On le dit depuis déjà un certain temps, même si on est encore très loin du produit fini, le CH semble déjà avoir réussi sa reconstruction, soit moins de huit ans après l’acquisition de Nick Suzuki et du reset on the fly de Marc Bergevin.
Ce n’est pas aussi rapide que les Penguins des années 2000 qui n’ont mis que 6 ans pour faire les séries entre l’échange de Jagr en juillet 2001 et leur retour en séries en 2007. Mais ce n’est vraiment pas mauvais considérant que les Canadiens n’ont quand même pas eu la chance de repêcher Malkin et Crosby coup sur coup, sans oublier Fleury et Jordan Staal avant et après!
D’autant plus que le CH vient de se qualifier en séries sans avoir vraiment pu compter sur Demidov (5e, 2024) et toujours sans avoir vu jouer Reinbacher (5e, 2023) dans la LNH.
En plus des Suzuki, Caufield, Guhle de l’ère Bergevin – auxquels on peut aussi ajouter Montembeault – il faut donc se tourner vers le repêchage de 2022 pour mieux comprendre les fondations déjà solides de cette reconstruction.
On va bien sûr rester très calmes avec Mesar (26e) et Beck (33e), mais leurs deux grosses sélections de cet encan, Slafkovsky (1er) et Hutson (62e) sont déjà des joueurs TRÈS importants.
Hutson joue déjà au niveau d’une supervedette à sa saison recrue.
Puis, même s’il est encore loin d’avoir atteint son plafond, Slafkovsky est déjà un joueur d’impact. À défaut d’être aussi constant qu’on le souhaiterait, il aide grandement Suzuki et Caufield à jouer dans leurs forces depuis son arrivée au sein du trio.
This Habs goal by Nick Suzuki doesn’t happen without the big hit & board battle win by Juraj Slafkovsky
— /r/Habs (@HabsOnReddit) April 17, 2025
Ainsi, Martin St-Louis a beau dire que « cette année le plan était d’apprendre à gagner », sans ces deux joueurs issus de l’encan 2022, le CH n’est même pas proche d’une place en séries.
Ou si vous préférez, son plan pouvait être « d’apprendre à gagner » seulement parce qu’il avait enfin suffisamment de munitions pour mettre tout ça à exécution. Car oui, depuis les sages paroles de Pat Burns, le genre humain a compris qu’on ne part pas à la chasse à l’ours avec des couteaux à beurre.
Pour qu’une équipe « cendrillon » comme le CH connaisse du succès en séries, ça prend souvent des joueurs qui peuvent surprendre l’adversaire par des performances éclatantes.
Il viennent dans tous les styles et tous les formats.
À Montréal, on peut penser à Claude Lemieux et Patrick Roy en 1986, ou encore, à Paul DiPietro en 1993.
Puis, en 2021, l’arrivée intrigante de Cole Caufield et l’impact sous-estimé du vétéran Corey Perry avaient certainement contribué au parcours inattendu jusqu’en finale.
On peut aussi se tourner du côté de Fernando Pisani en 2006 pour les Oilers.
Enfin, chez les Blues de 2019, Jaden Schwartz et Jordan Binnington, en sont d’autres qui ont surpassé les attentes et ont su faire la différence pour un club qui n’était pas « supposé » se rendre bien loin.
En Slafkovsky et Demidov, on est loin des profils modestes des Pisani et Dipietro de ce monde.
Pour un, de son propre aveu et devant ses futurs patrons, Demidov a carrément dit qu’il se voyait lui-même comme un « franchise player »!
Big shocker that the guy who knows he’s viewed as a “franchise player” embraced the fanatic welcome he received.
Demidov is gonna love it in Montreal, we know this. https://t.co/I6b0MeJIfM pic.twitter.com/tglU18wxgW
— Sean (@seanhhm) April 11, 2025
En 2025, le Canadien pourra donc miser sur deux très hauts choix au repêchage, remplis de promesses, que personne n’a encore jamais vus en séries et dont les performances pourraient faire toute la différence.
Oui, Suzuki, Caufield, Hutson et Guhle sont tous encore jeunes et les deux derniers n’ont encore jamais joué en éliminatoires.
Mais, en gros, même si rien n’est garanti, on sait déjà pas mal à quoi s’attendre de ces quatre-là, des joueurs ultra-constants et performants cette saison.
On pourra ainsi anticiper que Suzuki et Caufield sauront encore être les fers de lance de l’offensive montréalaise.
Puis, pour Hutson et Guhle, même si la pression sera forte sur eux, on s’attend à un contrôle de rondelle et une domination offensive pour le premier, puis à du jeu défensif robuste et sans bavure pour le second.
Les Caps vont donc essayer de contrer ces quatre joueurs en sachant très bien à qui ils auront affaire.
Mais qu’est-ce qui les attend avec Slaf et Demidov?
Ça, personne ne le sait. On nage en plein mystère.
Martin St-Louis ne le sait pas.
Les principaux concernés eux-mêmes de le savent pas!
La raison est simple : ces deux-là sont tellement loin de nous avoir tout montrer!
Alors que les joueurs de la LNH atteignent en moyenne cette marque vers 23-24 ans, le gros Slovaque vient tout juste de souffler 21 bougies le 30 mars dernier.
Parallèlement, on notera que les attaquants de puissance avec des profils similaires au repêchage mettent généralement autour de 3-4 ans avant d’atteindre leur plein potentiel et ce en débutant souvent leur carrière à 19 ans et non à 18. On pense, entre autres, aux Tkachuk, Rantanen, Meier et Draisaitl.
Après une éclosion certaine à l’hiver 2024 et un maintien plus ou moins constant de ce niveau en 2024-2025, il se pourrait donc fort bien que Slafkovsky – qui n’a toujours que deux saisons et demie d’expérience dans la LNH – connaisse un nouvelle éclosion très bientôt, peut-être dès ce printemps.
Le physique et le caractère de l’emploi
En tout cas, c’est très certainement en pensant au hockey des séries dans un environnement comme celui de Montréal que les décideurs du CH ont arrêté leur choix sur un costaud qui veut s’approprier la scène (« to own the stage ») comme Slafkovsky en 2022. Le jeune respirait la confiance et se présentait comme un joueur voulant la faire la différence dans les moments cruciaux.
À cet égard, disons qu’il n’a pas trop déçu lors des deux derniers matchs de la saison avec un gros but en fin de match contre Chicago et plusieurs solides jeux contre la Caroline…
Donc, même pas trois ans après sa sélection, le jeune aura déjà la chance de leur prouver que ses patrons et certains observateurs ne faisaient pas que pelleter des nuages en allant à contre-courant du bon peuple en 2022.
Une utilisation que tous auront à l’oeil
Et pour lui, eh bien, il affrontera son légendaire compatriote.
Comme le jeune Ovechkin de 2005, le #93 du Canadien, réalise déjà des jeux que seulement une poignée de joueurs élite de la LNH peuvent faire.
Ivan Demidov has his 1st NHL point, an assist, on just his third shift. #GoHabsGo pic.twitter.com/hGtf3yLPV9
— NHL News (@PuckReportNHL) April 14, 2025
On s’attend tous à ce que MSL veuille le protéger et placer Demidov dans des situations favorables ou encore qu’il voudra lui donner plus de temps de jeu quand son équipe tirera de l’arrière ou jouira d’une belle avance.
Mais le pilote du CH l’utilisera-t-il de manière à surprendre l’adversaire?
Est-ce qu’il l’enverra sur la première vague du jeu de puissance, alors que son talent semble un peu gaspillé sur la seconde unité?
Est-ce que ce sera en lui offrant des présences surprises sur d’autres trios que celui qu’il complète avec Laine et Newhook?
Bref, en Slafkovsky et Demidov, un peu comme pour Harry Truman en 1945 avec Fat Man et Little Boy, Martin St-Louis a deux armes secrètes qui pourraient faire pas mal de dommages.
Mais contrairement à Truman, la décision de les faire exploser ne lui revient pas entièrement.
C’est d’abord à Slaf et Demidov de lui montrer ce qu’ils ont dans le ventre.