Le problème, ce sont les attentes (placées et validées par la direction)

Le Canadien a connu une autre soirée difficile hier à Washington. La saison n’est même pas vieillie d’un mois et déjà, les Montréalais se sont pris cinq dégelées depuis le début de la saison :

6 à 3 vs Penguins
4 à 1 vs Kings
7 à 2 vs Rangers
8 à 2 vs Kraken
6 à 3 vs Capitals

Il s’agissait de la première dégelée de l’équipe sur la route, les quatre autres ayant (malheureusement) été subies devant les partisans montréalais au Centre Bell.

À part le jeu de Lane Hutson, Cole Caufield, Nick Suzuki et Juraj Slafkovsky, rien ne va chez le Canadien.

OK, j’exagère peut-être, Jake Evans, Brendan Gallagher et Josh Anderson donnent ce qu’ils peuvent donner, eux…

Il donne ce qu’il peut donner, le Gally.
(Crédit: Getty Images)

Mais pour le reste, c’est zéro, comme le chantait Julie Masse.

Le Tricolore affiche le deuxième pire différentiel cumulatif de toute la LNH (moins-15). Le différentiel, ça ne veut rien dire individuellement lorsque l’échantillon est petit, mais collectivement, sur une séquence de plus de 10 matchs, c’est très révélateur.

Le Canadien ne fait pas que perdre des matchs : il se fait constamment lessiver. Ce n’est pas nécessairement le fait que l’équipe n’ait remporté que quatre de ses 11 matchs qui m’inquiète ce matin, c’est le fait qu’elle est beaucoup trop souvent déclassée.

1. Les gardiens de but (et la défense) montréalais sont ceux qui accordent le plus de buts par partie en moyenne depuis le début de la saison dans le circuit Bettman : 4,18. Et l’attaque n’en marque même pas trois par partie…

2. Le Canadien a été dominé au chapitre des tirs au but lors de neuf de ses 11 rencontres, souvent par à peu près le double de ses tirs à lui.

3. À cinq contre cinq, le Canadien en arrache. Seuls les Ducks affichent un pire Corsi que le CH dans toute la LNH.

4. Le Canadien est en voie de connaître une saison de 67 points, ce qui lui donnerait une place parmi le bottom 5 de la LNH pour une quatrième année consécutive. Le CH terminerait ainsi au 28e rang pour une troisième saison de suite (après avoir terminé au 32e et dernier rang).

5. Christian Dvorak, qui a encore commis une erreur que tout NHLer de qualité ne peut pas se permettre de commettre hier soir, devrait être soumis au ballottage, puis envoyé à Laval.

6. Arber Xhekaj, Joel Armia, Alex Newhook…

Je pourrais continuer de même jusqu’à demain, mais j’ai des obligations professionnelles (et personnelles).


Les attentes
Avant le début de la saison, j’ai répété à plusieurs reprises – et reçu de la m*rde pour ça – que je ne croyais pas aux chances des Habs de participer aux séries éliminatoires. J’ai regardé les playoffs le printemps dernier et le Canadien était à des années lumières de pouvoir jouer ce style de hockey-là.

Et on ne pouvait pas dire que l’équipe que l’on voyait durant le calendrier préparatoire était vraiment meilleure que celle de l’an dernier : Dach, Kapanen, Hutson et Heineman IN, Kovacevic, Allen, Monahan, Pearson et Ylonen OUT…

Bref, les défaites qui se succèdent chez le Canadien ne me surprennent pas (du tout). Quoi que la manière dont on encaisse plusieurs de ces défaites-là est pire que ce à quoi je m’attendais, mais bon…

Sauf que quelque chose a changé chez le CH. Martin St-Louis qui dit ne pas vouloir écouter les critiques des gens à qui il ne demanderait pas conseil… Juraj Slafkovsky qui prétend ne pas avoir de solution/explication, en ajoutant aux journalistes qu’ils vont probablement les trouver en écrivant leurs articles… Cole Caufield qui sous-entend à Guillaume Lefrançois que ce dernier ne peut pas vraiment parler des conséquences d’une opération à l’épaule, parce qu’il n’a jamais été opéré à l’épaule…

Visiblement, les médias et les partisans ont plus d’attentes cette saison… et le club aussi !

Un an après avoir refusé de prononcer le mot en « P », la direction, le coaching staff et les joueurs ont parlé en septembre d’au pire être dans le mix, et d’au mieux les faire, les maudites séries.

Personne ne s’attendait à voir le Canadien remporter la Coupe Stanley cette année (ni l’an prochain), mais pas mal tout le monde s’attendait à voir une progression, aussi petite soit-elle. Le message de la direction n’était pas le même cette année.

Mais présentement, on n’en voit pas, de progression. Et on devrait quand même en voir une même si Patrik Laine est à l’infirmerie…

Défensivement, dans notre zone, c’est même pire que l’an dernier. Et que l’autre d’avant aussi…

Le problème à mon avis, c’est que l’organisation a mis la barre trop haute (trop vite) en parlant de mix en septembre dernier. Le club est encore en pleine reconstruction et il y a toujours des trous partout. Il y a plein de jeunes qui doivent apprendre, surtout derrière, et plusieurs vétérans cher payés ne fouttent plus rien devant. Penser que l’on allait faire les séries avec ce groupe-là, c’était du rêve.

Et croyez-moi, du rêve, il y en a eu pas mal chez les fans montréalais. Si vous saviez combien de gens ont misé sur « oui, le Canadien va faire les séries » à Mise-o-jeu…

(Crédit: Getty Images)

Kent Hughes et Jeff Gorton ont placé la barre trop haute avant le début de la campagne avec leur mix. Et les fans, tannés de passer des soirées plates devant leur téléviseur ou encore pire, de dépenser une fortune pour des matchs à sens unique au Centre Bell, ont bu le Kool-Aid. C’est normal, le sport, c’est émotif/irrationnel… et ils espèrent le mieux pour leur équipe.

Sauf que dans le sport (comme dans la vie), il est important de se fixer des objectifs réalisables, mais tout de même relativement difficiles à atteindre. Si tu atteins ceux-ci trop facilement, tu te démotives. Même chose si tu ne les atteins jamais ! C’est ce qu’on enseigne aux entraîneurs de haut niveau lors des formations…


Du P.R. ou une mauvaise évaluation ?
Certains prétendent que Kent Hughes et Jeff Gorton ont parlé de mix parce qu’au niveau P.R., ne pas le faire aurait été une catastrophe. Ils auraient donc menti ou teinté la vérité devant les caméras…

Je pense plutôt que la direction du Canadien croyait que son équipe était rendue un peu plus loin qu’elle ne l’est en réalité.

Sinon, pourquoi mentir ? Chaque dégelée vient mettre une énorme (et nouvelle) couche de déception/pression sur le chum Martin derrière le banc. Vouloir éviter 24-48 heures de déception en septembre pour en faire vivre à son fan base pendant six mois, ça ne fait pas très P.R. niveau excellence !

Bref, on se retrouve tous malheureusement au même point que l’an dernier : on a tous envie de fermer notre téléviseur avant la fin des parties des Habs.

Au moins, les jeunes comme Slafkovsky, Caufield, Suzuki, Hutson et Guhle progressent. Une chance…

La suite ?
Puisque plusieurs dirigeants ont confié à Pierre LeBrun, Elliotte Friedman et Frank Seravalli que le Canadien se cherchait du renfort à la ligne bleue (défenseur droitier), à l’attaque (attaquant robuste) et devant le filet (gardien d’expérience), j’en conviens que non, la direction des Habs n’est pas satisfaite du début de saison de son équipe. Elle espérait mieux. Ce qui vient confirmer à mon avis que non, ce n’était pas qu’un move P.R. de parler d’être dans le mix…

C’est la tempête actuellement alentour du Canadien et on aimerait tous qu’elle cesse, cette tempête-là. Le CH en premier !

Pas mal sûr que Martin St-Louis et ses boss ne voyaient pas leur équipe se vomir dessus lorsqu’ils faisaient des projections en septembre.

Puisqu’on ne peut quand même pas diminuer les attentes une fois qu’elles ont clairement été établies, Hughes et Gorton devront trouver du renfort, ailleurs ou à Laval…

Martin St-Louis va devoir ajuster son système défensif et commencer à faire du hard coaching. Les vétérans qui n’en donnent plus, il va falloir les tasser. Sinon, la culture inculquée aux jeunes ne sera pas la bonne…

Et les gars vont devoir commencer à jouer de façon plus structurée. Et avec plus de conviction et de hargne…

Parce que présentement, le Canadien, c’est comme le ti-gars qui vise 60 % dans son bulletin, mais qui a reçu de 30 et des 40 % lors de sa première étape. Il va falloir qu’il commence à étudier et à arrêter de foxer lorsqu’il fait soleil l’après-midi (et qu’il a des cours de maths, français, sciences ou anglais)…

PLUS DE NOUVELLES