Victor Mete a enfin marqué son premier but à son 127e match dans la LNH. Tout le monde est heureux!
Mais ça ne fera pas de lui un défenseur offensif de premier plan de sitôt.
Malgré un coup de patin au-dessus de la moyenne, le potentiel offensif du jeune ontarien demeure limité par un tir ordinaire, une vision et des talents de passeur plutôt moyens. Et il n’a pas exactement les mains de Kristopher Letang…
Avec ces modestes outils qui ne lui permettront probablement jamais d’évoluer en avantage numérique sur une base régulière, si Mete accumule un jour 25 points dans une saison tout en étant « correct » défensivement, ce sera déjà un bel exploit.
Bref, n’en déplaise à Michel Bergeron, et même si on l’aime bien, Victor Mete n’est pas soudainement devenu « LE joueur indispensable » du CH. Dans un monde idéal, il serait un bon 5e défenseur. Rien n’a changé de ce côté.
Et ce ne sont pas Brett Kulak, Ben Chiarot et Mike Reilly qui vont pallier aux lacunes de Mete; ils devront d’abord pallier aux leurs!
Le temps des aubaines est terminé!
Jusqu’à preuve du contraire, et malgré une relève prometteuse comme le soulignait hier Mathias Brunet, le problème actuel du Canadien du côté gauche de la défensive demeure donc entier.
Le DG de la Flanelle voudra-t-il encore se rabattre sur une de ses manœuvres préférées, soit le panier des aubaines dans le fond du magasin et y dénicher un autre Kulak de se monde?
On parlait récemment de Juuso Riikola qui évolue à Pittsburgh et qui ne joue pas tous les matchs… Bon tir, pas une mauvaise vision du jeu, mais à 25 ans, jamais repêché, on n’est pas en présence de la réincarnation de Bobby Orr, ni même de Petr Svoboda pour ceux qui se posaient la question…
Peu importe, ce n’est plus avec ce genre d’aubaine qu’on fera progresser l’équipe.
S’il veut mettre sur la glace un club à prendre au sérieux dès cette saison, Marc Bergevin devra se trouver au moins un véritable défenseur gaucher top 4, voire de première paire, dans les prochains mois… et espérer que Romanov s’amène tout de suite après la fin de la saison en KHL en avril…
Ryan Suter : « vieux » mais encore excellent!
Depuis son fameux reset le DG du Tricolore ne semble pas intéressé plus qu’il ne le faut à faire l’acquisition de joueurs vieillissants. Il l’a d’ailleurs répété souvent ces derniers mois. Mais Bergevin a déjà acquis un joueur « plus vieux » dans une transaction – un certain Shea Weber – et, à tort ou à raison, il considère cette décision comme son meilleur coup en carrière.
Alors – si on veut bien spéculer un peu – pourquoi ne pas aider sa meilleure acquisition en mettant la patte sur celui avec qui il a probablement connu ses meilleurs moments sur une patinoire de la LNH en la personne de Ryan Suter?
Et, en 2019-2020, c’est quoi Ryan Suter?
On a eu la chance de l’observer de près deux fois plutôt qu’une cette semaine et voici ce qu’on a noté :
Patineur fluide, calme et sobre dans son jeu, très intelligent, toujours la tête haute, passeur exceptionnel en sortie de zone, excellent pivot, bâton actif, « textbook » gap control, bonnes qualités de quart-arrière (vision, tirs, passes, mobilité latérale), solide en désavantage numérique, costaud et robuste devant son filet, habile du revers, superbe sens de l’anticipation.
À 34 ans, Suter est meilleur que Markov ET Weber au même âge. Ses statistiques des six dernières campagnes au Minnesota sont impressionnantes :
– Top 3 de toute la LNH au niveau du temps de glace à chaque saison
– Une moyenne de 45 points par année dans un club ordinaire offensivement
– Seulement neuf petites parties manquées lors de cette période
– Un différentiel cumulatif de + 57
On parle donc d’un défenseur faisant encore clairement partie de l’élite de sa profession et dont les signes de ralentissement sont microscopiques. Éternel sous-estimé depuis ses tout débuts, on comprend peut-être aujourd’hui encore mieux pourquoi il a été repêché le 7e au total en 1re ronde lors du légendaire repêchage de 2003. Il était destiné à bien vieillir.
Et on comprend également mieux pourquoi plusieurs l’ont toujours trouvé supérieur à Weber lorsque les deux faisaient la paire. Weber est bon, voire très bon, dans certaines choses ; Suter est bon dans tout.
Bref, on est ici en présence d’un des défenseurs les plus complets de toute la LNH. Un véritable modèle pour les jeunes à sa position, un peu comme Lidstrom dans le temps. Comme ce dernier, grâce à son talent, son aisance sur patin et son intelligence, il fait partie de ceux dont le prime s’étire aisément dans la mi-trentaine et qui risquent même d’être encore fort efficaces lorsqu’il approchera la quarantaine.
Possédant une clause de non-mouvement, Suter sera celui qui prendra la décision de clore sa carrière au Minnesota ou opter pour la terminer ailleurs, dans une organisation qui lui fait de l’œil.
Jasons bidous!
L’impact sur la masse salariale de Suter, qui aura 35 ans en janvier prochain, sera de $7,538,461 jusqu’en juin 2025. Il empochera 9M$ cette saison, 8M$ en 2020-2021 et 6M$ en 2021-2022. S’il ne prend pas sa retraite à 37 ans en juin 2022, son contrat deviendra ensuite facilement échangeable à un club devant atteindre le plancher salarial, lui qui empochera respectivement 2M$, 1M$ et 1M$ lors de ses trois dernières années à son entente.
Il y en a sûrement plusieurs qui sourcillent devant leur écran à l’idée d’acquérir un joueur de bientôt 35 ans avec un si gros contrat, mais est-ce une idée si folle que ça?
Si -et j’avoue que c’est un très gros si!- le Wild est prêt à entamer une sorte de reconstruction et que Suter accepte de quitter son bien aimé mid-west et déménager sa petite famille à Montréal pendant l’hiver, je pense que c’est une idée qui tient la route au plan hockey.
Puisque Mete et Kulak ne sont pas des top 4 très inspirants dans un club aspirant, et parce que Romanov n’est pas encore là, l’organisation a un besoin URGENT à combler. Ça fait depuis l’acquisition de Weber, l’échange de Sergachev et la fin de l’alliance avec Markov que c’est une grave lacune. Faut arrêter de niaiser un moment donné! Et puisqu’à part Romanov, il n’y a pas de top 4 gaucher en vue dans les trois prochaines saisons, l’ajout d’un Suter durant cette période n’est un luxe.
Ensuite, le CH a les sous pour payer Suter lors des années restantes à son contrat. Il était même prêt à donner un million de plus à Aho l’été dernier. Je veux bien que Aho soit beaucoup plus jeune, mais avec les Domi, Danault, Kotkaniemi, Poehling et Suzuki dans le décor, le Canadien a-t-il davantage besoin d’un excellent centre comme Aho ou d’un excellent défenseur capable de jouer 24-25 bonnes minutes tous les soirs comme Suter?
Je crois aussi qu’il sera relativement aisé de s’arranger avec le contrat de Suter dans les dernières années « peu coûteuses »de son entente si jamais on avait à le faire. Ce sera d’ailleurs la même chose avec Shea Weber : Retraite ou échange à des clubs ayant besoin d’atteindre le plancher salarial.
Mais qui Bergevin serait-il prêt à céder en retour?
Avant de répondre à cette question, il faut minimalement s’entendre sur la valeur du joueur et prendre en considération que l’élite, même si elle a 34 ou 35 ans, ça se paye!
Des comparables?
Le nom de Subban vient tout se suite en tête, mais attention!
Le fameux #76 a été acquis en retour d’une paire de choix de deuxième ronde ainsi que deux jeunes défenseurs marginaux.
C’est anormalement peu pour un nominé au Trophée Norris en 2017-2018!
Mais il y a quelques facteurs qui ont contribué à faire baisser sa valeur.
1. La santé et plus particulièrement les maux de dos de Subban soulèvent de plus en plus de doutes.
2. La réputation de Subban n’est pas la meilleure dans les vestiaires de la LNH.
3. David Poile n’avait pas le luxe de faire la fine bouche et d’être patient dans ses négociations avec les autres DG. Il devait libérer de gros $ pour s’entendre avec Roman Josi ET Matt Duchene.
Bref, il faudra à mon avis donner un peu plus que deux choix de second tour et des espoirs plutôt suspects pour obtenir le « métronome » Suter, même s’il est de quatre ans l’aîné de Subban. L’Américain présente un plus petit impact sur le plafond salarial, se veut plus complet, possède une meilleure réputation et est moins sujet aux blessures que son cadet…
Je pense donc qu’un trio classique : choix de première ronde + joueur de la LNH + espoir de qualité, serait plus réaliste dans le cas de Suter.
Si le CH se qualifie pour les séries, cela pourrait se traduire par : un choix de fin de première ronde + Mete ou Kulak + Struble ou Harris ou Norlinder.
Bien sûr, ce pourrait être un peu moins cher que ça, mais il serait surprenant que ce soit beaucoup plus cher que ça.
Suter bien avant Benn
Même si Bergevin ne veut jamais parler de garantie dans son métier – on peut le comprendre – il demeure que très peu de patineurs théoriquement « accessibles » sur le marché seraient plus à même de consolider une place pour le Canadien en séries qu’un Ryan Suter. Dans cette « catégorie », je le préfère à Jamie Benn, dont le nom a été lié au CH dans les rumeurs.
Ryan Suter comblerait le besoin le plus criant de l’équipe, une lacune qui fait régulièrement perdre des matchs à l’équipe. Il placerait des joueurs dans des chaises plus confortables pour leurs habiletés. Jamie Benn, qui ne semble plus être le même joueur dominant d’il y a 4-5 ans, remplacerait un des nombreux ailiers de 20 buts de l’équipe, en en marquant peut-être une trentaine. Il en a marqué 27 l’an dernier, 53 points… Il traîne aussi un des pires contrat de la ligue actuellement : 9,5 M$ pendant encore 5 ans…
Si vous aviez à accepter un lourd contrat à un joueur plus âgé dans la situation actuelle du Tricolore, placer ses jetons sur un défenseur naturel et intelligent de la trempe de Suter m’apparaît comme une décision plus avisée et moins risquée que de miser sur un attaquant de puissance de 30 ans qui ne semble plus afficher la même fougue qu’à ses beaux jours.
Surtout qu’il y a le jeune, costaud et polyvalent Ryan Poehling qui mériterait une sérieuse audition à l’aile de Max Domi…
Un top 4 de rêve
Suter, qui est un fier américain, ne serait pas trop dépaysé à Montréal. Il ne fait pas vraiment plus froid qu’au Minnesota (!) et en plus de retrouver son vieux pote canadien, Weber, il pourra discuter de Donald Trump et des prochaines élections américaines de 2020 avec ses compatriotes Petry, Thompson et Reilly, sans oublier Poehling et un certain Cole Caufield qui seront bientôt dans le décor.
Mais le plus important, si ça peut lui rendre la vie plus facile sur son « neuf de retour », c’est que le CH a le profil d’une très bonne équipe, hargneuse, talentueuse, profonde et sans grande carence pour les années à venir. Il ne manque donc plus qu’un défenseur de son statut pour la rendre meilleure dès maintenant.
Suter veut gagner une Coupe Stanley, mais il ne la gagnera pas au Minnesota.
J’ose croire qu’il estimerait ses chances bien meilleures dans les prochaines années de soulever le gros trophée en refaisant la paire à Montréal avec son vieux chum, ou encore, en étant jumelé avec son compatriote Jeff Petry, si c’est mieux pour le club.
Parce que ce n’est pas par nostalgie des beaux jours à Nashville que l’on voudrait de Suter, c’est parce qu’il est encore très bon au hockey et qu’il peut aider le Canadien dans toutes les phases du jeu.
Maintenant, imaginez un top 4 composé de Suter-Weber-Romanov-Petry et dites-moi que vous n’avez pas une petite émotion…