Les réseaux sociaux sont remplis d’informations que les gens et les médias nous transmettent allègrement. Ces mêmes réseaux sociaux sont également une pépinière folle de commentaires, au niveau de pertinence assez inégal.
Si les débats sur les statistiques avancées et sur l’échange Subban-Weber ont fait rage depuis quelques semaines, il y a un commentaire que j’ai lu récemment et qui m’a fait réagir. D’ailleurs, c’est bien ce qu’on fait trop souvent sur les réseaux sociaux : on réagit avant de réfléchir.
Ce commentaire concernait la grande présence de joueurs d’origine russe avec les Canadiens. L’intervenant dont je tairai le nom mentionnait à qui voulait l’entendre que les Canadiens n’avaient aucune chance de gagner quoi que ce soit avec leur nouvelle philosophie d’embaucher des joueurs russes au lieu de Québécois.
Mon réflexe a été de répondre que c’était du racisme. Selon mes valeurs personnelles, dire qu’un joueur ou un groupe de joueurs sera moins en mesure de gagner parce qu’il vient d’une partie du globe plutôt qu’une autre est une aberration. Plus que cela, je trouve totalement impertinent de même considérer cet aspect.
Mais au-delà de mes principes, j’ai voulu savoir s’il y avait une forme de vérité dans cet énoncé. En général, les joueurs européens ont-ils une valeur différente des joueurs nord-américains?
Évidemment, tout ça ne se veut pas hautement scientifique, mais les observations que j’ai pu faire m’ont tout de même intrigué. Sachez toutefois que l’on pourrait utiliser une foule de paramètres pour faire une évaluation plus complète de cette question. J’y ai passé quelques heures, sans subvention du gouvernement et sans l’aide d’étudiants au doctorat.
En fait, j’ai analysé la première ronde de chacune des séances de repêchage depuis 2005. Pour chaque année, j’ai voulu connaître la proportion de joueurs européens repêchés ainsi que le nombre moyen de matchs joués dans la LNH par joueur selon leur lieu d’origine. En gros, l’objectif est d’établir si c’est une bonne idée de s’expatrier pour aller scruter les joueurs ailleurs sur la planète au lieu de se cantonner en Amérique du Nord.
2005 à 2010 et 2011 à 2016 : deux périodes distinctes
D’abord, on peut observer une certaine tendance chez les équipes depuis le repêchage de 2011. En effet, de 2005 à 2010, les recruteurs-chef ont déniché leurs choix de première ronde en Amérique du Nord dans 78,9% des cas. Entre 2011 et 2016, cette proportion est passée à 68,3%.
En chiffres absolus, ça représente une moyenne de 23,7 joueurs pour les six premières années de l’étude et de 20,5 pour les six suivantes. En fait, la seule année où plus de 20 joueurs repêchés en première ronde provenaient de l’Amérique du nord au cours des six dernières saisons est 2016, avec 23.
Qui plus est, de 2005 à 2010, le top 10 comptait en moyenne 8,2 joueurs nord-américains. De 2011 à 2016, cette moyenne a chuté à 6,5.
Les équipes de la LNH semblent miser de plus en plus sur le talent européen pour bâtir leurs équipes. Et on peut les comprendre. Le tableau qui suit expose les chiffres.
Pour chaque colonne du tableau, le premier chiffre indique le nombre des joueurs repêché et le deuxième, la moyenne de matchs disputés par ces joueurs jusqu’au aujourd’hui (selon les chiffres compilés à partir du site hockeydb.com). La tableau ne contient pas les chiffres pour les repêchages des années 2014 à 2016 puisque les chiffres ne sont pas représentatifs d’une quelconque réalité. Les joueurs repêchés sont encore trop jeunes.
Vous remarquerez donc que les 23 joueurs repêchés en première ronde provenant d’Amérique du nord en 2005 ont joué en moyenne 323 matchs dans la LNH, tandis que les sept provenant d’Europe ont joué en moyenne 304 matchs. À noter toutefois, si on enlève les deux joueurs slovaques qui ont totalisé 15 matchs, la moyenne des joueurs européens grimpe à 423. Autre fait à noter, aucun joueur européen n’a été repêché dans le top 10 cette année-là.
En 2006, 21 joueurs nord-américains ont été repêchés en première ronde. Ceux-ci ont depuis joué en moyenne 359 matchs. Les joueurs européens? 329. Mais leur moyenne est plombée par le gardien finlandais Riku Helenius qui n’a joué qu’un seul match. Sans lui, la moyenne grimpe à 370. Les Suédois repêchés, eux, ont joué en moyenne 402 matchs et les Tchèques, 511. Pourtant, seuls deux joueurs européens ont été choisis dans le top 10.
En 2007, 26 joueurs nord-américains ont été repêchés en première ronde, dont 9 des 10 premiers. Mais les Européens ont joué en moyenne 357 matchs dans la LNH. Et imaginez, ça inclut Alexei Cherepanov qui n’en a joué aucun. Les Nord-Américains? 272.
En comparant ainsi les chiffres pour les différentes années de repêchage, on remarque que 2008 est la seule année où les joueurs nord-américains ont eu le dessus sur les Européens.
Enfin, pour ceux qui se posent la question, en 2014, la première ronde du repêchage a vu 11 joueurs européens être sélectionnés, dont trois parmi le top 10. En 2015, le ratio était de 20 contre 10 en faveur des nord-américains, mais de 6 contre 4 dans le top 10. Puis en 2016, 23 des 30 joueurs choisis en première ronde étaient canadiens ou américains, mais seulement 5 des 10 premiers choix l’étaient.
Quelles conclusions en tirer?
Est-ce qu’on peut tirer des conclusions absolues de ces observations? Probablement pas, mais j’ai trouvé intéressant les résultats de l’exercice. Maintenant, il faudrait se pencher sur le pourquoi de ces résultats.
Est-ce que les Européens choisis le sont avec plus de minutie? Est-ce que les recruteurs, lorsqu’ils ont à choisir entre deux joueurs à l’avenir incertain, préfèrent le nord-américain? Ceci expliquerait le plus grand nombre de «locaux». Est-ce qu’à la lumière de ces chiffres, les organisations auraient intérêt à engager plus de recruteurs outre-mer pour épier le talent européen? Car visiblement, ceux qui sont choisis semblent avoir du succès ici.
Par ailleurs, les Canadiens n’ont choisi que deux joueurs européens en première ronde depuis 2005 : Nikita Scherbak en 2014 et Mikhail Sergachev en 2016.
Et, bien que je trouve souvent malhonnête de refaire les séances du repêchage passées, j’ai noté le nom du premier joueur européen choisi après le choix du CH pour chacune de ses sélections de première ronde depuis 2005 (sauf pour 2016 et 2014) et ça donne ceci :
(le choix du CH)
2015 : Jacob Larsson (Juulsen)
2013 : Marko Dano (McCarron)
2012 : Hampus Lindholm (Galchenyuk)
2011 : Oscar Klefbom (Beaulieu)
2010 : Evgeny Kuznetsov (Tinordi)
2009 : Jacob Josefson (Leblanc)
2008 : Pas de sélection
2007 : Lars Eller (McDonagh) et Mikael Backlund (Pacioretty)
2006 : Semyon Varlamov (David Fischer)
2005 : Anze Kopitar (Price)
Si les chiffres semblent donner l’avantage aux Européens dans les sélections de première ronde, c’est loin d’être toujours concluant dans le cas des sélections de joueurs européens à la place des choix de Trevor Timmins au fil des ans.
En rafale
– Ne dormez pas dans les estrades.
https://twitter.com/BarDown/status/757366609530982400
– Malgré le retrait de bons joueurs, Milos sait que le travail sera ardu.
« Il y aura quand même le meilleur joueur au monde à la Coupe Rogers. »https://t.co/RBZe0mse69
— RDS (@RDSca) July 25, 2016
– Radio-Canada nous remémore des souvenirs des Jeux de 1976. Ça s’en vient #Rio!
#Montréal1976 Deux médailles canadiennes à la piscine! Cheryl Gibson et Becky Smith 2e et 3e au 400 m quatre nages https://t.co/rGPUX7ZG1W
— Radio-Canada Sports (@RC_Sports) July 25, 2016
– D’ailleurs, ça a beau être coûteux les Jeux, ce ne sont pas toujours les athlètes qui en bénéficient.
Les chambres d’athlètes à Rio jugées «invivables» par certains – https://t.co/RUuEuRkbha pic.twitter.com/liaCe7bPje
— TVA Sports (@TVASports) July 24, 2016
– Jhonattan Vegas gagne l’Omnium canadien.
Vegas' validatory victory. https://t.co/xx0bgTJQZQ
— PGA TOUR (@PGATOUR) July 24, 2016