Le Canadien manque-t-il de joueurs costauds?

Cette semaine, à la suite de mon texte de samedi dernier où j’ai milité pour que le Canadien fasse tout en son pouvoir pour embaucher Jeff Skinner s’il devient joueur autonome, un lecteur m’a écrit (et je le remercie) pour donner son avis sur le sujet. Il ne voit pas l’ailier comme un incontournable à être embauché par le Tricolore.

L’un de ses arguments m’a tout de même fait réfléchir : Skinner (5 pieds 11 pouces, 187 livres) n’a pas la taille pour demeurer efficace et soutenir le jeu physique des séries.

Jeff Skinner est-il taillé sur mesure pour aider une équipe lors des séries?
(Source : Capture d’écran YouTube)

Pour ma part, sans nier que le niveau d’intensité est plus élevé au printemps, dans la LNH (et même après les Fêtes), j’ai toujours considéré que la robustesse n’est pas nécessairement liée à la taille et que c’est davantage une question de culture d’équipe et de système de jeu. Le minding. Par exemple, le Canadien a été la 3e équipe de la LNH à distribuer des mises en échec lors de la dernière saison.

Cependant, la question a continué de me trotter dans la tête. Et si c’était moi qui avait une idée préconçue? J’ai donc décidé d’approfondir la question pour avoir le coeur net.

J’ai pris les quatre équipes finalistes des séries de cette saison (Sharks, Bruins, Blues et Hurricanes) ainsi que les quatre derniers gagnants de la Coupe Stanley pour comparer la grandeur et le poids de celles-ci avec le Canadien de cette saison.

Pour être dans l’analyse, les joueurs devaient avoir disputé au moins la moitié des matchs de son club afin d’être considéré. Ce qui fait que certaines équipes ont parfois 7 défenseurs (Blues 2019, Penguins 2017) ou 13 attaquants (Bruins 2019). Dans le cas du Canadien, j’ai fait une exception en ajoutant Jordan Weal et Nate Thompson et en excluant Ryan Poehling, qui a joué un seul match.


La répartition de chaque équipe analysée, selon la grandeur et le poids.

Premier constat : si on se fie seulement à la moyenne des équipes, le Canadien est, en effet, plus léger que les 8 autres équipes dans l’analyse. En enlevant le Canadien, la moyenne de toutes les autres est de 6 pieds 1 pouce pour la grandeur et de 201 livres pour le poids.

C’est pourquoi j’ai décortiqué chaque club pour établir le nombre de joueurs qui sont égaux ou en haut de ces moyennes.

L’attaque des Capitals, en 2018, était nettement intimidante, alors que l’on peut dire la même chose des défenseurs des Blues et des Hurricanes ce printemps.

Quant à l’attaque du Canadien, j’ai été surpris de constater qu’elle présente le même nombre de joueurs au-delà de la moyenne (grandeur et poids) que les Penguins de 2016 et 2017.

Autre surprise : l’unité défensive des Bruins, première équipe qualifiée pour la finale ce printemps, n’est pas aussi intimidante que l’on pourrait croire à première vue.

Pour terminer cette recherche, j’ai donc réparti les attaquants et les défenseurs par grandeur et par poids pour chaque équipe.

Sans aucun doute, Paul Byron, Artturi Lehkonen et Jordan Weal font nettement baisser la moyenne de poids des attaquants du Canadien, tout comme Victor Mete chez les arrières.

Mais ces joueurs ont tous leur rôle et leur utilité, n’est-ce pas? Quand Paul Byron est hors de l’alignement, on sent que le CH s’ennuie de sa bougie d’allumage.

Chez les Penguins, il n’y avait pas un attaquant, sur le plan physique, comparable à Byron, mais Conor Sheary est semblable à Weal. La défensive, cependant, était plus pesante, en comparaison à celle du Tricolore.

Du côté de l’unité défensive des Bruins, trois joueurs sont en-dessous de la barre des 190 livres et seuls Chara et Carlo sont plus grands que la moyenne établie! 8 des attaquants font osciller la balance à moins de 200 livres également.

Le constat auquel j’arrive, c’est que oui, une équipe qui est plus grande et plus lourde met peut-être un peu plus de chances de son côté pour faire un long parcours en séries. Mais ce n’est pas un élément incontournable. Il appartient aux DG de bâtir avec un mélange de talent, de robustesse et de leadership qui se marie bien au système de jeu et à la culture du club.

Pour revenir à Jeff Skinner : il est vrai qu’il n’est pas le plus costaud et qu’il a eu une baisse de régime après les Fêtes (ce ne fut pas toujours le cas dans sa carrière), comme toute l’équipe des Sabres, ou presque. Il s’agit tout de même d’un excellent attaquant et un patineur bien au-delà de la moyenne, qui a sa place sur un trio offensif pour bien compléter ses partenaires de trio. Tout comme Tomas Tatar.

Skinner n’a jamais eu l’opportunité de participer à un seul match en séries dans la LNH durant sa carrière, je suis d’avis qu’il pourrait fort bien élever son jeu d’un cran et être un atout. Même si le jeu devient plus viril.

Matt Duchene l’a fait ce printemps. Et Jonathan Drouin aussi en 2015-2016 avec le Lightning. Patrick Kane ne perd pas sa magie quand les séries s’amorcent.

Pourquoi Skinner ne le ferait pas avec un club qui l’utilise bien?

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