Gary Bettman est un génie mal-aimé.
Non non, je ne suis pas un fanatique de Gary Bettman. Dans le type de personne qu’il est, nous sommes loin d’un humaniste comme un Jean Béliveau ou un passionné du hockey comme Patrick Roy.
Bettman est un homme froid, charismatique comme une roche et il possède un niveau émotionnel relativement bas, pour ne pas dire inexistant.
Et la LNH avait besoin d’un tel homme… et j’ai bien dit avait!
La LNH ne s’est jamais aussi bien portée :
1. Pour les propriétaires
Depuis le début des années 2000, les revenus de la ligue ont pratiquement triplé en passant 2.2 à 6.4 milliards de dollars, et ce, malgré deux conflits de travail et la pandémie de COVID-19. Et le tout va s’accélérer!
Avec le prochain contrat de télévision, mais surtout de streaming, il sera plus facile d’accéder au contenu de la LNH et pour les propriétaires d’équipe de vendre leur produit dans leur marché respectif.
À ce point s’ajoute la valeur des équipes : elle a explosé. Selon Forbes et en date de la saison 2022-23, plus 23 des 32 équipes de la LNH ont une valeur de 1 000 000 000$. Ce groupe inclut la plus jeune franchises (le Kraken de Seattle) avec une valeur de 1.2 milliard $ avec un prix d’entrée de 650 millions, et ce, après seulement trois saisons d’existence. C’est un méchant bon deal ça, mon Fitzgibon!
Vous me direz que les échecs d’Atlanta (vers Winnipeg) et de l’Arizona (vers l’Utah) portent ombrage au parcours de Bettman. Quand vous avez une liste de 5-6 villes qui sont prêtes à accueillir un ou deux canards boiteux au besoin ; vous pouvez vous permettre un certain entêtement et au besoin de tirer la plogue quand cela vous tente. Le déménagement en accéléré des Coyotes dans l’Utah est le meilleur exemple.
Et Aujourd’hui, les équipes ont les reins solides et aucune crise majeure ne semble se porter à l’horizon.
La structure du plafond salarial donne des avantages astronomiques aux joueurs. Avec une moyenne salariale de 3.5 millions de dollars et un partage des revenus avec les propriétaires, les joueurs sont de plus en plus riches. Non seulement plus riche, mais ils le deviennent plus rapidement dans leur carrière.
Les équipes sont dorénavant prêtes à accorder d’énormes contrats avant même que les joueurs n’aient mis des points au tableau. Le plus récent contrat de Juraj Slafkovsky le démontre bien! Avec ses 7.6 M$ pendant huit ans, peu d’analyste se sont insurgés contre ce contrat, bien que le kid ait connu une seule véritable bonne saison. La forte majorité des journalistes se disent que la structure du plafond salariale justifie, à moyen long terme, d’accorder ces contrats immédiatement après le contrat d’entrée des recrues.
Pour les joueurs, cela permet de casher le plus rapidement possible et aux équipes de planifier à long terme leurs investissements dans le talent des joueurs et voir les besoins dans cette même ressource. C’est du Win Win pour les deux parties.
Du même coup, Bettman a coupé l’herbe sous le pied de l’Associations des joueurs.
3. Pour le fan de hockey
Avouons que depuis la nouvelle convention collective, plusieurs changements à la LNH ont rendu le produit de plus en plus intéressant, pour ne pas dire excitant. Personnellement, je n’étais pas du tout un fan de la nouvelle mouture des séries éliminatoires. Force est d’admettre que sous la nouvelle formule, chaque série attire l’attention.
La qualité et l’intensité du produit se sont grandement améliorés et des rivalités se sont intensifiées. Quoi qu’on en dise, on a tous suivi le Xᵉ chapitre de la rivalité Toronto vs Boston. Maudit que c’est le fun de voir deux ennemis jurés se battre ensemble, et le spectacle autour de la série est excellent.
Pour le fan, Bettman a su mettre le Comité International Olympiques au pied du mur. Après une absence catastrophique des joueurs de la LNH, le CIO a compris qu’il a besoin du circuit Bettman pour attirer l’attention aux Olympiques d’hiver. Bettman a donc gagné son pari et tire tous les bénéfices pour la ligue, les joueurs et surtout le fan, qui pourra revivre la magie de ce tournoi magique.
Cependant, tout bonne chose a une fin. Bettman a remis la LNH sur la map et la ligue est en santé. Ses assises sont solides. Mais est-il le meilleur homme pour la prochaine étape : le rajeunissement de la base de partisans? La réponse est non.
Le conservatisme du hockey fait en sorte qu’il n’est pas la meilleure personne pour amener le circuit un step plus haut.
Avec la venue éventuelle d’un diffuseur de streaming officiel (dont les plus jeunes ont plus facilement accès) et la platitude des événements promotionnels de la LNH (week-end des étoiles, le repêchage, etc). La LNH doit prendre le même chemin que la NBA, et miser sur un renouveau marketing.
Je ne prétends pas avoir les solutions remédier à situation, mais le risque qui guette la LNH est de devenir la nouvelle MLB, une ligue avec une clientèle de plus en plus vielle et qui risque de voir les inégalités entre les franchises s’agrandir à vue d’œil.