Joe Murphy : de premier choix au total à itinérant

En 1986, à Montréal, les Red Wings de Detroit utilisaient leur premier choix au total du repêchage pour sélectionner l’ailier droit Joe Murphy.

Prometteur et spectaculaire dès ses débuts, il aura disputé 14 saisons dans l’uniforme de 7 équipes différentes, en profitant pour soulever la Coupe Stanley en 1990, avec les Oilers. C’est 233 buts et 528 points qui auront marqué sa carrière au cours de laquelle il aura joué 779 matchs.

Toutefois, après avoir pris sa retraite dans la trentaine, tout est tourné au vinaigre.

Après un incident hors glace ayant mis fin à sa carrière, Murphy a complètement disparu de la map, ne gardant le contact qu’avec sa soeur. Réfugié en Colombie et au Pérou, il envoya une série de emails dramatiques à celle-ci. Dans ces messages, on pouvait y lire qu’il était en danger, qu’il avait perdu sa vie, ainsi que d’autres choses très inquiétantes.

Puis, récemment, après d’autres troubles, le mot a commencé à se passer qu’il vivait désormais comme itinérant à Kenora, dans le nord-ouest de l’Ontario.

L’équipe de TSN l’a trouvé devant un dépanneur. Il a accepté de leur parler.

Murphy a passé les dernières années à vivre dans la rue, dans des refuges, dans des buissons et autres endroits abominables comme ceux-ci. Il passe ses journées devant le dépanneur, à parler aux passants sans jamais ne rien demander.

Il partage des histoires… Mais n’a jamais parlé de sa carrière de hockey professionnel. Il ne souhaite pas que l’opinion des gens change parce qu’il est un ex-joueur.

Aucune aide de la LNH

A-t-il demandé de l’aide? Oui. Lorsqu’il a commencé à se sentir un peu abandonné, il a passé un coup de fil à Dan Cronin, en charge de ces cas dans la LNH, lui mentionnant qu’il ne se sentait pas bien, qu’il se sentait bizarre, et qu’il avait besoin d’aide.

La réponse? Tu ne fais plus partie de la ligue, on ne peut pas t’aider.

Bip. Bip. Bip. 

Il avait raccroché.

Murphy souffre évidemment des répercussions des commotions cérébrales ; son cerveau ne pense pas comme quelqu’un de normal. Il a pris de mauvaises décisions, mais est-ce entièrement de sa faute? «Je ne pouvais pas fonctionner dans la vie de tous les jours», dit-il.

Tout ça, au final, est une combinaison de blessures, de drogues et de mauvais choix.

Et à l’âge de 50 ans, voilà où se retrouve une ancienne tête d’affiche du repêchage de 1986 : devant un dépanneur, perdu, refusant toute aide.

C’est ce qui arrive lorsqu’on en demande et qu’on nous la refuse : on ne fait plus confiance, par la suite, et on croit qu’on peut tout faire par soi-même.

Pour l’instant, Murphy planifie passer l’hiver à Kenora.

Reste fort, Joe.

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