Gestes dangereux : Pour une vraie justice dissuasive dans la LNH

Ces derniers temps, les matchs préparatoires plutôt violents du CH et de plusieurs autres clubs de la LNH nous ont fait vivre une gamme d’émotions en général pas très bonnes pour la santé : colère, dégout, haine…

Des émotions qui ont souvent à voir avec une sentiment d’injustice causé par des actions dangereuses demeurées passablement impunies par la LNH.

Ainsi, dans l’état actuel des choses, souvent le mieux qu’un club puisse faire lorsque des coups vicieux sont stupidement assénés à leurs joueurs, c’est de se mettre à picosser le malfaiteur en meute toute la soirée comme le suggéraient Denis Gauthier et Mathias Brunet, ou encore, d’appliquer exactement la même médecine qu’a servie Xhekaj à Stützle pour venger la tentative de blessure sur Dach par Ridly Greig.


En gros, c’est œil pour œil, dent pour dent.

La loi du Talion.

Moi aussi je me suis fait prendre au jeu de prêcher la loi du Talion (dit en des termes moins académiques) devant mon garçon de 8 ans quand mardi soir j’ai vu Greig viser la tête de Dach, dans son angle mort, un bon moment après que ce dernier ait passé la rondelle.


Que voulez-vous, en 2024 dans la LNH, plus de 3750 ans (si, si!) après les premières formulations de ladite loi à Babylone, c’est encore de même que ça marche dans la LNH, une entreprise sportive multimilliardaire devant, entre autres, servir de modèle à notre belle jeunesse!

Évidemment, du côté de la LNH, tant que ce sera des personnes comme le subtil George Parros qui seront sciemment placées à la tête du département de la sécurité des joueurs, on n’assistera pas à une grande révolution à partir de laquelle on se souciera vraiment de la… sécurité des joueurs! #1984 #Orwell

La solution? Une vraie justice dissuasive : des peines minimales obligatoires de 5 ou 10 matchs.

Or, le réflexe « normal » du fan très moyen que j’ai été mardi soir dernier en compagnie de fiston ne DEVRAIT PAS être celui de l’ancestrale loi vengeresse de l’humanité, oeil pour oeil, dent pour dent!

Le réflexe qu’on devrait avoir – et ce depuis un certain temps déjà – devrait en être un qui nous ferait plutôt formuler une idée un peu plus civilisée et simple comme celle-ci :

« Quel idiot! Il mérite au moins la suspension minimale de cinq matchs sans salaire pour un tel geste. »

Ou 10, voire 20 matchs, si le joueur est blessé sérieusement à la tête (commotion cérébrale) ou au genou (entorse, etc).

Un récidiviste? On double la mise!

Une suspension tant et aussi longtemps que le joueur visé et blessé intentionnellement ne peut revenir au jeu pourrait même être considérée dans les cas les plus extrêmes…

Et il faudrait aussi réfléchir à imposer des amendes salées aux équipes des joueurs fautifs. Pour une suspension de cinq matchs, 250 000$ minimum? 10 matchs, 500 000$ ? Ça rendrait les joueurs un peu plus honteux et la honte est un facteur très dissuasif…

Quelques exemples
Dans le cas d’un double échec par derrière comme celui de Domi sur Hutson lors du 3e match hors concours? Cinq matchs minimum. Dans la rue, on considérerait ça une attaque à main armée!

De mises en échec vicieuses et dangereuses comme celles de Greig et Xhekaj? Cinq matchs minimum. Tentative de blessure. Cinq de plus si c’est un récidiviste pour ce genre d’offense. Cinq de plus si blessures. C’est exactement le genre de coup qui n’a plus sa place au hockey.

Sans discuter de la pertinence de faire joueur des joueurs marginaux contre des joueurs de la LNH en pré-saison, un geste comme celui de Paré sur le genoux Laine ? Minimum de cinq matchs, peu importe la ligue où il jouera et même si c’était pas vraiment intentionnel.

Blessure grave? 10 matchs obligatoires. Too bad pour Paré. Il ne faut pas frapper aux genoux, c’est trop dangereux. Laine va en manquer au minimum 25-30, lui.

Comme on a voulu protéger le quart-arrière au football puisqu’il est souvent en position plus vulnérable, on veut protéger un peu mieux le porteur du disque ou pas? On veut tenter d’enrayer le réflexe du genoux qui sort ou pas? On veut qu’il y ait un minimum de justice pour l’équipe qui perd un joueur ou pas?

Bien sûr, pour les suspensions plus longues, les joueurs pourraient toujours en appeler et on considérerait alors leur plaidoyer avant de rendre un verdict final, mais l’idée générale serait d’établir une base ferme en s’appuyant sur ce que révèle les études sérieuses en matière de dissuasion comme ce qui suit, retrouvé sur le site du Ministère de la justice du Canada :

La recherche sur la certitude des peines aussi bien que sur leur sévérité est applicable à la question des peines minimales obligatoires (PMO). Or, les résultats de cette recherche considérés dans leur ensemble donnent à penser que la sévérité pourrait être moins importantes du point de vue de la dissuasion que les initiatives renforçant la certitude de la sanction (Miller et Anderson, 1986; von Hirsch et coll., 1999)

Ce qui est important et ce qui deviendrait vraiment plus dissuasif dans la tête des joueurs ne serait donc pas tant la sévérité (la durée) de la peine, mais bien la certitude de la recevoir!

Présentement, c’est du gros n’importe quoi avec des imbécilités du genre : « le point de contact initial n’était pas la tête donc c’est moins grave, moins intentionnel! », qui font en sorte qu’on passe d’aucune suspension à parfois cinq matchs, comme ça avait été le cas avec le test disgracieux de Gallagher sur Pelech.


Mais dans bien des cas, comme ceux de Greig et Xhekaj, ça demeure un coup dangereux et vicieux même si la tête est le deuxième point de contact ou si la tête et/ou la région du cou sont secoués par un coup porté haut! C’est simplement par chance que les deux joueurs n’ont pas subi de blessures graves.

Peu importe la pureté de l’intentionnalité – qui est toujours difficile à prouver hors de tout doute raisonnable – l’important serait d’envoyer et d’implanter un message et des sanctions clairs dès qu’une geste dangereux aurait pu être évité et qu’il n’est pas purement accidentel.

L’idée serait d’établir les véritables bases d’une justice dissuasive certaine et facile à comprendre, connue de tous au moment de lacer leurs patins.

Même s’il existera toujours des épais et des récidivistes, même si rien ne sera jamais parfait dans un sport aussi rapide et imparfait, une justice dissuasive claire et civilisée éradiquerait une bonne partie des coups vicieux et dangereux qui n’ont à voir avec le hockey, comme ceux de Greig et Xhekaj, Domi et tant d’autres.

Bien sûr, la pas toujours collaborative, ni très éclairée, AJLNH devrait elle aussi être d’accord avec de telles règles beaucoup plus sévères, sujettes à couper de 6% (5 matchs) à 12% (10 matchs), voir un plus grand pourcentage encore du salaire annuel pour les récidivistes et les gestes très vicieux, dangereux et graves.

Ce ne serait pas une partie facile à négocier.

Mais avez-vous un meilleur moyen de responsabiliser les joueurs et de les aider à s’aider eux-mêmes?

Un sport de contact plus intelligent et respectueux

Quoi?

« Le hockey professionnel n’est pas la ringuette, c’est un sport de contact, un sport viril, ça va vite et il ne faut pas dénaturer le jeu! »

Aucun problème. Il n’est pas question d’enlever les durs contacts, ni de dénaturer le jeu, et oui, les joueurs devraient continuer de jouer la tête haute.

Il est simplement question d’éliminer ou de réduire le plus possible, les coups dangereux, salauds, imbéciles et inutiles qui n’ont rien à voir avec le hockey en tant que tel.

Le « pire » qui pourrait arriver, c’est qu’on assiste à plus de buts et de beaux parce que moins de joueurs vedettes se feraient blesser!

Quelqu’un est contre?

Si la NFL, dans un sport où il y a encore plus de contacts par la nature même du jeu, a réussi à mieux protéger ses quarts-arrières (roughing the passer rule) par un ensemble de règles très précises, pourquoi la LNH ne serait-elle pas capable de mieux protéger le porteur du disque (ou celui qui ne l’a plus depuis déjà un certain temps?) des coups complètement ridicules comme ceux qu’on ne cesse de voir ces temps-ci?

Pour l’instant, malgré toutes les données probantes qui s’accumulent, entre autres, sur les dangers pour le cerveau des coups à la tête, peut-être que la LNH n’en a pas suffisamment la volonté. La violence est peut-être trop payante pour la LNH, money talks.

Mais des prises de positions de ce genre, dans la foulée de celle de Ken Dryden qui ne date pas d’hier, doivent continuer d’être véhiculées et partagées.

Les révolutions se font souvent sur le long terme.

Mais justement, là, ça commence à être trop long. Les joueurs sont de plus en plus forts, le jeu de plus en plus rapides et le civisme le plus élémentaire, le respect entre eux, semble en voie d’extinction.

Agissez!

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