Même si je lui reconnaissais un bon lancer du poignet avec le Rocket, juste avant d’être rappelé pour de bon à Montréal, je n’ai jamais été le plus grand fan de Jake Evans.
Intelligent, courageux, certes. Mais pas très rapide et somme toute limité offensivement.
Or, Evans n’a jamais été aussi rapide et c’est justement ce lancer du poignet qui commence à faire pas mal de dommages ces derniers temps dans la LNH, alors que le Torontois de naissance multiplie les tirs chirurgicaux dans la lucarne.
Cinq buts à ses cinq derniers matchs!
Même les réseaux sociaux de l’équipe s’emballent un brin! Hehehe!
JAKE #$%^*&* EVANS#GoHabsGo pic.twitter.com/fmCK9WRlSy
— Canadiens Montréal (@CanadiensMTL) December 29, 2024
Si quelqu’un avait parié un « petit brun » sur une pareille séquence de sa part cette saison, demandez à cette personne de vous payer un verre ou deux, elle en a maintenant les moyens!
Evans s’exposait énormément aux commotions cérébrales à ses débuts chez les pros et ç’a sans doute retardé l’éclosion que nous avons maintenant sous les yeux.
Mais on peut aussi penser qu’il a trouvé son fan numéro 1 en Martin St-Louis qui, à plusieurs reprises, a répété qu’il y avait « plus d’offensive chez Jake » que ce qu’il nous montrait…
Bref, on se retrouve aujourd’hui avec un joueur de centre de 28 ans qui, à son apogée (et sa dernière année de contrat), est sur un rythme de 50 points, sans même toucher à l’avantage numérique!
Mais tout ça aura un prix…
Alors, on prolonge l’aventure avec lui ou on l’échange?
Analysons le dossier à partir du plan général de l’équipe, pour voir s’y Evans peut en faire partie.
Impossible que Kent Hughes ne soit pas déjà en train de recevoir des appels des autres DG qui l’informent toujours un peu plus sur la valeur de son joueur de centre.
Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu’avec la saison qu’il connaît, son caractère et sa rareté sur le marché, Evans vaut facilement un choix de premier tour ou un espoir très intéressant. Exactement comme Monahan l’an dernier.
Jean-Gabriel Pageau, un centre droitier avec un profil semblable à celui de Evans cette saison, avait coûté des choix de première, deuxième et troisième ronde il y a quelques années pour les Islanders qui lui avaient sur le champ consenti 30 M$ sur 6 ans…
Le marché des joueurs de centre est très, très mince cette année. Parmi ceux potentiellement disponibles, seul Mikael Granlund des Sharks (34 points en 37 matchs) a plus de points que Evans (23 points en 36 matchs).
Derrière lui on retrouve Brock Nelson (21 points en 37 matchs) des Islanders qui, à 33 ans (et une fin de contrat à 6 M$), montre déjà quelques signes de ralentissement…
Mais le centre du CH est droitier (plus rare) et supérieur défensivement à Nelson et Granlund…
Bon, à première vue, pour Evans, un troisième choix de premier tour et, disons, un autre choix de deuxième tour ne seraient pas à dédaigner, surtout si l’on pense que l’année en cours est presque assurément la dernière dite de « reconstruction » avant un méchant boutte.
Un troisième choix de première ronde et troisième choix de deuxième ronde, ça peut ouvrir toutes sortes d’options sur le plancher de danse le soir du repêchage, comme utiliser ces choix dans un package pour s’avancer plus tôt ou pour mettre la main sur un joueur établi appétissant.
Il se pourrait aussi qu’un club offre un choix de premier tour pour 2026, un autre scénario qui peut avoir de l’intérêt pour Hughes et Gorton qui auront probablement des idées de grandeur vue de la saison 2026-2027…
Enfin, n’oublions pas que si le CH s’affaiblit en échangeant Evans, il sélectionnera logiquement un peu plus haut avec son premier choix cette année.
Bref, beaucoup de « manger pour la pensée », comme disent les Anglais!
À 29 ans en juin prochain, Evans ne sera pas vieux, mais ne sera plus une petite jeunesse non plus et avec son historique de commotions cérébrales le gestionnaire averti voudra demeurer prudent. Il lui faudra éviter de tomber en amour avec son joueur. Des saisons comme celle-ci, il Evans n’en connaîtra probablement plus.
Mais est-ce que Evans pourrait donner du bon hockey à son club lorsque que la fenêtre d’opportunités s’ouvrira alors qu’il sera au début de la trentaine?
En théorie, oui, et c’est ce qui me fait penser que l’idée de l’échanger pour un choix de fin de premier tour n’est pas nécessairement une idée optimale pour les prochaines années du CH.
S’il connaît la meilleure saison de sa carrière et n’a jamais été aussi rapide et en forme qu’à 28 ans, on peut se dire qu’il ne devrait pas trop décliner lors des quatre ou cinq prochaines saisons.
Quatre ou cinq ans, ça donnerait le temps à Beck et Kapanen de se développer à leur rythme sur un quatrième trio. Ça enlèverait aussi de la pression sur Dach, voire même Michael Hage, qui pourrait s’acclimater à la LNH à son rythme, peut-être à l’aile.
Bref, à l’âge qu’il a et considérant où le Canadien se situe par rapport à son processus, je ne vois pas de contre-indication majeure à prolonger raisonnablement son association avec l’équipe.
La grosse démolition est finie. Le CH doit se mettre en mode « construction », « conservation », « ajout ».
Evans semble pouvoir s’inscrire là-dedans.
À moins qu’on soit déjà convaincu que Beck – en avance sur Evans au même âge – pourra rapidement le remplacer à moindre coût au centre du 4e trio et que Hage ou Dach seront les principales options au centre du troisième trio dans les années à venir…
Un contrat de sept ou huit ans?
Bien sûr, un contrat de sept ou huit ans peut aider à réduire le poids annuel sur la masse salariale, mais Hughes et Gorton voudront-ils s’aventurer sur ce terrain?
On peut fortement en douter.
Surtout avec le plafond salarial qui augmentera de façon significative et les départs anticipés de Dvorak et Savard (plus de 8 M$), ça ne les dérangera pas de payer un peu plus annuellement pour une durée qui leur convient davantage.
Mais en plus du déclin normal qu’on peut anticiper à partir de 35 ans, avec toute la cavalerie qui s’amène au centre, 7-8 ans serait clairement quelques années de trop.
Je serais donc très surpris que HuGo s’aventure au-delà de cinq, maximum six ans, une durée qui pourrait être un bon compromis entre ce que recherchent les deux clans.
On s’imagine mal Evans – qui semble avoir l’équipe à coeur – refuser un pacte de six ans qui lui rapporterait, disons, 22 M$, ou « au pire », 5 ans, 20 M$!
Et le Canadien aurait ainsi son « centre droitier d’expérience en vue des séries » garanti pour une bonne partie de sa fenêtre d’opportunités! Il n’aurait pas besoin de sacrifier des choix au repêchage à chaque saison pour s’en procurer un!
Jusqu’ici, on comprend que l’idée de conserver ses services pour un montant et une durée raisonnables a passablement de sens pour le Canadien à ce stade avancé de la reconstruction.
Or, aux dernières nouvelles le Canadien n’avait toujours pas débuté les négociations avec Evans. « Still crickets » nous disait le principal intéressé avant Noël...
Mais au rythme où vont les choses, plus les semaines avancent, plus ça va coûter cher!
On dirait même que Evans envoie délibérément des messages à ces patrons ces temps-ci…
Deux moments sont donc à retenir pour Evans et le Canadien : la date limite des transactions et le repêchage/la semaine qui mènera au marché des joueurs autonomes.
7 mars 2025
Comme on le disait plus tôt, le #71 pourrait clairement être très convoité sur le marché étant donné sa production et sa rareté sur le marché.
C’est aussi évident que l’agent de Evans fera connaître les demandes de son client à Hughes et Gorton avant la date limite du 7 mars.
Si son agent demande cinq millions $ par année pour les 6 prochaines saisons, Hughes pourrait être très tenté de l’échanger si on lui soumet une offre à son goût. Un peu comme c’est arrivé pour les Sens avec Pageau en 2020.
Mais, si la tendance des 21 derniers matchs se poursuit (le Canadien joue pour environ .600 durant cette séquence) et que l’équipe est très sérieusement dans le « mix », voire carrément en séries, Hughes préférera peut-être conserver Evans en le voyant comme son propre joueur de location.
Tout ce beau monde pourra ensuite s’asseoir calmement à la fin de la saison pour se parler et évaluer leurs options.
On se répète, mais les performances d’Owen Beck et le niveau de confiance du CH à son endroit pourraient jouer un rôle très important dans ce dossier.
Bien sûr, si Evans n’est pas échangé avant le 7 mars et qu’il tient ABSOLUMENT à jouer à Montréal et que le Canadien tient ABSOLUMENT à Evans, ça pourrait se régler bien avant la fin juin.
Mais ça risque quand même de se jouer à ce moment-là pour les deux clans : entre le repêchage et le 1er juillet.
Hughes aura alors toutes les infos dont il aura besoin pour prendre une décision éclairée. Il connaîtra :
– les demandes du clan Evans.
– ses rangs de sélection en première ronde et les joueurs qu’il pourra repêcher à ses positions.
– la progression des jeunes, Beck, Hage et compagnie.
– les propositions d’échanges des autres DG pour ses alléchants choix au repêchage et les autres joueurs de son organisation.
Puis, maraudage ou pas, il aura probablement une méchante bonne idée des joueurs autonomes intéressés à jouer pour le CH…
Bien sûr, si on se rend là et que les offres du CH – en assumant qu’il y en aura – l’ont laissé sur sa faim, Evans serait bien fou de ne pas aller voir ce que les autres clubs seront prêts à lui consentir.
Assistera-t-on alors à un « si tu veux de la loyauté, achète-toi un chien » vol. 2? #Radulov #Bergevin
À une fin de mariage un peu poche comme avec Danault? #Différencede500000$
À un diplomatique et très business « We’re moving in another direction. Thanks for you services Jake. No hard feelings. We wish you Good luck! »?
Ou à une union raisonnable entre gens civilisés et bien intentionnés?
Qui vivum verrum!
Conclusion
Mon avis? Si l’équipe est dans le « mix » ou en séries et que Hughes n’a pas exactement ce qu’il veut à la date limite des transactions le 7 mars, c’est-à-dire, minimalement un choix de premier tour ou un espoir de très haut niveau, il conservera Evans comme « joueur de location » et réévaluera tout ça en juin.Curieux de lire vos commentaires et de jaser le bout de gras avec vous sur Facebook et Twitter, dans le respect bien sûr!