Bergevin : la maison est en ordre

Vous connaissez sans doute le sentiment à la fois calme et soulageant que procure une maison en ordre. On y respire tellement mieux!

Vous avez passé à travers vos armoires de cuisine, vos tiroirs pleins de vieux t-shirts jaunis, vous avez classé la pile de livres et de magazines qui trainaient depuis trois mois sur le coin de votre bureau, vous avez fait le ménage des vieilles cannes de peinture qui encombraient votre sous-sol ou votre garage, vous avez enfin remplacé le vieux silicone noirci dans la douche.

Ça y est tout est en ordre!

Bon, il y aurait peut-être encore quelques petites fissures dans le gypse à réparer ici et là à cause que la maison « travaille », mais bon, la perfection n’est quand même pas de ce monde!

Une maison en ordre c’est vraiment l’idée qui me vient en tête quand je regarde la formation actuelle du Canadien de Montréal à la suite des récents gestes réfléchis posés par Marc Bergevin.

On peut vanter le courage, la loyauté et les mérites de Josh Gorges jusqu’à demain matin, Gorges c’était un peu comme cette vieille tondeuse en métal rouge vin dans le coin du garage.

Elle marchait encore, elle avait été fiable pendant de nombreuses années, mais il fallait commencer à penser à la ménager pas mal, voire à la remplacer. Elle faisait beaucoup de bruit, prenait de plus en plus d’huile et les résultats promettaient d’être de moins en moins satisfaisants.

Allait-elle valoir les frais d’entretien qui s’en venaient?

Et puis, si on pouvait la remplacer par un modèle aussi, voire plus performant pour une fraction du prix?

Et puis, avant qu’elle ne traîne inutilement dans le coin du garage pendant des années, aussi bien l’échanger contre un petit quelque chose qui sera utile un moment donné, non?

Du côté de Gionta, pensez à cette fameuse essoreuse à salade qui occupe pas mal d’espace dans votre armoire. Elle vous a rendu de bons services dans les 25 dernières années, elle a même connu ses heures de gloire dans le temps où le combo salade César et fajitas était bien à la mode (c’était bien avant la folie du chou-kale).

Mais vous l’avez mis sur la table « gratis » à votre dernière vente de garage (à côté d’un VHS de La Bamba) et pendant que, le dos tourné, vous étiez en train de négocier un malaxeur à la vente de garage du voisin, quelqu’un en a fait son bonheur et est parti avec votre vieille essoreuse brune et beige.

C’est bien parfait comme ça.

Pour essorez de la laitue, pour les fois que ça arrive, un linge à vaisselle fera très bien l’affaire sans prendre tout cet espace dans votre armoire…

Conservez cet essoreuse à laitue plus longtemps n’aurait été que nostalgie et loyauté mal placées!

Un coup d’œil à l’alignement du CH et un autre à la structure salariale de l’équipe convaincra n’importe qui qu’il n’y a plus grand’ contrats encombrants dans cette équipe, et ça, à l’ère du plafond salarial, c’est absolument essentiel pour gagner.

Gorges était payé comme un 3e défenseur mais n’en était pas un.

Gionta demandait un contrat digne d’un très bon joueur de 2e trio, ce qu’il n’était plus.

Bergevin a procédé logiquement. Il a accompli le travail pour lequel on le paie. Il a pris les décisions difficiles qui s’imposaient.

Ces deux récentes audacieuses décisions concernant Gorges et Gionta s’inscrivent dans une logique de gestion des effectifs presque irréprochable depuis la venue de Bergevin.

Depuis son arrivée en poste, Bergevin a racheté les malheureux contrats de Gomez et Kaberle.

Il a octroyé des contrats à long terme très, très enviables à Pacioretty et Price, deux athlètes dans la fleur de l’âge jouant pour des dollars en dessous de leur valeur sur le marché pour encore plusieurs saisons

Il a refusé d’entrer dans une surenchère pour Vanek, un joueur qui, tout considéré, ne l’aurait probablement pas aidé à gagner davantage.

Il a réussi à s’entendre avec Markov à un prix très raisonnable pour une durée presque aussi raisonnable.

Il a réparé une petite erreur en échangeant Brière pour Parenteau, un joueur plus jeune et plus productif.

En Gilbert, Weaver et Malhotra, il est parvenu à mettre la main sur du talent, de l’expérience, de l’efficacité et du caractère pour un prix d’ami. Encore ici, zéro contrat encombrant.

Les pessimistes pointeront en direction des contrats de Moen et de Prust à qui il reste encore deux saisons à jouer à hauteur de 1,8 M et de 2,5 M$, respectivement. D’autres diront qu’on regrettera le contrat d’Emelin.

Premièrement, même si les Moen et Prust sont légèrement surpayés, ce n’est vraiment pas la fin du monde.

Mais Moen et Prust, en santé, peuvent encore rendre de fiers services sur le 4e trio et en désavantage numérique en plus d’assumer un certain leadership. C’est déjà ça.

Et peu importe leur performance, leur impact sur une masse salarial de 69 M$ demeure marginal. Ça n’excuse pas Bergevin, mais à peu près toutes les équipes ont du conclure ce genre d’ententes avec des joueurs autonomes de deuxième catégorie.

En fait, le problème des contrats de Moen et Prust, c’est davantage la durée que le montant.

Du côté d’Emelin, peut-on attendre de voir un peu ce qu’il offrira comme jeu du côté gauche avant de critiquer? Emelin entre théoriquement dans les meilleurs années de sa carrière, on ne parle pas d’un joueur en déclin…

Bref, personne ne peut garantir que ce club va gagner la coupe Stanley d’ici cinq ans.

Mais au moins il semble que la direction en place est en mesure de limiter au minimum le nombre d’erreurs de gestion qui font en sorte que tant de franchises s’enlisent ou font du surplace d’année après année.

Le Canadien est encore, et plus que jamais, en progression et ce, en grande partie, dû à une gestion intelligente des effectifs sous Bergevin.

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