avoir des clics. Certains inventent, d’autres romancent… alors que d’autres misent sur le long terme en se disant que la qualité va toujours finir par payer davantage que ce qui est cheap.
Je sais, plusieurs puristes préféreraient que le modèle soit différent, mais il est comme ça. That’s it.
Avec les subventions et les dons que certains médias traditionnels touchent, disons que cette relation performances – revenus est moins grande chez certains. De quoi plaire à certains puristes visés ci-dessus…
Reste qu’un fait demeure pour tous : les médias ont mal et souffrent actuellement. Notamment les médias sportifs québécois et francophones. Quand tu es une niche dans une niche qui elle aussi est dans une niche… et qu’il n’y a qu’un seul sujet qui soit vraiment rentable (le Canadien), ça complique les choses. Surtout lorsque le marché de la publicité connaît des creux…
C’est aussi comme ça à la télé – il y a eu de nombreuses coupures à RDS et à TVA Sports – et à la radio. BPM Sports se bat pour être profitable depuis la création du 91,9 Sports…
Même chose pour TVA Sports !
Le 98,5 mise moins sur le sport qu’avant…
Et voilà qu’on apprend aujourd’hui que même Radio-Canada a décidé d’amincir son département des sports. Marc-André Lemieux (La Presse) a effectivement annoncé tôt ce matin que neuf membres du département des sports de Radio-Can vont quitter leur emploi au retour des Jeux olympiques et paralympiques de Paris.
Son article s’intitule « On est dans le noir ». Ça dit tout.
Selon Lemieux, sept vétérans de Radio-Canada Sports (Montréal) prendront leur retraite au cours des prochaines semaines.
« La direction a présenté des indemnités bonifiées aux journalistes sportifs Guy D’Aoust, Robert Frosi, Diane Sauvé, Philippe Crépeau, Jean St-Onge, Jean-François Chabot et Michel Chabot. Tous ont accepté l’offre. » – Marc-André Lemieux, La Presse
À noter que neuf employés, c’est environ 20 % du staff, permanent et surnuméraire.
Il y a matière à s’inquiéter à l’interne car les gens toujours en place ne savent pas s’ils seront les prochains à être tassés… et ils voient des vétérans sur qui ils pouvaient s’appuyer (et apprendre) prendre la porte. Si les salles de nouvelles ne sont désormais remplies que de ti-culs qui sortent de l’école, ça diminuera certes la qualité des informations transmises au grand public.
Rappelons qu’en décembre 2023, la direction de Radio-Canada avait annoncé avoir pris la décision de supprimer 800 emplois ; le déficit annuel de Radio-Canada étant de plus de 125 millions $. Radio-Canada a beau être financé par de l’argent public, ça reste de l’argent réel quand même… de l’argent qui vient des poches des contribuables.
Je tiens à donner mon soutien aux gens qui perdront leur emploi – et qui n’avaient pas prévu se retrouver à la retraite en 2024 – de même qu’à ceux qui resteront, mais qui devront dealer avec une anxiété latente concernant leur avenir. Surtout que selon les dernières rumeurs, les grands patrons de CBC souhaiteraient éliminer des emplois francophones de gestion pour gérer (en parties du moins) Radio-Canada des bureaux anglophones de CBC…
Le milieu des médias a toujours été difficile, mais il l’est encore plus depuis l’arrivée du numérique et des réseaux sociaux. Les gens continuent de s’informer, mais pas de la même façon qu’il y a 20 ans ! Le vieux modèle ne tient plus quand même un média comme Radio-Canada décide de couper dans son département des sports…
Sans parler de l’information régionale qui est en train de disparaître.
Les gens autour de moi qui ont quitté l’univers des médias pour aller travailler dans un autre domaine se comptent sur les doigts de mes deux mains… et de celles de ma conjointe.
Pas sûr que j’aimerais ça que mon gars nous dise un soir : « P’pa, m’man, je m’en vais étudier en journalisme ! »
Pour ceux et celles qui souhaiteraient en savoir plus sur ces récentes coupures à Radio-Canada, je vous invite à nouveau à lire l’article de La Presse à ce sujet.