Le développement des joueurs est une science si inexacte dans la LNH, on en vient à surestimer l’impact que peuvent exercer les équipes dans la gestion de leurs espoirs.
Comment un directeur général peut-il savoir exactement à quel moment il serait idéal, par exemple, de rappeler son choix de première ronde de la ligue américaine? Comment peut-il avoir la certitude qu’il n’aurait pas pu contribuer dans la ligue nationale à un plus jeune âge, sans que cela affecte sa progression? Tout cela est subjectif, et le fait de dominer la LAH à un moment précis n’assure pas un succès immédiat dans le circuit Bettman. La logique, comme on la conçoit, n’est pas respectée à tout coup.
Prenez le cas de Leon Draisaitl. L’Allemand s’est fait timide à ses débuts dans la LNH sous les ordres de Dallas Eakins l’an dernier, avec seulement neuf points en 37 matchs. On a voulu le protéger et limiter ses responsabilités. On ne le faisait pas confiance, car il était jeune et «les jeunes font des erreurs». Bref, on a tous déjà entendu cette chanson…
Il a finalement été rétrogradé pour disputer la troisième et dernière année de son stage junior à Kelowna, où il a mené les siens à la finale de la Coupe Mémorial.
Le gros centre des Oilers s’est amené au camp d’entrainement de 2015-2016 avec la ferme intention d’évoluer dans la LNH, mais ses jolis flashs offensifs et ses quatre points six rencontres préparatoires n’ont pas suffi pour obtenir un poste à Edmonton. Draisaitl a donc pris la direction de Bakersfield pour fourbir ses armes et convaincre la direction qu’il était fin prêt à affronter les meilleurs de sa profession. Chose qu’il n’a pas faite, en théorie, car il a tout sauf mis le feu à la ligue américaine durant son séjour, comme en témoigne son dossier de deux points, et sa fiche de -5 en l’espace de six matchs. Un rappel du grand gaucher n’a fort probablement jamais été dans les plans à ce moment, mais une blessure à Jordan Eberle a forcé Peter Chiarelli à faire appel à l’espoir le mieux outillé pour colmater une brèche sur son top-six.
Du jour au lendemain, Draisaitl qui peinait à faire secouer les cordages dans la LAH, affrontait le Canadien aux côtés de Ryan Nugent-Hopkins et Taylor Hall, sur le premier trio offensif. Malheur! Il s’agit d’un geste à contrecœur! Va-t-on le précipiter? Son niveau de confiance baissera-t-il davantage?
Le reste, c’est de l’histoire, comme diraient les Anglos.
Le plan initial des Oilers n’était pas de rappeler Draisaitl aussitôt, mais ils ont cru bon de le faire ne serait-ce que pour essayer de combler l’absence d’Eberle pendant quelques matchs. Et ils ont été agréablement surpris, de même que chanceux dans leur malchance. Ils n’ont plus à se soucier de son développement ou se questionner sur son réel potentiel: le gros centre qu’ils croyaient repêcher en 2014 est d’ores et déjà parmi eux.
Bref, souvent, l’arrivée définitive d’un jeune dans la LNH est une question de circonstances. Quand les astres s’alignent et qu’un jeune rappelé dépasse les attentes préalablement établies, il faut accepter de modifier son approche en conséquence et ne pas avoir peur de tenter de nouvelles expériences.
Il est peut-être temps pour le Canadien de développer Sven Andrighetto dans la LNH jusqu’à la fin de la saison. La situation y est propice. Carr est blessé, Weise traverse une autre de ses trop longues léthargies, Semin et Kassian ont fait patate. Cette équipe a besoin d’attaque, et surtout de renforts à l’aile droite. Andrighetto n’est plus cet attaquant frêle qui avait disputé 12 matchs à Montréal l’an dernier. Le Suisse a pris du coffre cet été et, par le fait même, gagné en efficacité dans les zones restreintes ainsi qu’en échec avant. Il peut jouer dans les deux axes, nord-sud et est-ouest, et possède des qualités de finition supérieures à n’importe quel ailier droit qui ne se nomme pas Brendan Gallagher à l’heure actuelle.
Ce scénario se veut attrayant autant du point de vue de l’entraineur, que de celui du joueur et du directeur général.
Si Michel Therrien veut gagner maintenant, il ne se tirerait certainement pas dans le pied en faisant confiance au marqueur suisse pour améliorer son offensive. Andrighetto mène le CH pour le nombre de buts marqués proportionnellement au temps de jeu: il a trouvé le moyen d’en enfiler six en étant employé moins de 12 minutes par match à forces égales, et seulement 50 secondes en moyenne en avantage numérique. Les échanges étant de plus en plus difficiles à effectuer dans la LNH, il ne faut pas oublier que les options les plus efficaces peuvent se trouver à l’interne.
Si Andrighetto veut passer à la prochaine étape, il doit s’habituer au tempo de la LNH et identifier lentement, mais sûrement, les patrons de jeu qui lui assureront du succès dans ce circuit. On voit mal comment quelques mois supplémentaires à St.John’s influenceraient significativement ses chances de réussite, ou comment un séjour prolongé dans la grande ligue occasionnerait une catastrophe.
Marc Bergevin aura du pain sur la planche d’ici la date limite des transactions. Laisser Andrighetto faire sa niche dans la LNH lui permettrait de faire une meilleure analyse de sa valeur sur le marché, en plus de le mettre en vitrine et contribuer à ce qu’un homologue lui soumette une offre intéressante pour ses services. N’oublions pas qu’Andrighetto sera admissible au ballotage l’an prochain, il constitue donc un cas prioritaire pour la direction du CH, qui devra bientôt savoir s’il appartient vraiment à la LNH.
J’ajouterais qu’en étant aux premières loges pour constater la progression de son jeune ailier droit, Bergevin déterminerait avec plus de justesse s’il doit, oui ou non, tendre une prolongation de contrat à Dale Weise.
Au bout du compte, Andrighetto est l’homme qui détient toutes les réponses. Michel Therrien semble progressivement lui faire confiance, et il a une excellente chance à saisir aux côtés de Pacioretty et Desharnais. Qui sait, on pourrait même trouver le moyen de l’insérer sur la deuxième vague de l’avantage numérique si tout va bien…
En rafale
– Lionel Messi est rusé… Wow!
https://twitter.com/FourFourTheo/status/698977666637160449
– Grâce à Christine Sinclair, le Canadan est en demi-finale des qualifications olympiques. (98,5 Sports)
– Pavel Datstyuk a surpassé le plateau des 900 points face aux Bruins cet après-midi. (98,5 Sports)
– Les mathématiques donnent peu de chances au Canadien de faire les séries… (98,5 Sports)
– L’Impact a échangé son ancien choix de 1re ronde Eric Miller. (98,5 Sports)
– Michel Therrien blâme le manque de concentration de ses troupes. (Montreal Gazette)
– Lehkonen est le meilleur espoir du Canadien de Montréal selon Craig Button! #Surprise (All Habs)
– Est-ce Smith-Pelly qui boude ou Michel Therrien qui ne communique pas avec ses joueurs?
https://twitter.com/chr_nar/status/698988673426128896
– Que Price retourne au jeu ou non cette saison, la situation du Canadien est peu enviable… (Sportsnet)
– Andrighetto ne ressent pas de pression, même s’il bénéficie d’une audition intéressante aux côtés de Desharnais et Pacioretty. (Journal de Montréal)
Rendons à César ce qui est à César, Therrien lui a accordé cette promotion peu après que sa mauvaise sortie de zone ait coûté un but à son équipe. Il a été patient.