Laine à Montréal : Est-ce réaliste? Est-ce souhaitable?

Oui, il se peut que Max Domi poursuive son association avec le Canadien.

Il se peut aussi que Marc Bergevin décide d’échanger Phillip Danault à la place de Domi.

Il se pourrait même qu’il échange les deux!

Tout est possible un coup parti!

Mais, logiquement et selon certaines infos, Domi qui veut jouer au centre, et qui est meilleur au centre, n’a plus d’avenir à Montréal. Il ne ferait pas partie du noyau autour duquel Marc Bergevin veut construire son équipe.

C’est aussi simple que ça.

Pour le reste, c’est certain que Bergevin écoute les offres qu’il reçoit au sujet de Danault. C’est son travail.

Mais il y a probablement beaucoup de bruit pour rien ici.

Tout ça sent le jeu de négociations par le biais des médias et je demeure convaincu qu’on trouvera un terrain d’entente avec le clan Danault en temps et lieu.

Ça prendra un contrat légèrement supérieur à celui de Jean-Gabriel Pageau (30 M$/ 6 ans). Disons 32,5 M$/6 ans.

Pour le meilleur 3e centre de la LNH qui continuera de jouer 15-16-17 minutes par match, aucun problème.

Mais pour Domi, il faut très sérieusement considérer un échange dans les prochaines semaines.

 

On tomberait à la renverse si jamais Domi demeurait à Montréal l’an prochain.
(Crédit: Capture d’écran YouTube)

Et, si Marc Bergevin conserve ses habitudes, je vous suggérerais de vous tenir aux aguets dans les jours précédents le repêchage, sinon au repêchage lui-même alors que des morceaux importants du puzzle seront tombés en place.

À trois jours de l’ouverture du marché des joueurs autonomes, tout le monde saura probablement où ira jouer Taylor Hall ainsi que les autres acteurs principaux.

Et, après avoir sondé ses homologues, Bergevin saura aussi si le 16e joueur disponible en en première ronde en vaudra le coup ou si on peut l’inclure dans une transaction. Un facteur qui devrait logiquement être à considérer…

En attendant, on peut spéculer et analyser.

On a d’ailleurs entendu plusieurs idées ou rumeurs dans les dernières semaines au sujet du #13 du Tricolore.

Mais d’abord, il faut s’entendre sur la valeur de Domi et ce que recherche le plus Marc Bergevin sur le marché.

La valeur de Domi
Max Domi ne fait certainement pas l’unanimité parmi les dirigeants de la LNH. Il ne la fait probablement pas au sein même de son propre vestiaire. Son inconstance a été remarquée et son attitude est aussi discutée assez fréquemment.

Mais, je suis d’avis que son passage à Montréal a tout de même fait augmenter sa valeur un brin, ne serait-ce que parce qu’il y a connu sa meilleure saison en carrière en tant que joueur de centre.

72 points, + 20, en 2018-2019, à 24 ans, ce n’est pas rien et ça ne fait très longtemps…

Ça a été plus difficile lors de la dernière saison – il a entre autres connu une affreuse séquence de cinq points en 18 matchs, dont un seul but – mais il aurait quand même enregistré une production de 51 points sur 82 matchs.

C’eut été une troisième saison de plus de 50 points en carrière en cinq saisons dans la LNH. Si on regarde sa moyenne de points par match, il pourrait même théoriquement avoir quatre saisons du genre son actif s’il ne s’était pas stupidement blessé à la main dans un combat en 2016-2017, sa seule grosse blessure à ce jour.

Bref, Domi est un joueur talentueux. La preuve en est qu’il peut enregistrer 50 points par saison, même quand il est plus ou moins heureux ou qu’il est plus ou moins bien entouré ou qu’il n’est pas dans la bonne chaise, comme ce fut tantôt le cas en Arizona et à Montréal.

Il ne serait donc aucunement exagéré de voir en lui un contributeur régulier d’une soixantaine de points (disons, 55 à 65), assis dans la bonne chaise, au centre d’un deuxième trio, au sein d’une bonne équipe offensive.

Son profil possède une certaine valeur, et je dirais même plus, une valeur certaine.

Mais au-delà de son potentiel offensif qui demeure attrayant, c’est surtout le marché lui-même de 2020 qui lui confère une valeur supérieure à ce que plusieurs croient.

Des centres de ce calibre, il n’y en a AUCUN chez les UFA cette année. Zéro, niet, nada.

Tous les gros noms se retrouvent aux ailes et en défense.

Or, les équipes qui se cherchent un deuxième centre de bon calibre, il y a en a pas mal et elles devront passer par le marché des transactions pour l’obtenir.

Et quand la demande excède l’offre, j’avais appris en économie familiale en secondaire 3 que c’était une maudite bonne affaire pour les vendeurs!

Donc, sans dire que la valeur de Domi se situe soudainement, comme par magie, au niveau de l’élite de la LNH, il reste que sa rareté sur le marché devrait largement jouer en faveur de Bergevin.

Pas convaincu?

Très bien.

Allons-y avec un comparable imparfait, mais fort pertinent : Nazem Kadri qui a quitté Toronto l’an dernier.

Kadri (0,64) et Domi (0,67) ont entre autres pratiquement la même moyenne de points par match en carrière. Le rôle de Kadri à Toronto était semblable à celui de Domi l’an dernier. Même leur gabarit, leur attitude et leur caractère se ressemblent.

 

Domi aurait-il le même impact que Kadri avec sa future équipe?
(Crédit) : Capture d’écran Youtube 

Kadri, 28 ans à l’époque, et à qui il restait trois saisons (4,5 M$/année) au contrat, a rapporté aux Leafs l’excellent défenseur offensif Tyson Barrie, à qui il ne restait qu’un an de contrat, ainsi qu’Alex Kerfoot, 26 ans, un centre d’une quarantaine de points par année avec aussi trois autres années à son contrat.

Toronto a aussi envoyé l’obscur défenseur Calle Rosen et un choix de 3e ronde au Colorado qui, en contrepartie, a dû céder un choix de 6e ronde aux Leafs.

L’exemple démontre qu’un deuxième centre de calibre comme Kadri possède invariablement une très bonne valeur dans ce marché restreint. Les Leafs ont pu mettre la main sur deux joueurs de qualité, même si ç’a mal tourné pour Barrie à Toronto…

On voit donc difficilement pourquoi la valeur de Domi serait beaucoup moins bonne que celle de Kadri dans.

Le seul autre centre « disponible » qui entrerait peut-être dans cette catégorie – et qui ne s’appelle pas Phillip Danault – est Vincent Trochek avec les Canes, qui eux aussi seront à surveiller étroitement dans le dossier qui nous intéresse ici.

Qu’à cela ne tienne, Domi peut donc rapporter un bon retour à lui seul et il peut sans doute être une pièce importante d’un blockbuster si on le joint à d’autres morceaux de qualité.

Voilà donc pour sa valeur : malgré ses petits défauts – Kadri en avait aussi – Domi demeure un centre au-dessus de la moyenne et l’échanger aiderait Bergevin à combler des carences ailleurs dans son alignement avec un joueur de qualité.

La cible #1 de Bergevin
Maintenant, je suis parfaitement d’accord avec David Ettedgui, l’ancien agent de Brendan Gallagher, lorsqu’il avance qu’un gros ailier droit capable de marquer des buts est ce que recherche le plus activement Bergevin à l’heure actuelle.

On sent d’ailleurs que c’est exactement ce qui manque le plus à l’équipe, entre autres, pour qu’on puisse voir fleurir le vrai Kotkaniemi, dont les passes savantes se sont jusqu’ici rarement transformées en but dans la LNH.

Ettedgui rapporte que le CH serait à la recherche d’un « ailier droit naturel de haut calibre, de grand renom, avec un gros gabarit ». Ce genre d’ailier droit serait idéalement « meilleur qu’un Toffoli » ou Dadonov « et potentiellement meilleur que son ancien client, ce qui aurait bien du sens. Dans un club qui veut « aller à un autre niveau », qui veut aspirer aux grands honneurs , Gallagher, 29 ans, et commençant à montrer quelques signes d’usure, ne doit pas être ton ailier #1 d’avenir.

Meilleur que Gallagher, donc. Ça nous aiguillonne aussi un peu quant au profil recherché et aucun joueur ne répond mieux à ce profil que Patrik Laine des Jets de Winnipeg.

 

Quand Laine est dans cette position, ça fait peur!
(Crédit: YouTube)

Mais Patrik Laine, la vedette offensive tant attendue, peut-il réalistement aboutir à Montréal?

Sans nommer explicitement Laine, Ettedgui se dit confiant que Marc Bergevin « sera capable de faire l’échange [dont il a besoin].»

Dans les faits, a-t-il davantage en tête un Reinhart à Buffalo? Un Mantha à Detroit? Un Tarasenko à St-Louis? S’il ne considère pas le gabarit comme une si grosse priorité, Gaudreau ou Ehlers sont-ils des possibilités?

On ne le sait pas.

Mais pour le plaisir de l’exercice, attardons-nous à Laine, la plus grosse cible imaginable sur le marché, et essayons de voir si c’est réaliste et si le jeu en vaudrait la chandelle pour le Canadien.

Que recherchent le plus les Jets?

Deux éléments certains et très documentés : un centre #2 et des défenseurs droitiers.

La carrière de Bryan Little, deuxième centre de la franchise depuis des lunes, est en suspens suite à une vilaine commotion cérébrale subie l’hiver dernier.

Puis, l’option de faire évoluer Blake Wheeler au centre n’est pas optimale à long terme.

Ensuite, à 32 ans, Mathieu Perreault ne peut produire plus de 30-40 points par saison. Il en a seulement comptabilisé 15 en 49 matchs en 2019-2020.

Enfin, Jack Roslovic, 23 ans, à l’origine pressenti pour combler le poste de 2e centre à long terme, semble désormais davantage être perçu comme un ailier.

Pour ce qui est de la défensive, les Jets ont coup sur coup perdu trois défenseurs droitiers de grande qualité en l’espace d’un an : Trouba, Myers et Byfuglien.

En retour, seul Pionk s’est jusqu’ici établi avec les Jets. Ville Heinola, un gaucher, choisi en première ronde l’an dernier est promis à un bel avenir, mais le fruit n’est pas encore mûr.

Il tombe alors sous le sens que les Jets, qui ne sont pas pour autant dans une quelconque phase de reconstruction, mais bien un club qui veut revenir le plus tôt possible parmi les puissances de la LNH, devront tôt ou tard combler ces carences au centre et à la défense, en échangeant un de leurs ailiers vedette et personne ne s’attend à ce que ce soit Wheeler ou Connor.

Les Jets seraient-ils prêts à laisser partir Laine?
Il y a eu des rumeurs de transaction impliquant Laine et Domi à l’été 2019. Domi venait de connaître une excellente saison, Laine une moins bonne. Puis ce fut le scénario inverse cette année, solide saison de Laine, saison décevante de Domi…

Vers la fin du camp d’entraînement l’automne dernier, Laine a finalement conclu une entente de deux ans d’une valeur totale de 13,5 M$ avec les Jets, et ça faisait apparemment l’affaire de tout le monde. Laine voulait prouver sa valeur en vue de son prochain contrat. Les Jets voulait voir si…

Puis, quelques jours plus tard, c’est Kyle Connor qui s’entendait avec ses patrons sur les termes d’un contrat de 7 ans, et plus de 49 millions de dollars…

Une rondelette somme que les Jets n’étaient pas prêts à consentir à Laine, probablement dû à des doutes sur sa maturité et une production irrégulière.

Des questions se posent alors.

Laine est-il en amour avec Winnipeg? À relire ceci, pas sûr, pas sûr… Donne plus l’impression d’un gars qui voulait leur dire : « Ouin? Ben, regardez-moi bien aller lors des deux prochaines saisons, et si ça fait pas icitte, ça va faire ailleurs! »

Un an plus tard, après une très belle saison où Laine s’est présenté comme un joueur nouveau, les Jets l’aiment-ils beaucoup, beaucoup, beaucoup plus au point d’en faire le joueur le mieux payé de l’équipe? Pas encore convaincu… 

Le mariage à long terme me paraît donc toujours loin d’être garanti entre les Finlandais et les prairies canadiennes…

Et si c’est le cas, comme diraient Karl Marx et Adam Smith après un petit verre de scotch, la valeur d’échange de Laine à Winnipeg excèdera alors sa valeur d’usage.

Et on sait déjà que c’est la même chose pour Domi à Montréal, même si la valeur de ce dernier n, est pas à son maximum présentement.

Une offre qui devra être agressive
En Domi les Jets, mettrait la main sur un nom très populaire en ville – il est même né à Winnipeg alors que son père Tie y jouait – mais surtout il acquerrait un joueur de centre dynamique, dans la force de l’âge, qui évoluerait dans la bonne chaise derrière Mark Scheifele, un des 10 meilleurs centres de la LNH.

Domi se veut un excellent passeur quand il s’y applique et peut aussi aller se salir le nez au besoin. Dans un marché passionné, en étant bien entouré et avec un coach plutôt permissif en Paul Maurice, tout semblerait en place pour que Domi y connaisse de nombreuses campagnes fort productives.

Winnipeg étant… Winnipeg (une ville que j’affectionne par ailleurs!), bien peu de joueurs veulent s’y établir rendus à l’autonomie (ex. : Paul Statsny), mais on peut supposer que ça pourrait être différent pour l’enfant prodigue Domi. Ce dernier aime être traité avec une attention particulière, ce que lui fournirait la miséricordieuse Winnipeg, une ville ASBSOLUMENT FOLLE des Jets et de ses joueurs, qui ferait amener le veau gras et les plus beaux habits pour son fils enfin retrouvé.

Quoi qu’il en soit, on s’entend pour dire qu’il faudrait bien plus que Max Domi pour mettre la main sur Laine, un des meilleurs jeunes buteurs de toute la LNH et probablement un des top-3 dans ce rôle lors des 10 prochaines années.

Est-ce que le choix de première ronde du CH (16e) pourrait tenter les Jets? Peut-être, eux qui ont aussi la 10sélection. Ça se prendrait bien.

Et Marc Bergevin ne dirait sans doute pas non à cela.

Mais les Jets, en plus de Domi et de ce 16e choix, pourraient également demander un espoir de premier plan ainsi qu’un jeune défenseur droitier, disons Fleury.

Ce serait un pensez-y-bien.

Mais, soyons clairs, Laine, en raison de son âge et de son talent, vaut logiquement pas mal plus cher que Pacioretty et ce dernier a rapporté ceci : un joueur offensif établi de qualité (Tatar), un espoir de premier plan (Suzuki) et un choix de deuxième ronde.

 

Le talent de marqueur ça vaut cher!
(Crédit: )

Dans cette optique, Domi, Caufield, Fleury et un choix de première ronde, ça me semble proportionnel pour Laine et disons un des joueurs suivants : Roslovic, Vesaleinen ou Sami Niku.

Et ça commencerait à ressembler à une offre très difficile à refuser pour les Jets et un prix équitable à payer pour un véritable attaquant vedette au gabarit imposant qui détonne avec le reste des ailiers offensifs du Canadien.

Bien sûr, Cheveldayoff pourrait très bien cibler d’autres joueurs que ceux mentionnés. Peut-être zieute-t-il davantage du côté de Romanov et Danault, que du côté de Domi et Caufield? Peut-être que Suzuki ou Kotkaniemi doivent être inclus dans le deal, sinon il raccroche.

On n’en sait rien. On spécule.

Mais, au bout du compte, je crois que la valeur globale de l’offre que devrait préparer Bergevin pour Laine sera dans ces eaux-là, et on ne sera pas définitivement pas dans le panier des aubaines.

Maintenant, que feriez-vous à sa place? Iriez-vous de l’avant avec un tel échange?

Certains ont déjà répondu « non », jugeant que le CH devrait trop donner. Mais est-ce si simple?

Sinon…
Quoi qu’il en soit, si Bergevin n’est pas prêt à se rendre là, ou si les Jets veulent garder Laine et échanger Ehlers, ils pourraient se servir des 6 M$ de ce dernier pour éponger l’augmentation salariale du gros finlandais.

Mais Bergevin s’intéresserait-il à Nicolaj Ehlers qui s’était par ailleurs bien amusé en 2013-2014 à Halifax avec Drouin?

Le Danois de 24 ans est un excellent joueur, une bombe sur patins et un métronome au niveau productivité. Et il ne coûterait peut-être que l’équivalent de Domi, Fleury et Weal. Personnellement, je n’écarterais pas le choix de 1ère ronde du décor, ni Ryan Poehling…

Mais Ehlers n’excelle vraiment pas en séries (2 buts, 9 points en 25 matchs) et ne détonne pas tant que ça des petits ailiers offensifs actuels du Tricolore. Un genre de Drouin en plus constant. Un genre de Tatar en plus rapide.

Ehlers : Est-ce ce ne serait pas un grand pas en avant?
(Crédit: ) Youtube

Enfin, peut-être que les Jets ne veulent pas se départir de Laine et Ehlers cette saison. Rien ne presse pour Laine, 22 ans – ils ont ses droits pour encore quelques saisons – et Ehlers a cinq autres années à son contrat.

Cheveldayoff serait-il alors simplement intéressé à céder son prochain choix de première ronde au CH (10e au total) et un joueur parmi Roslovic, Vesalainen ou Niku en retour de Domi et un choix de 2e ronde?

Penserais pas.

Mais bien des choses pourraient se décider sur le plancher de danse virtuelle le 6 octobre prochain.

On a déjà un petit peu hâte.

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