Ça va mal chez le CH? Attendons de voir

Jouer à l’avocat du diable est une seconde nature pour moi. Et cet instinct fait rapidement surface quand je lis des commentaires tout blanc ou tout noir. Oui, mon collègue Max en a parlé plus tôt aujourd’hui, mais j’aimerais apporter mon grain de sel également.

Ainsi, jeudi paraissait dans The Gazette un texte de Brendan Kelly pour sa chronique What the Puck s’intitulant : Habs management gets a failing grade. En français : La direction des Canadiens n’obtient pas la note de passage.

À mon avis, c’est devenu une habitude trop facile de taper sur la tête de Molson, Bergevin et Therrien. Pas que le triumvirat soit parfait, mais une mauvaise saison et l’échange de P.K. Subban, si désastreux paraissent-ils, ne sont pas suffisants pour complètement détruire ce qui a été fait par le passé. Du moins, IL EST TROP TÔT POUR LE CONCLURE.

Kelly nous parle de la dernière semaine qui a encore une fois été mauvaise pour l’organisation en revenant sur la prestation de P.K. et l’absence de membres de l’équipe au gala Just for Laughs, du texte de son collègue Stu Cowan sur l’absence de Shea Weber du paysage montréalais et des classements de The Score qui ont placé Marc Bergevin et Michel Therrien dans le dernier tiers de le LNH des DG et entraîneur-chefs.

Ok, mais encore? Que vouliez-vous que Marc Bergevin ou Max Pacioretty aille faire au gala de P.K.? Lui enlever le spotlight? Répondre aux questions des journalistes par des banalités? Démontrer qu’ils aiment PK? Peu importe ce qu’ils auraient fait, la moitié du monde aurait dit que c’était bien et l’autre moitié aurait dit que c’était pour créer une façade.

C’était la soirée P.K. Subban. Les Canadiens allaient être mêlés à ça, mais n’avaient absolument rien à gagner à s’y présenter parce qu’ils n’avaient aucun message gagnant à passer en y allant. Si tu n’as rien de positif à faire ou à dire, il est généralement préférable de s’abstenir.

Dans le cas de Shea Weber, le gars n’a pas besoin de venir ici pour le moment. Il s’entraîne chez lui et passe le temps qu’il peut passer avec les siens. La saison de hockey est longue et pour la majorité des joueurs elle se passe loin de la famille et des amis. Est-ce qu’un gars a droit de jouir de ses mois de congé sans avoir à venir rencontrer des journalistes pour leur dire des banalités?

Surtout quand on sait que Weber est un gars réservé qui a beaucoup plus à offrir à ses coéquipiers et à ses coachs qu’aux journalistes avides de blabla à déformer pour créer de faux scandales.

Et pour ce qui est des classements de The Score, c’est toujours amusant de se lancer dans de telles évaluations. On peut en débattre pendant des jours si on veut, mais il n’en reste pas moins que c’est loin d’être hautement scientifique tout ça.

Ceci dit, comment être surpris de voir les hommes de hockey du CH si loin au classement après une saison aussi pénible?

Therrien a démontré certaines limites en étant incapable de trouver une façon de rallier ses troupes pour relever le défi de la perte de Price, en étant incapable de trouver des solutions au jeu de puissance, en faisant une utilisation qui nous semblait illogique de certains joueurs. Mais ce même Therrien est le même qui a conduit ses équipes à des positions très enviables au classement lors des saisons précédentes.

Oui, Price l’a toujours bien fait paraître. Mais c’est simpliste de tout ramener à lui. Si c’était aussi simple, toutes les équipes avec de grands gardiens auraient réussi ce que les Canadiens ont fait lors des trois premières saisons du duo Therrien-Bergevin. Et c’est loin d’être le cas. Roberto Luongo, par exemple, a attendu sa septième saison dans la LNH pour participer aux séries.

Quant à Bergevin, il est responsable des résultats de son équipe. Il l’a dit lui-même et c’est une rare vérité transparente de ses discours. Il n’a pas donné de soutien à son coach quand Price a été blessé, c’est vrai. Mais le problème était plus profond que ça. Son vrai problème est sa difficulté à trouver une réponse à son (ses) trou(s) dans le top 6. Mais comment y arriver quand la profondeur n’y est pas et que les jeunes prospects qu’on repêche ne sont pas encore mûrs pour la grande ligue? Je l’ai déjà écrit à quelques reprises, il faudra être patient de ce côté. Mais ça s’en vient. Lehkonen, Sherbak, McCarron ont du talent.

Brendan Kelly termine son article en nous disant qu’on ne peut pas réparer ce qui va mal tant qu’on ne sait pas ce qui va mal et qu’il n’a pas entendu la direction du CH lui dire quoique ce soit lui laissant croire qu’elle comprend réellement ce qui s’est passé la saison dernière.

À cela je dirais que je serais drôlement étonné que la direction du CH, à commencer par Geoff Molson, n’ait pas identifié les problèmes de leur équipe. Mais comme personne n’a pris le micro pour dire haut et fort que P.K. Subban était un gars apprécié sur le plan individuel, mais qu’il représentait un obstacle à la synergie de l’équipe, il croit que personne ne reconnaît cet état de fait.

Comme aucun personnage officiel de l’organisation n’a pris la peine de s’adresser à la nation pour expliquer ce que sera la stratégie de développement des jeunes  ou comment se déploiera l’attaque à cinq sous la férule de Kirk Muller ou  qui jouera à la gauche de Weber pour maximiser les statistiques avancées de tout le monde, trop de monde semble penser que la direction ne fait rien ou ne comprend rien. Comme si tous les gestes posés n’étaient que de l’improvisation. Encore une fois, c’est simpliste.

En gros, ce que je dis, c’est que l’organisation des Canadiens a l’occasion de démontrer comment elle se relève d’une saison misérable. Avant de tirer des conclusions, est-ce qu’on peut au moins attendre de voir ce qu’elle va accomplir? Je ne dis pas que cette organisation ne fait que de bonnes choses, loin de là. Mais, contrairement au journaliste du Journal de Montréal affecté à la couverture d’Osheaga,  je préfère toujours voir le spectacle avant de le critiquer.

Sur papier et avec Carey Price en santé, les Canadiens sont loin d’être une nullité. Il y a un potentiel offensif intéressant avec l’émergence de Galchenyuk et l’arrivée de Radulov. Et puis, qui sait quel joueur causera la surprise en ayant une éclosion? Beaulieu? Lehkonen? Carr?

On verra l’an prochain où se situeront Bergevin et Therrien dans le classement de The Score. S’ils sont toujours dans les mêmes eaux, on pourra en tirer des conclusions. En attendant, rappelons-nous toujours ce qu’on pensait du DG des Penguins Jim Rutherford à l’automne dernier.

 

Par contre je terminerais en ajoutant ceci. S’il y a un changement à apporter au sein de cette organisation, c’est sa stratégie de communication. Les décisions et les actions qui en découlent sont complètement déconnectées des besoins de sa clientèle. Franchement, les vidéos de joueurs qui s’adonnent à des compétitions insignifiantes pour remplir le compte Twitter, ce n’est pas exactement ce qui rapproche l’équipe du public.

Et est-ce qu’on peut arrêter cette attitude de nous contre le reste du monde? Les journalistes et les fans ne demandent qu’à être complices de leur équipe. Il ne suffit que de leur faire confiance. Prendre les gens pour des abrutis est rarement une approche gagnante.

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