À l’œil, tout fan de hockey qui se respecte peut reconnaître le talent d’un joueur. Ce qui les sépare des bons recruteurs est la capacité de cerner quel bagage d’habiletés fournira le plus de résultats dans la LNH en fonction du style qui y est pratiqué.
Chaque année, les directeurs généraux recrutent, la plupart du temps sous le radar, des joueurs ayant dominé les circuits professionnels européens. Une faible portion d’entre eux finissent par se tailler une place dans le circuit Bettman et de ce lot, ils sont encore moins nombreux à devenir des joueurs d’impact. Heureusement, ces signatures impliquent un faible risque.
Ce groupe international d’agents libres semble avoir un potentiel plus grand que la norme, cet été. Les Prédateurs ont ouvert le bal en signant le rapide Steve Moses, du Jokerit d’Helsinki. Les Blackhawks ont ensuite mis le grappin sur le dynamique Artemi Panarin, coéquipier d’Ilya Kovalchuk au sein du SKA de St-Pétersbourg. Plus de la moitié de la ligue pourchassait le costaud Sergei Plotnikov avant que les Penguins ne le mettent sous contrat. Des noms plus obscurs et moins connus ont allongé la liste au fil de l’entre-saison.
Appartiennent-ils vraiment à la LNH ? Quel sera leur rôle ? Où se situe la limite de leur potentiel ? Ce classement des joueurs venus d’Europe éclaircira votre perspective.
1. Artemi Panarin, AG droitier, Blackhawks de Chicago, 5’11, 170 livres.
Surnommé le Patrick Kane des Russes dans la KHL, Panarin est le choix unanime au 1er rang, en grande partie parce qu’il revendique toutes les qualités qu’on retrouve chez les petits joueurs prolifiques de la LNH. Il est une sauterelle bougeant constamment ses pieds, multipliant les changements de direction en donnant le tournis aux défenseurs. Panarin combine finesse et finition, mais il ne remplit pas tout à fait le profil de franc-tireur – ce qui ne l’empêche pas outre mesure de marquer des buts. Toutefois, il faut prendre garde à son puissant lancer sur réception depuis le cercle des mises en jeu.
2. Sergei Plotnikov, AD/AG gaucher, Penguins de Pittsburgh, 6’2, 205 livres.
Un attaquant de puissance punitif, ardent, qui a les outils pour dominer, mais est ralenti par son coup de patin déficient. En ce sens, les dimensions nord-américaines devraient faciliter sa transition au jeu de la LNH. Voir un joueur de son style – avec la faiblesse qu’on lui connaît – enfiler des points dans une KHL prônant les tracés est-ouest et les démonstrations savantes est un signe encourageant, suggérant qu’il a beaucoup à offrir dans un circuit plus robuste. Vous savez ce qu’on dit, les joueurs de son gabarit ont un poste à perdre, alors que ceux de petite taille en ont un à gagner. Si tout se passe bien, les Penguins vont craquer pour son intensité et sa capacité à marquer les buts affreux dans la peinture.
3. Viktor Tikhonov, C/AD droitier, Blackhawks de Chicago, 6’2, 185 livres.
Ne vous préoccupez pas par ses statistiques. Après tout, Tikohnov ne remplira pas les filets et il ne devrait pas produire plus d’une trentaine de points. Il n’en demeure pas moins un sapré bon joueur de hockey faisant pencher la balance du bon côté grâce à son savoir-faire dans les trois zones et ses manœuvres aussi gracieuses qu’intelligentes avec la rondelle. Il ne faut pas oublier qu’à 19 ans, ce choix de 1re ronde jouait déjà comme un adulte, disputant d’importantes minutes sur le désavantage numérique avec les Coyotes de Wayne Gretzky. Dire qu’il est NHL ready est un euphémisme.
4. Alexander Burmistrov, C gaucher, Jets de Winnipeg, 5’11, 181 livres.
C’est le bon vieux Rick Dudley, maintenant bras droit de Marc Bergevin, qui oeuvrait à titre de directeur général des Trashers quand ces derniers ont sélectionné Burmistrov très tôt au 5e rang du repêchage de 2010. Sa meilleure saison dans la LNH à ce jour en est une de 13 buts et 28 points et il n’aura rien cassé en Russie avec le Ak Bars de Kazan. Malgré tout ce qui a été dit à son sujet, il est une force silencieuse dans l’aspect défensif du jeu. Le plus décevant, c’est de constater si peu de résultats pour le talent brut qu’il possède – rapide, brillant passeur, muni d’un bon tir. À l’instar de Lars Eller, il faudra peut-être se rendre à l’évidence que Burmistrov est un formidable atout pour s’acquitter de besognes ingrates, mais probablement pas l’attaquant dominant espéré sur la 1re ligne d’attaque.
5. Steve Moses, AD droitier, Prédateurs de Nashville, 5’9, 172 livres.
Moses patine comme le vent, mais comme Bob McKenzie le dit si bien, est-ce que ce sera assez pour séparer les défensives en deux (les anglophones utilisent plus communément l’expression « Split The D ») ? Au risque de me répéter, sa vitesse en ligne droite a de quoi faire baver. Cette arme, jumelée à un excellent tir, lui a permis de battre le record de buts en une saison dans la KHL. Dans la LNH, son plus grand atout ne sera certes pas aussi efficace qu’il l’était sur une patinoire olympique. Puis, les doutes subsistent quant à son habileté à composer avec le jeu physique. Cela explique la prudence de le placer au 4e échelon, bien qu’il soit sans conteste plus talentueux que Tikhonov et Plotnikov.
6. Evgeni Medvedev, D gaucher, Flyers de Philadelphie, 6’3, 198 livres.
L’absence du facteur wow dans son jeu et le fait qu’il ait écoulé ses prime years le relègue au 5e rang, mais il s’agit d’une bonne signature des Flyers, qui ont obtenu un mentor fait sur mesure pour Ivan Provorov. À 32 ans, Medvedev est un défenseur d’expérience muni d’une longue portée, utilisant bien son bâton pour anéantir les options des attaquants.
7. Sergei Kalinin, C/AD gaucher, Devils du New Jersey, 6’3, 190 livres.
Pour être franc, on ne sait pas si le jeune Kalinin est de calibre pour la LNH. Le jury peut continuer de délibérer entre temps, mais il reste un pari intéressant pour apporter sa part honnête d’offensive sur les tertiaires. Les Devils, qui manquent cruellement de relève et d’inspiration à l’attaque, ont lancé les dés avec ce grand et rapide ailier droit.
Mentions honorables : Joonas Kamppainen (Bruins), Derek Ryan (Hurricanes), Markus Hannikainen (Blue Jackets).
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