Lundi midi, je vous ai raconté comment s’étaient passées les derniers moments des négociations entre l’agent de Brendan Gallagher et Marc Bergevin. Pour vous faire une histoire courte, Marc Bergevin a fait savoir au clan Gallagher que 6 ans à 6,5 millions $ représentait la plus grosse offre qu’il pouvait se permettre et l’agent de Gallagher, Gerry Johansson, a décidé de jouer la game afin de tenter d’obtenir un peu plus encore. En sortant public dans les médias, il a su mettre de la pression sur les épaules du DG, ralliant au passage l’opinion populaire de son côté et réveillant les émotions de nombreux partisans.
Par contre, lorsque Brendan Gallagher a été informé de cette embûche dans les négos – un joueur n’est pas tenu au courant de la situation minute par minute -, il a immédiatement appelé son agent pour lui dire ordonner de signer la plus récente offre du Canadien. Il voulait rester à Montréal et n’en avait rien à cirer d’aller chercher quelques centaines de milliers de dollars supplémentaires ou pas.
Il se foutait aussi de voir l’Association des joueurs et d’autres agents désapprouver son geste.
Or, la même (excellente) source m’a raconté comment se déroulent actuellement les (non) négociations entre Marc Bergevin et l’agent de Phillip Danault, Don Meehan. Ce dernier a l’habitude de signer d’excellents contrats et ce, pour chacun de ses clients. Pas le genre d’agent à laisser de l’argent sur la table, disons…
Tout d’abord, il faut comprendre que Marc Bergevin adore Phillip Danault. Il l’aime depuis son passage à Victoriaville dans la LHJMQ et il fait partie de ceux qui ont travaillé fort pour l’amener à Chicago. Ensuite, il a réussi à l’attirer à Montréal via transaction.
En fait, tout le monde aime Danault dans l’organisation du Canadien en fait. Le DG, le coach, le propriétaires, les joueurs…
On apprécie le joueur qu’il est sur la patinoire, mais aussi la personne et l’image de bon Québécois francophone qu’il projette.
Et Phillip Danault aimerait vraiment pouvoir demeurer à Montréal.
Le problème, c’est la COVID-19. Elle a empêché le plafond salarial d’augmenter et elle a indirectement aidé Marc Bergevin à attirer certains gars à Montréal cet automne. Bref, il reste moins d’argent que prévu pour un gars comme Danault… et deux autres jeunes ont démontré qu’ils allaient peut-être pouvoir remplacer Danault plus vite que prévu au départ.
On assiste un peu à un chicken game. Qui flanchera en premier?
L’autre problème, c’est la valeur de Danault. Don Meehan le vend comme un joueur top six – ce qu’il est depuis quelques années à Montréal – alors que Marc Bergevin se doute bien que Danault ne sera plus sur ses deux premiers trio le jour où l’équipe aspirera sérieusement à la Coupe Stanley. Et il croit que ce jour s’en vient plus tôt que tard.
Le DG du Canadien aurait aimé qu’il y ait encore une année de plus au contrat de Danault afin de pouvoir bien tester Jesperi Kotkaniemi et Nick Suzki dans leur nouveau rôle respectif… et c’est pourquoi il est prêt à entamer la saison 2020-21 avec Danault qui dispute sa dernière année de contrat. Le DG veut attendre. Il veut colliger plus d’informations avant d’offrir des millions $ supplémentaires à Danault. Il souhaite savoir à quel point les deux jeunes peuvent tirer leur épingle du jeu face aux meilleurs éléments adverses, soir après soir.
On peut le comprendre.
Est-ce que laisser un gars comme Danault jouer sans contrat pour la saison suivante pourrait venir hanter Marc Bergevin? Ça se peut. Avec Petry, Allen et Gallagher qui ont signé une prolongation de contrat, il est clair que Danault, Tatar et Armia pourraient se sentir moins désirés.
Combien vaut Danault? Probablement entre 4,5 et 5,5 millions $ par saison présentement.
Mais que vaudra-t-il dans un an? Personne ne le sait. Est-ce que sa valeur aura augmenté en raison des performances décevantes de KK et Suzuki? Sera-t-il un encore (et plus que jamais) must pour Marc Bergevin? Sera-t-il devenu un vrai troisième centre? Est-ce que son jeu two-way, ses talents défensifs/responsables et ses talents au cercle de mises en jeu seront suffisants pour aller lui chercher un contrat de plus de 5 millions $ à eux-seuls? Sera-t-il nominé au trophée Selke?
Bref, l’offre de Marc Bergevin et les demandes de Don Meehan pourraient fluctuer. C’est un jeu dangereux.
Mais puisqu’il n’a plus beaucoup d’espace pour le futur à court/moyen terme, Marc Bergevin n’a pas le choix de jouer ce jeu-là.
Si j’étais Danault, j’accepterais de signer un contrat juste et à la limite, à rabais. Il est heureux à Montréal. Il est apprécié à Montréal. Peu importe sur lequel des (trois premiers) trios il sera employé, il aura de bons ailiers à ses côtés. Et la pandémie pourrait causer de mauvaises surprises financières encore dans un an.
À l’instar de Brendan Gallagher, Phillip Danault n’aura probablement pas assez de temps dans sa vie pour dépenser tout l’argent qu’il aura gagné à jouer au hockey. Allez Phillip, signe les trois copies. Ne pense pas au contrat que tu te voyais signer il y a un an, mais plutôt à celui que tu pourrais regretter (ne pas avoir signé) dans quelques années.
Et Marc, n’oublie pas que les joueurs québécois de qualité se font de plus en plus rares dans la LNH. Avec Charles Hudon en Suisse, Jonathan Drouin qui tourne en rond et Trevor Timmins qui ne repêche aucun Québecois, peux-tu vraiment te permettre de perdre un gars comme Danault? C’est ce que je pensais…