Nous venons d’être témoins de l’un des parcours éliminatoires les plus marquants de l’histoire de la Ligue nationale de hockey.
En concrétisant la traduction de son succès individuel en succès collectif, menant les Oilers à travers quatre rondes des séries avec 42 points en 23 matchs, Connor McDavid a coulé très loin dans le béton son statut de meilleur joueur de la LNH.
Certains diront qu’il est peut-être tout simplement le joueur le plus dominant qui ait enfilé des patins dans la longue histoire de ce sport.
Personne ne fait ce qu’il fait. Personne ne l’a fait depuis longtemps. On parle d’un rythme comparable à toutes sauf deux performances printanières de Wayne Gretzky et Mario Lemieux – à une autre époque!
Même sans bague de la Coupe Stanley en 2024, le trophée Conn-Smythe, bien qu’un prix de consolation, est une marque indélébile d’un printemps mémorable.
Un club sélect probablement temporaire
14 joueurs actifs de la LNH ayant disputé un minimum de 500 matchs dans la LNH cumulent présentement une moyenne de plus d’un point par match, à l’échelle de leur carrière.
On parle d’un club sélect. Seulement 50 joueurs maintenant retraités ont réussi à maintenir cette moyenne au cours de leur carrière, et 37 d’entre eux ont réussi l’exploit en jouant plus de 1000 matchs.
Il existe toutefois un club encore plus exclusif qui refuse l’entrée à tous les joueurs de l’histoire de la LNH… Sauf trois. Les trois joueurs les plus statistiquement dominants ayant déposé le patin sur une patinoire de cette ligue.
Grâce à une saison exceptionnelle durant laquelle il a récolté 100 passes, Connor McDavid s’invite pour l’instant aux côtés de Wayne Gretzky et Mario Lemieux, les deux seuls attaquants à mettre fin à leur carrière avec une moyenne de plus d’une mention d’aide par rencontre.
Avec 647 passes en 645 matchs, McDavid est évidemment loin d’être assuré de maintenir ce rythme jusqu’à sa retraite. Après tout, le capitaine des Oilers a inscrit une passe par match lors de trois de ses neuf saisons seulement, jusqu’à présent.
Ça ne change toutefois pas le fait qu’il soit totalement ri-di-cu-le qu’il accomplisse ce fait d’armes au courant de sa carrière, considérant à quel point c’était inimaginable avant son arrivée dans le circuit Bettman.
Une domination chez les joueurs actifs
McDavid se retrouve loin devant Sidney Crosby, au deuxième rang, qui a inscrit 0.79 passe par match depuis son repêchage.
Sauf qu’en plus d’éclipser la compétition lorsqu’il est question de distribuer, McDavid ne laisse que deux joueurs le dépasser au niveau des buts, soit Auston Matthews et Alexander Ovechkin.
Et entendons-nous. Si Connor décide de marquer plus, il marquera tout simplement plus. En 2022-2023, il a terminé la saison avec 64 buts – 24 de plus qu’Auston Matthews, le « meilleur marqueur de la ligue », en plus d’être à 4 points de doubler sa quantité de passes.
Connor McDavid est dans un univers à part, et destiné à l’immortalité.
Son talent lui offre une (très) rare chance de solidifier le top-3 et de rejoindre de façon plus officielle Wayne et Mario au terme de sa carrière.
Tellement qu’il faut commencer à se demander ce qu’il adviendrait de son héritage dans le scénario catastrophique où il ne soulèverait jamais la Coupe Stanley.
L’avenue vers le Mont Rushmore
Après neuf saisons sous le leadership de McJesus, les Oilers d’Edmonton viennent de mettre la main sur un premier trophée collectif, le King Clancy. Outre celui-ci, le capitaine n’a récolté que des trophées individuels, plus que quiconque pourrait toutefois espérer.
Imaginons-nous un monde hypothétique, mais pas du tout farfelu, dans lequel McDavid…
- ajoute 10 saisons d’environ 75 matchs à sa carrière
- dispute un total de 1400 matchs
- voit sa production ‘’chuter’’ à 1,35 point par match lors de la deuxième portion de sa carrière
- devient le deuxième joueur de l’histoire à atteindre les 2000 points
- ne gagne jamais la Coupe Stanley
Aura-t-il assez dominé le circuit pour être considéré comme l’un des quelques plus grands joueurs de l’histoire de la LNH?
J’ai sondé quelques personnes.
Certains pensent que oui. Il est plus difficile qu’avant d’être l’équipe sur trente-deux qui soulève le fameux trophée. S’il est sans contredit le meilleur joueur de sa génération et peut-être l’un des quelques meilleurs de l’histoire, il doit se retrouver sur le Mont Rushmore.
Certains pensent que non. Après tout, si tu es réellement le meilleur, ne serais-tu pas censé finir par gagner? Ne joue-t-on pas pour la Coupe Stanley? N’est-ce pas en la soulevant qu’on matérialise la légende?
Je n’ai pas de problème avec les deux réponses. C’est un débat sain.
Comprenez-vous toutefois à quel point il est invraisemblable que la question se pose réellement?
Est-ce que les statistiques seules pourraient offrir une place sur le Mont Rushmore à Connor McDavid?
J’pense que non, mais la question se pose, maudit!
Et s’il gagne?
Entendons-nous. Si la question ci-haut se pose, c’est qu’une autre conversation mérite d’être amorcée.
Connor McDavid a-t-il de réelles chances de détrôner Mario Lemieux?
Reprenons le CV utilisé dans le dernier paragraphe, et ajoutons-lui deux bagues de champion.
L’argument est logique.
Allons encore plus loin et ajoutons-lui une troisième bague.
Avec trois Coupes dans une ligue de 32 équipes ou plus, peut-on presque dire qu’il égale les quatre Coupes de Gretzky au sein d’une ligue de 21 équipes?
Le record de points inégalable de Gretzky serait-il trop pour laisser McDavid le shifter?
Je ne sais pas quel genre de discussions on aurait, si ce scénario se concrétisait.
Mais la question se pose.
Avec l’apparition en finale en 2024, les Oilers ont peut-être débloqué leur première vraie fenêtre d’opportunité qui les amènera à portée de la Coupe à plusieurs reprises au cours des prochaines années. Historiquement, la fenêtre des équipes dotées d’un joueur générationnel s’ouvre pour plus d’une apparition. Lemieux a gagné deux fois de suite. Crosby a gagné sa première Coupe l’année suivant sa première défaite. Gretzky a gagné 4 fois en 5 ans.
Et qui sait ce que fera McDavid sur une scène internationale qui lui a jusqu’à maintenant été arrachée…
À l’aube d’une 10e saison au cours de laquelle il soufflera 28 bougies, Connor McDavid a possiblement la chance de devenir le plus grand joueur de l’histoire s’il réussit à devenir un véritable leader qui offre à la ville d’Edmonton la même gloire que le #99 dans les années 1990.
Il faut toutefois que la machine s’active dès les prochaines années.
Pas excitant rien qu’un peu, hein?