«Je me suis toujours dit que j’allais être le plus travaillant, le gars qui ne lâchait jamais» – Steve Bégin

On a tous notre façon de voir les choses actuellement. Le Canadien ne sera pas dans le mix… ses joueurs sont trop soft… le système du coach n’est pas bon… il manque de talent dans l’équipe… les gars sont trop petits… tout le monde est déjà blessé…

Mais avoir la chance d’en discuter off on the record avec un ancien joueur des Habs, ça, c’est next level.

J’ai eu la chance de m’asseoir (virtuellement) avec Steve Bégin, ancien #22 du CH, le temps d’un café virtuel vendredi midi. Et on a jasé…

Comment décrirais-tu ce début de saison, Steve ?

« Des montagnes russes ! On ne voit pas toujours la même équipe. Les gars sont capables du meilleur comme du pire. Le groupe est instable ! » – Steve Bégin

Selon Steve Bégin, le plus urgent, c’est de trouver des solutions aux difficultés des joueurs dans leur zone défensive.

« Il faut ajuster des choses le plus rapidement possible. On est perdu dans notre zone. On donne trop de chances à l’équipe adverse. Le système défensif est peut-être à revoir. » – Steve Bégin

Bégin doute du système man-to-man de Martin St-Louis, qui fait de plus en plus jaser. Il pensait qu’il verrait quelque chose d’amélioré à ce niveau cette saison, mais ce n’est pas le cas. En man-to-man, quand tu es battu, tu mets ton équipe dans le trouble.

Mais il n’y a pas que le système du coach qui titille Bégin ; les gars doivent être meilleurs sans la rondelle, même si c’est cliché. C’est tellement important de ne pas être attiré par la rondelle aux yeux de l’ancien du CH. Tu ne peux pas toujours regarder la rondelle quand tu es dans ta zone.


Pas de panique, mais…
Steve Bégin n’est pas prêt à appuyer sur le bouton panique pour autant.

« On est reparti de la racine. Il faut être patient, pas faire du patchage comme on a fait pendant plusieurs années… ajouter un morceau par ci par là, puis ça dure pas longtemps. On n’a jamais eu une banque de jeunes aussi talentueuse. Le premier trio est rempli de talent, même si on est en droit de s’attendre à plus de Slafkovsky, Suzuki et Caufield. » – Steve Bégin

Sauf que Steve Bégin ne s’en cache pas ; il a hâte de voir Martin St-Louis faire du hard coaching.

« J’ai hâte que ça commence, le hard coaching. Martin St-Louis a dit que ça allait commencer cette année, mais je ne le vois pas. J’ai hâte de le voir. C’est nécessaire pour instaurer une culture de gagnants, de ne pas laisser les gars qui ne t’en donnent pas sur la patinoire, shift après shift. Sinon, tu te contredis et ça ne donne rien, tout ça. Arber Xhekaj aurait dû regarder le match face aux Kings d’en haut. Struble était prêt. Oui, t’es tough, mais il faut que tu sois capable de jouer la game, de bien te positionner, de ne pas trop faire d’erreurs. » – Steve Bégin

Il est allé jusqu’à mentionner que les autres équipes ne se battaient pas avec Xhekaj présentement notamment parce que l’avoir au banc des pénalités (plutôt que sur la patinoire), ce n’était pas bon pour elles…


Y aurait-il de la place pour Steve Bégin dans la LNH d’aujourd’hui ?
On le sait, la LNH a beaucoup évolué depuis 25 ans. Lorsque j’ai demandé à Steve Bégin si la LNH d’aujourd’hui était encore atteignable pour des gars comme lui, j’ai touché une corde sensible.

« Je suis dyslexique, dysorthographique et T.D.A. Les gens comme moi, ils vivent avec de grands défis, mais ils ont aussi de superbes qualités. On est super persévérants et très travaillants. Pour me rendre où je me suis rendu, je me suis toujours dit que j’allais être le plus travaillant, le gars qui ne lâchait jamais. J’aurais été pareil aujourd’hui. » – Steve Bégin

Il n’en reste pas moins que Bégin est conscient qu’aujourd’hui, même les joueurs de profondeur et les travaillants ont des skills, ce qui n’était pas le cas à son époque.

« Avant, tu pouvais être juste un grinder. Aujourd’hui, tu dois avoir du gros talent brut. À 10 ans, mon père m’a dit que je devais me fier sur mon cardio et mon endurance, que je devais moins travailler sur mes feintes et devenir un Dale Hunter. Ce serait différent aujourd’hui. J’aurais regardé des vidéos sur les réseaux sociaux en temps réel et j’aurais tenté de les reproduire. » – Steve Bégin


Steve Bégin s’implique
Ce n’est pas parce que sa carrière de hockeyeur est terminée que Steve Bégin ne s’implique plus. Loin de là !

Du 18 octobre au 1er novembre, il est porte-parole pour la deuxième édition de la campagne de sensibilisation J’aime mon DYS, qui a pour but d’aider les jeunes à accepter leur(s) trouble(s) d’apprentissage.

(Crédit: Lexibar)

Steve a eu un parcours scolaire difficile et il veut que les jeunes sachent qu’ils ne sont pas seuls… et qu’il ne faut pas avoir honte.

Lorsqu’il était jeune, il avait de la difficulté à l’école. Il détestait lire et certains de ses enseignant(e)s lui répétaient qu’il était le crayon le moins aiguisé de la boîte. Quand il a vu que sa fille avait sensiblement les mêmes difficultés que lui – les troubles d’apprentissage sont souvent héréditaires -, il l’a fait évaluer. Et il s’est ensuite fait diagnostiquer à son tour.

« Je m’en foutais un peu dans le temps parce que je voulais devenir jouer de hockey, mais les jeunes n’ont pas tous cette chance-là. Il existe aujourd’hui un logiciel nommé Lexibar, implanté dans 87 % des établissements scolaires du Québec, et qui fait la différence. Quelqu’un qui a peur d’aller à l’école peut gagner en confiance en quelques semaines à peine grâce à ce logiciel. Et les gens autour peuvent apprendre à mieux dealer avec la personne concernée. » – Steve Bégin


Un D.E.S. à 40 ans
Steve Bégin s’est inscrit à l’école à l’âge de 39 ans et il a réussi son dernier examen lui donnant enfin son diplôme d’études secondaires le jour de son 40e anniversaire. Quel superbe cadeau de naissance (non-prévu, me dit-il).

« Je voulais être un exemple, mais ce n’était pas facile. Aujourd’hui, j’arrive à lire des livres, à parler anglais. J’ai toujours eu de la misère avec l’anglais. Eh bien, j’ai récemment appris que c’était une des langues les plus difficiles à apprendre pour un DYS. Ça explique des choses. » – Steve Bégin

Il ne s’en fait plus beaucoup, des Steve Bégin. Je ne sais pas ce qui est arrivé avec le moule, mais je pense qu’il est discontinué. Malheureusement…

Si vous le croisez dans les prochaines semaines, allez lui dire qu’il ferait un excellent invité au podcast Stanley25. Il ferait un excellent invité…

Prolongation

– Steve Bégin a disputé une douzaine de saisons dans la LNH. Quel est le meilleur entraîneur qu’il a eu ? Claude Julien et Bob Hartley. Ils étaient tous les deux du type « plus tu m’en donnes, plus je t’en donne ». Et ça, ça a toujours fait la paire avec Bégin !

– Bégin a adoré disputer une saison à Boston après avoir quitté Montréal et il se dit bien traité en tant qu’ancien Bruin. On l’a déjà reçu dans une loge aux Bruins, de même qu’aux Celtics. L’organisation des Bruins – tout comme celle des Canadiens – sait comment traiter ses joueurs, selon lui.

– À l’époque, les gars comme Steve Bégin revenaient trop vite au jeu après une blessure. Deux Tylenols et un sac de glace sur la tête, et Steve se disait prêt après une commotion cérébrale. Même chose après une opération à l’épaule : un mois après, Steve était prêt à sauter sur la glace.

Et Steve Bégin l’admet : il aurait dû être opéré plus tôt dans sa vie, au lieu de continuer de jouer blessé et d’empirer sa situation. Ce n’est plus comme ça aujourd’hui. Il a joué plusieurs matchs avec une fracture au pied ou autre blessure importante…

– Steve Bégin s’est déjà battu avec nul autre que Marc Bergevin.

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