Hockey Canada a tué les particularités du hockey made in Québec. C’est du moins ce qu’affirme Martin Leclerc, journaliste de Radio-Canada, dans la dernière édition du podcast Tellement hockey. Une affirmation assez intriguant merci que j’ai le goût d’approfondir avec vous aujourd’hui.
Mais avant, ça prend un peu de contexte à tout ça.
Dans l’émission, l’animateur, Alexandre Coupal, a demandé à ses deux comparses, Martin Leclerc et Alexandre Gascon, s’ils étaient pour ou contre le Michigan à la suite des tentatives ratées par Adam Fantilli et Connor Bedard dans le premier match de l’équipe canadienne au Championnat du monde de hockey junior. Les deux étaient pour le maintien de ce genre de manœuvre tout en soulignant qu’elle était à faible taux de réussite et qu’un match où ton équipe tire de l’arrière n’était peut-être pas la place ni le bon moment pour la tenter.
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Une entrée en matière difficile pour le Canada au mondial junior, Justin Barron rejoint les Canadiens.
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— Radio-Canada Sports (@RC_Sports) December 28, 2022
C’est à ce moment que la discussion a bifurqué du sujet vers le « Canadian Way », soit la façon canadienne de jouer au hockey à base de crosschecks, de tirs déviés et de jeu très robuste et punitif pour l’adversaire. Comme son nom l’indique, le « Canadian Way » est issu du Canada anglais et s’est rapidement imposé à l’ensemble du pays, gommant, par le fait même, les particularités du hockey québécois. Pas parce qu’il est fondamentalement meilleur, mais parce que les anglos sont plus nombreux et en position d’autorité par rapport aux francos.
« À mon sens, le « Canadian Way » a tué le hockey québécois. Il y a quelques décennies, les hockeyeurs québécois étaient au hockey ce que les joueurs de foot brésiliens étaient au soccer. » – Martin Leclerc
Les hockeyeurs d’ici étaient, selon lui, extrêmement offensifs, créatifs et ils marquaient des buts à profusion. La LHJMQ était, de loin, la ligue la plus tournée vers l’attaque du pays.
Un des moments les plus marquants pour démontrer la scission entre la vision canadienne et québécoise de notre sport adoré a été la fois où Mario Lemieux, 16 ans à l’époque, a été retranché par l’entraîneur Dave King de l’édition de 1983 d’équipe Canada junior en mentionnant qu’il ne savait pas jouer au hockey. Depuis, King a mainte fois mentionné qu’il aurait dû retenir les services du Magnifique, mais le mal est déjà fait.
Entre ce moment et aujourd’hui, le Québec a graduellement cessé de produire de grands joueurs offensifs alors que ç’a avait longtemps été la marque de fabrique de la LHJMQ. Tellement, qu’à un certain moment, la Q était devenue la meilleure pépinière de gardiens de but au monde. Un changement assez radical!
Mais là, vous vous dites sûrement que le problème s’est résorbé puisque tout le monde joue le même type de hockey d’un océan à l’autre.
Ce serait bien trop simple.
Dans l’élan de la discussion, Alexandre Gascon a partagé un échange qu’il a eue avec un ancien entraîneur de la LHJMQ qui a été impliqué auprès de Hockey Canada et qui a eu à faire face à ce clash entre les deux Canada :
« Il me racontait que lors de discussions avec les autres bonzes, il essayait de vendre sa salade : « Tel gars de la LHJMQ est 3e meilleur compteur, je l’ai vu jouer », il faisait son pitch et faisait valoir ses statistiques offensives et on lui répondait : « Yes, but it’s the Q… you know! », comme si tout l’argument était là-dedans. » – Alexandre Gascon
Vais-je trop loin si je mentionne que ça frôle le racisme comme commentaire?
« J’aime bien les joueurs du Québec, mais… »
Après, on se questionne pourquoi des jeunes comme Zachary Bolduc considèrent que les Québécois partent avec deux prises contre eux quand ils tentent de percer l’alignement d’équipe Canada. Je ne dis pas qu’il méritait une place dans l’équipe. Je soulève simplement le fait que ça sonne comme histoire récurrente chez Hockey Canada et que les joueurs du Québec doivent se battre contre des idées préconçues de la part des dirigeants.