Le mot en P de Jeff Gorton veut dire playoffs, mais aussi pression

Le Canadien de Montréal est en reconstruction. Il l’est parce que la nouvelle administration du club a pour objectif de reconstruire l’effectif afin d’en faire un groupe qui ne va pas simplement aspirer aux séries.

Le but du jeu? Créer un club qui va être parmi l’élite chaque année.

C’est différent de ce que Marc Bergevin voulait faire. L’ancien DG, qui a été là pendant environ une dizaine d’années, voulait faire les séries parce que rendu là, tout est possible.

Je me souviens qu’à l’époque, bien des gens disaient qu’il n’était pas suffisant de viser les séries. Et maintenant que les patrons du Canadien refusent de se mouiller parce que la reconstruction est en cours, on entend que les attentes ne sont pas assez élevées.

Constat? Si on ne parle pas de Coupe Stanley au camp du club (et je veux dire en parler de façon sérieuse et non pas le faire à la blague comme Kent Hughes hier), ça ne passe pas. Montréal, c’est Montréal.

Depuis hier, on dirait qu’on sent que le thème est l’opposition entre la direction, qui refuse de parler des séries, et des gars au niveau de la glace, qui veulent aspirer à participer aux séries en 2024.

Mais la vérité, c’est qu’hier, tout le monde a dit ce qu’il avait à dire. Geoff Molson, Jeff Gorton et Kent Hughes ne peuvent pas dire que le plan est de faire les séries dès maintenant parce que ce n’est pas réaliste. Ils ne peuvent pas monter les attentes de façon démesurée.

Après tout, malgré ce qu’en pense Réjean Tremblay, le Canadien n’a pas ce qu’il faut pour faire les séries – surtout compte tenu du fait que le club joue dans la puissante division Atlantique.

Mais en y allant d’une citation marquante comme celle du mot en P (je sens qu’on n’a pas fini d’en entendre parler, de cette expression-là), Jeff Gorton a indirectement mis en lumière le dossier des playoffs.

En septembre, le CH est toujours dans la course. Et comme l’espoir fait vivre, ça commence pas mal à jaser de séries et de la possibilité de voir le Canadien se qualifier pour la danse.

Ceci étant dit, à mes yeux, il y a un autre mot en P qui est important et qui doit être mis en lumière par rapport à la journée d’hier. Je ne parle pas ici des playoffs, mais bien de la pression.

Parce qu’en écoutant les dirigeants du Canadien, on sent que leur objectif est d’enlever de la pression populaire sur les épaules des jeunes. Et pour bien des gens, ça semble mal passer.

Pourquoi? Parce qu’à Montréal, il y a de la pression. Ça a toujours été le cas.

Le fait que les patrons ne veulent pas parler de pression est, pour certains, un signe que la pression n’existera pas. Mais dans les faits, c’est d’oublier que Martin St-Louis, lui, arrivera avec l’objectif de faire progresser ses joueurs jusqu’à l’objectif de vivre la pression des séries.

Martin «patience agressive» St-Louis n’a peut-être jamais eu la pression de coacher pour gagner, mais quand même : sa carrière a été bâtie sur le fait qu’il détestait perdre. Il veut, plus que tout le monde, se rendre en séries.

S’il a acheté le plan du CH, c’est qu’il sait qu’à la fin, il sent qu’il aura les outils pour gagner. C’est simplement logique.

St-Louis doit composer avec l’alignement qu’on lui fournit et oui, il trouve sans doute des manières efficaces d’aider ses jeunes à composer avec la pression montréalaise. C’est sa job.

Le fait de le voir tenter de «gagner chaque journée» est notamment dans son plan de match. Il doit gérer les attentes de tout le monde, ce qui n’est pas simple dans un contexte où, de plus en plus, les gens vont attendre des victoires.

Si le tournoi de golf d’hier nous a rappelé quelque chose, c’est que même si les attentes de tout le monde ne sont pas de parler des séries en tant que tel, le temps passe et des victoires seront attendues par ceux qui suivent le club.

Un mauvais début de saison pourrait rendre le tout assez long. Et si en plus tout le monde commence à parler du fait que la direction protège publiquement ses joueurs (ce qui n’est pas anormal… non?), ça va être long.

Est-ce qu’il existe un monde où ce groupe uni pourrait surprendre et gagner plus de matchs que prévu, ce qui permettrait à la direction de dire que les attentes ont été surpassées?

Oui, un tel monde existe. Mais ne mettez pas un vieux 2$ là-dessus.

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