Bell vend ses parts des Maple Leafs, mais conserve celles des Canadiens (pour l’instant)

Méga bombe dans le monde du hockey ce matin : Bell (Cell Canada Enterprises/BCE Inc) a annoncé avoir vendu sa participation dans Maple Leaf Sports And Entertainement (MLSE Inc) pour 4,7 milliards $. La transaction comptable sera complétée l’été prochain si toutes les ligues impliquées l’approuvent.

Le scoop revient à Scott Soschnick (Sportico).

Il faut comprendre que MLSE, ce sont les Maple Leafs, les Raptors, les Argonauts, le Toronto FC, les Marlies et quelques autres concessions sportives de plus petit ordre. C’est aussi quelques amphithéâtres dans la capitale ontarienne…

BCE détenait 37,5 % de MLSE, ce qui signifie que la compagnie mère est maintenant évaluée à 12,5 milliard $. À noter que les Maple Leafs à eux seuls valent 2,8 milliard $ selon les derniers calculs du magazine Forbes. Il s’agit de l’équipe la plus chère de toute la LNH…

Rogers (75 %) et Larry Tanenbaum (25 %) sont donc désormais les deux propriétaires de toutes les concessions torontoises énumérées ci-dessus.

Rappelons que le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (RREO) a déjà été propriétaire principale de MLSE, mais qu’il a vendu ses parts (près de 80 %) pour 1,32 milliard $ en 2011.

On a donc une formule où Rogers possède les grosses équipes sportives torontoises, alors qu’à Montréal, c’est plus diversifié : Geoff Molson et ses partenaires (Groupe CH) sont les actionnaires majoritaires des Canadiens, avec Bell à titre de partenaire minoritaire. Les Alouettes appartiennent à Pierre-Karl Péladeau et le CF Montréal, à la famille Saputo.

La présence d’un fonds d’investissement saoudien avait d’ailleurs fait beaucoup jaser il y a un peu moins de deux ans chez les partenaires de Geoff Molson


Qu’est-ce que cette vente torontoise signifie ?
Il y a plusieurs façons de lire cette nouvelle-là.

1. Puisque Bell s’est assuré de conserver ses droits de diffusion des matchs des Raptors et des Maple Leafs (droits régionaux) pour les 20 prochaines années, on pourrait penser que la compagnie songe à abandonner la détention de parts dans des équipes sportives pour se concentrer sur les sphères médiatiques (diffusion de contenu, création de contenu, etc.) tout en continuant de fournir des services télé et mobile/Internet.

Si c’est ça, on pourrait penser que BCE vendra aussi éventuellement ses parts chez le Canadien…

2. Détenir des équipes dans plusieurs villes et dans plusieurs ligues était peut-être devenu trop complexe – on non-stratégique – pour BCE. Se concentrer sur le Canadien de Montréal pourrait donc avoir du sens aux yeux des actionnaires de BCE. Diffuser la série sur la reconstruction des Canadiens – lié à la possibilité de voir des matchs du CH être exclusivement diffusé sur Crave en 2026-27 – pourrait indiquer une stratégie très montréalaise pour Bell…

3. Avec la crise des médias qui fait rage en ce moment, aller chercher un aussi gros montant (cash-flow) a de quoi aider pour soutenir l’entreprise durant la crise et/ou à réinvestir cette somme ailleurs, question de mieux s’adapter pour l’après-révolution médiatique.

Quoi que les chiffres de BCE sont encore très bons ; l’entreprise a dégagé un bénéfice net de plus de 2 milliards $ en 2023.


4. Il est possible de penser qu’avec les droits nationaux – et régionaux au Québec – de la LNH qui sont à renégocier pour 2026-27, BCE a pris conscience d’un fait : ça va coûter cher. Très cher !

L’entreprise peut s’être dite qu’elle va miser gros et essayer de tout ramasser – ce qui va prendre un gros cash-flow -, question d’essayer d’éliminer son ennemi juré du portrait. Québecor envoie encore des flèches à Bell dans ses pubs les plus récentes et le conflit opposant les deux entreprises n’est pas encore clos au CRTC. Bell et Rogers ont travaillé – et vont encore – travailler ensemble, Rogers et Québecor travaillent ensemble… mais Bell et Québecor, ça a toujours été plus compliqué!

Est-ce que Bell est en train de préparer une attaque pour couper l’herbe sous le pied de Québecor (TVA Sports) ?

Mirko Bibic a d’ailleurs évoqué l’expression souplesse financière ce matin dans le communiqué de presse officielle diffusé par BCE.

J’ai l’impression que cette méga vente, elle s’inscrit également comme mise en bouche pour autre chose. Quelque chose qui aura beaucoup de sens lorsque divulgué en 2025, genre…

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