Joey Saputo avoue avoir probablement fait une erreur en se détachant du CF Montréal

On ne pourra jamais reprocher à Tony Marinaro de ne pas parler publiquement du CF Montréal.

Il le fait dans son balado sur le club deux fois par semaine, il le fait trois à quatre fois par semaine lors de son émissions à BPM Sports, il le fait à l’occasion avec JiC à TVA Sports…

Et ce, même si les segments sur le soccer sont constamment moins écoutés que les segments sur le Canadien. Il y a des pagettes qui « aiment » les discussions sur le hockey, mais qui cessent de capter les ondes hertziennes du 91,9 FM Montréal lorsqu’il est question de ballon rond plutôt que de rondelle noire. C’est une réalité.

Certains diront toujours que Tony est trop négatif, mais…

Un, ça prend toutes sortes de couvertures pour bien faire rayonner un club ;

Deux, lorsqu’il y a du positif à dire sur le club, Tony est toujours là pour le faire.

Ce matin, à l’aube d’un match ultra important pour le Canadien à Philadelphie, Tony a fait jouer quelques clips d’une entrevue donnée en début de semaine par Joey Saputo à une station ethnique de Bologne Montréal. Pourquoi ne pas l’avoir donnée à une station de sport francophone, cette entrevue-là? I don’t know.

En gros, voici ce que Tony a retenu de cet entretien en italien :

1. Joey Saputo a avoué s’être détaché du club parce qu’on le critiquait beaucoup à Montréal. Bref, sa solution pour répondre aux critiques sur sa passion, ça a été de s’éloigner du club. Il avoue toutefois qu’il a peut-être fait une erreur en agissant ainsi… une erreur grandiose (de laisser la présidence). Il avoue avoir perdu la passion de travailler à l’intérieur du club.

Joey Saputo met pas mal tout son énergie sur son club de soccer italien.
(Crédit: Getty Images)


2. La culture du CF Montréal aujourd’hui n’est plus la même qu’à l’époque où il était ici et où il aidait le club (Impact) à grandir. Il est fier de l’avoir amené jusqu’au plus haut niveau en Amérique du Nord.

« Ça me brise le cœur. Je vois une grande différence entre où était le club avant et où est le club maintenant. » – Joey Saputo

3. En 2012, l’Impact avait joué des matchs contre Bologne et les deux équipes étaient presque au même niveau selon lui. Si le CF Montréal affrontait la première équipe de Bologne aujourd’hui, ce serait un massacre. Le CF Montréal n’aurait aucune chance. Ce ne sont pas les paroles de Tony, mais celles de Joey.

4. La différence entre Bologne et Montréal, c’est que Joey se permet d’être dans l’entourage de l’équipe en Italie. Il a un dialogue avec l’entraîneur.

« Je ne lui dis pas qui faire jouer et qui ne pas faire jouer, mais je peux y aller de certaines opinions […] à Montréal, je suis vu comme le gars qui met trop son nez dans la cuisine, qui veut influencer l’entraîneur. Comment je suis vu à Bologne et comment je suis vu avec le CF Montréal, c’est complètement différent. » – Joey Saputo

5. Plusieurs personnes l’ont critiqué de passer plus de temps à Bologne qu’à Montréal… à dépenser plus d’argent à Bologne qu’à Montréal. Pourquoi agit-il ainsi ?

« Parce ce qu’à Bologne, c’est apprécié. À Montréal, ce n’est pas apprécié, ce qu’on fait. À Bologne, on me laisse travailler, on laisse travailler notre club.  » – Joey Saputo


6. Joey Saputo prétend dépenser autant d’argent qu’avant dans le CF Montréal. Il répète perdre 20 millions $ annuellement avec le CF Montréal.

7. Le marché de Montréal est un petit marché limité (notamment au niveau des commandites) dans lequel il doit vendre des billets à bas prix pour espérer remplir le Stade Saputo.

Il n’a pas parlé de la faiblesse du dollar canadien, mais il aurait pu.

8. Le club a la mentalité de développer des jeunes et de ne pas trop dépenser sur des vedettes car Joey ne veut pas perdre encore plus d’argent annuellement. Il demande aux partisans d’accepter la stratégie du club et de la soutenir. Sinon – et il ne veut pas en arriver là -, mais ce sera bye-bye.


On en retient quoi ?
Certains partisans ou membres des médias verront dans cette entrevue-là le début d’une réflexion qui mènera inévitablement à la vente de la concession.

Le proprio est détaché… il nous ch*e dessus…

Je respecte leur lecture et leur opinion, mais ce n’est pas comme ça que je perçois tout ça, moi.

Oui, Joey Saputo semble triste… oui, il semble avoir quelques regrets…

Mais il démontre surtout qu’il care encore about Montréal. Il a pris la peine d’expliquer pourquoi il s’est détaché du club et sincèrement, on peut le comprendre d’avoir agi ainsi. Il est émotif et à force de toujours te faire critiquer, tu en arrives parfois à vouloir tout simplement t’éloigner de la braise.

En écoutant cette entrevue – et bien sûr, la traduction de Tony Marinaro -, on comprend mieux pourquoi il n’investit pas dans le Stade Saputo et pourquoi il ne sort pas le chéquier pour que de gros noms en viennent à évaluer sérieusement l’option de débarquer à Montréal.

Mais on peut également se dire que Joey pense actuellement à comment il pourrait rétablir les ponts avec sa ville première.

Le temps est peut-être venu pour Joey de terminer son (trop long) exil loin du Québec et de revenir donner de l’amour à son premier club.

Je sais, tout n’a pas été parfait avec Joey. Vraiment pas même…

Mais tout n’a pas été catastrophique non plus.

Montréal est chanceuse de pouvoir compter sur un club en MLS et si Joey songe sérieusement un jour à faire un retour de façon un peu plus active alentour du club, je pense que ce serait une bonne nouvelle, et non une mauvaise. Surtout que ce sont ses deux fils qui prennent beaucoup de décisions soccer présentement. Ça fitterait, comme dirait l’autre.

Il n’y a pas 10 000 proprios potentiels pour rouler un club de soccer de cette envergure à Montréal.

Si un jour, Joey souhaite revenir, s’expliquer, se faire pardonner et tendre la main à nouveau aux partisans, j’espère que ceux-ci seront réceptifs et qu’ils accepteront sa main tendue. Parce qu’au final, on y gagnerait tous.

On s’entend que ça va passer ou casser au cours des prochaines années pour le CF Montréal. Le statu quo ne durera pas encore 10 ou 15 ans. Et toute décision importante et stratégique viendra de Joey (et Lino Jr), pas de personne d’autre.

Joey réalise qu’il a probablement fait une erreur en se détachant de Montréal ; c’est le temps de la réparer, cette erreur-là. Et je parle autant à Joey qu’aux partisans du club…

Be careful what you wish for. Aimez-vous mieux un proprio trop émotif par moments ou un proprio absent? Ou pas de proprio du tout car, pas de club?

Il n’y a aucun homme d’affaires qui aime ça, perdre de l’argent… surtout pas en se faisant constamment critiquer par les gens à qui ils tentent de plaire à coup de millions $. Perdre de l’argent avec le CF Montréal, ça peut être OK pour un gars ultra riche comme Joey – énormément de clubs de soccer en perdent dans le monde entier -, mais j’avoue qu’il faut au moins s’amuser dans cette aventure-là… avoir le respect des gens qui consomment ton produit. Il faut savoir reconnaître les gestes posées et les risques pris par le seul propriétaire possible pour un club de soccer de cette envergure-là à Montréal…

Rendu là, je me demande ce qu’on dirait/ferait si Joey Saputo reprenait la présidence à la place de Gabriel Gervais. Comment serait-ce perçu?

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