CMJ : Un tournoi important pour quatre espoirs du CH (et pour l’organisation)

Nous voici donc à l’aube du CMJ 2024, toujours un beau moment de l’année pour l’amateur de hockey!

Fort de ses nombreux choix lors des trois premières rondes ces dernières années, le CH sera une fois de plus bien représenté à cette compétition en comptant sur quatre espoirs, et non les moindres.

Au moins trois d’entre eux occuperont des rôles importants pour leur nation respective, et le quatrième pourrait causer une certaine commotion si jamais on lui donnait la pôle dans les filets…

À tout seigneur, tout honneur, commençons notre analyse avec celui qui s’est classé au 2e rang de notre dernier palmarès des espoirs les plus importants de l’organisation : Lane Huston.

Lane Huston, D | USA

Depuis le début de la campagne en NCAA, Hutson continue de terroriser les défenses adverses avec sa créativité hors du commun. Faisant preuve d’une confiance inébranlable en possession de la rondelle, celui qui agira à titre d’assistant-capitaine des Américains réalise régulièrement des jeux dignes d’Houdini que seule une poignée de défenseurs de la LNH peut rêver de faire, et vous savez lesquels…

Vu d’ici, Hutson fait littéralement partie des véritables avant-gardistes à sa position. Les attentes sont qu’il fasse partie de la première équipe d’étoiles du tournoi.

C’est cependant un peu moins facile défensivement cette saison à BU sur la première paire alors que, contrairement à l’an dernier sur une deuxième paire, il joue plus souvent qu’autrement contre les meilleurs éléments adverses. Ainsi, après son impressionnant différentiel de + 25 en 39 matchs en 2022-2023, Hutson se retrouve pour l’instant légèrement dans le négatif à -3. Il sera donc intéressant de voir comment il se tirera d’affaires contre les gros trios des autres pays, lui qui devrait être le défenseur le plus utilisé des siens.

Défensivement, saura-t-il nous montrer que son patinage à reculons ne représente plus un problème ? Saura-t-il compenser pour son modeste gabarit par un bon positionnement et une utilisation exemplaire de son bâton ? Malgré une belle performance dans l’ensemble, ça n’avait pas toujours été le cas au dernier championnat mondial senior le printemps dernier…

Mais n’oublions pas que pour chaque petite erreur que peut commettre Hutson, il réalise 7-8 excellents jeux, comme celui ci en match préparatoire contre la Suède. Imaginez Slafkovsky à la place de Cutter Gauthier dans le cercle droit…

Sans qu’on en tire de grandes conclusions, pour le Tricolore, une compétition éblouissante et une grosse fin de saison de son son choix tardif de 2e ronde en 2022 ne fera que renforcer le désir de le voir aboutir à Montréal avant la fin de la saison. Et qui sait où se retrouver le CH au classement rendu là… Dans le cas contraire, Hutson devrait tout de même s’amener à Montréal, mais ça pourrait avoir un certain impact sur le montant qui se retrouvera sur son contrat d’entrée…

Puisque nous sommes chez les Américains, continuons avec un autre très bel espoir de la Flanelle, le gardien Jacob Fowler, 12e de notre palmarès.

Jacob Fowler, G | USA

Fowler est tout simplement dominant à sa première saison dans la NCAA et reçoit déjà les louanges de son entraîneur, impressionné par sa force mentale exceptionnelle. On anticipe que Fowler et Trey Augustine devraient tous deux voir de l’action en début de tournoi et une décision devra éventuellement être prise afin de déterminer qui aura le filet pour la ronde des médailles. Les Américains étant vus comme les grands favoris pour tout rafler, la pression sera au rendez-vous…

Les plus mordus de cette classique hivernale se rappelleront aussi les excellentes performances de Cayden Primeau, un gardien qui avait grandement contribué à la conquête de la médaille d’argent par les Américains en 2019. Or, comme on a pu le constater avec Primeau et plusieurs autres jeunes gardiens au fil des ans, une performance étincellante au CMJ ne garantit pas une carrière exceptionnelle chez les pros, encore moins un début de carrière hâtif dans la LNH.

Bref, même si Fowler semble « fait fort », impressionne tout le monde par son talent et son attitude générale, et qu’on peut certainement espérer réalistement qu’il soit le futur gardien partant du Tricolore vers la mi-vingtaine, on doit toujours se garder une petite gêne concernant la valeur des performances des gardiens au CMJ. De la même manière, il faudrait aussi prendre cela avec un grain de sel si jamais c’était Augustine, un « vétéran » de l’édition 2023, qui devait obtenir la pôle pour les USA et que Fowler ne voyait à peu près pas d’action.

Cela dit, on notera qu’en raison de son âge – Fowler est un late né le 24 novembre – l’espoir du CH ne pourra retourner au tournoi l’an prochain puisqu’il aura déjà 20 ans.

Filip Mesar, C/A | Slovaquie

Au niveau des habiletés individuelles, Filip Mesar est un bon, voire un excellent joueur de hockey. Il n’est juste pas très avancé au niveau de sa maturité physique et doit encore progresser au niveau tactique dans un style plus adapté aux surfaces nord-américaines. Pour comprendre le développement de Mesar, pensez Arturri Lehkonen ou Jesse Ylonen au même âge, eux qui n’ont pas atteint la LNH avant l’âge de 22 ans.

Après s’être très bien débrouillé dans les Maritimes l’année dernière lors de l’édition 2023, il sera donc intéressant de voir de quoi aura l’air Mesar à son retour sur les grandes surfaces européennes en Suède, où ses qualités naturelles pourraient ressortir encore davantage. La Slovaquie présentera une formation talentueuse et expérimentée et Mesar pourrait très bien paraître.

Excellent patineur doté de mains souples, d’un tir vif et puissant et d’une très belle vision du jeu, il devrait normalement former l’un des meilleurs « duos » du tournoi en compagnie du bon Dalibor Dvorsky. Cet espoir des Blues de St-Louis, snobé jusqu’au 10e rang lors du dernier repêchage de la LNH, domine cette saison à Sudbury aux côtés de Quentin Musty (choisi au 26e rang par les Sharks) et David Goyette (2022, 62e, Seattle).

Mesar, 14e dans notre dernier décompte, n’a pas un avenir garanti avec le Tricolore et personne n’estime qu’il est en avance pour son âge, à commencer par Jean-François Houle à Laval… Cette compétition ne nous assure de rien, mais pour complémenter ses solides performances à Kitchener, le Slovaque a tout intérêt à connaître un bon tournoi afin de demeurer pertinent dans l’esprit des dirigeants et consolider, voire améliorer, sa place dans la hiérarchie montréalaise.

Car s’il y a un monde où Mesar ferait partie de l’alignement du Canadien, disons, quelque part vers 2025-2026, iil existe aussi quelques galaxies où il ne serait déjà plus sur le radar depuis un certain temps…

À lui d’y voir.

Owen Beck, C | Canada

On ne peut jamais exclure le Canada des clubs favoris à ce tournoi, et 2024 ne fera pas exception. Mais il faudra trimer dur pour déclasser les Américains. The Hockey News place les Américains favori avec une cotre de 2 contre 1 et classe le Canada au second rang à 4 contre 1.

Le pays de la feuille d’érable présentera une assez jeune formation et, à ce égard, Owen Beck, 19 ans, le seul « vétéran » de l’édition victorieuse de 2023, pourrait être d’une grande utilité. Notez qu’au moment d’écrire ces lignes, on n’avait toujours pas identifié les joueurs qui agiront à titre de capitaine et d’assistant-capitaines de la formation.

L’Ontarien, anticipé comme centre du 4e trio, ne sera pas nécessairement un des fers de lance de l’offensive canadienne, mais il sera probablement de toutes les situations périlleuses et tendues, que ce soit pour affronter régulièrement les meilleurs éléments adverses, gagner une mise au jeu cruciale, protéger une avance, jouer en désavantage numérique, etc. On peut déjà le voir plutôt dominant en match préparatoire avec ses deux buts contre la Suisse.

Voici son premier où il trouve l’espace libre en zone adverse :

Et son deuxième, au terme d’une superbe séquence en désavantage numérique :

L’apport de Beck, classé au 5e échelon de notre décompte maison des espoirs montréalais, pourrait un peu ressembler à celui de Kyle Chipchura en 2006, qui lui aussi évoluait dans une formation assez jeune et plus ou moins talentueuse. Chipchura avait été le capitaine des siens et le Canada, qui n’était pas favori cette année-là, était tout de même parvenu à remporter l’or à Vancouver.

Il ne faudrait pas non plus trop se fier à la fiche négative de Beck (-2) à Peterborough cette saison. Après une participation à la Coupe Memorial – impossible sans la transaction réalisée pour mettre la main sur Beck – les Petes n’ont plus du tout le même club cette saison, ayant perdu bon nombre de vétérans, dont plusieurs étaient repêchés par des clubs de la LNH. C’est à se demander si Beck ne sera pas une fois de plus échangé dans la OHL dans les prochaines semaines, les Petes jouant à peine pour .500

Un regard encore plus attentif pour Hutson et Beck

Si rien ne presse pour Mesar et Fowler, les dirigeants du CH observeront plus attentivement les performances de Huston et Beck, qui cognent déjà à la porte de la LNH.

Les prouesses de Mike Matheson et les faibles probabilités qu’il soit échangé prochainement permettront à un défenseur offensif comme Hutson de s’amener progressivement à la ligne bleue du Tricolore. Mais le jeu de l’Américain lors de cette compétition et pour le reste de sa saison à BU pourrait contribuer à accélérer ou consolider les décisions que devront prendre Hughes et Gorton concernant leur brigade défensive dans les prochains mois.

Du côté de Beck, avec les Monahan, Evans et Dvorak qui ont tous moins de 2 ans à leur contrat respectif – on parle de quelques mois pour Monahan – un tournoi à la hauteur des attentes, où il s’afficherait clairement comme un des attaquants les plus intelligents et complets de la compétition, lui procurerait quelques arguments en vue de l’automne prochain. Ça et une autre fin de saison concluante dans la OHL…

Bon tournoi tout le monde!

On re revoit après le CMJ pour faire le bilan des performances de ces mêmes espoirs et pour glisser quelques mots sur les autres jeunots qui nous auront épaté au passage!

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