Le Québécois qui a acheté les Aigles de Nice avec Étienne Boulay est un (bon) crinqué

Étienne Boulay vient d’acheter une équipe de hockey à Nice. Il l’a annoncé hier sur Instagram et la nouvelle s’est rapidement répandue comme une traînée de poudre. Félicitations Étienne !

Étienne a donné plusieurs entrevues à différents médias québécois depuis hier soir, mais il ne l’a pas achetée tout seul, cette équipe-là. Il l’a fait avec son ami Filipe Bastos, de même qu’avec deux partenaires français : Philippe Jot et Jean-François Ropart.

Puisque j’aime faire les choses différemment, j’ai laissé Étienne aux médias traditionnels. Moi, je suis plutôt allé interviewer Filipe Bastos, l’autre nouveau propriétaire québécois impliqué dans cette aventure-là.

J’ai eu la chance de rencontrer Filipe il y a une dizaine d’années. Comment ? Parce que Filipe a déposé une offre pour acheter DLC Média Inc, compagnie derrière le site DansLesCoulisses.com.

On a jasé, on a mangé ensemble, on a appris à se connaître… et j’ai finalement décidé de continuer par moi-même et de demeurer propriétaire de mon entreprise. J’ai finalement vendu 50 % de mes actions à OBOX quelques années plus tard, question de me libérer des rôles techniques et publicitaires…

Ça faisait longtemps que je n’avais pas parlé à Filipe. Je l’ai appelé ce matin, pour le féliciter… mais aussi pour voir s’il n’y avait une possibilité de faire un papier texte de type « dans les coulisses de la transaction. »

Il a dit oui.

(Crédit: FranceBleu)


Pourquoi la France et non le Québec ?
Étienne et Filipe se connaissent depuis plus de 10 ans. Ils sont de bons amis. Quand Étienne a pris sa retraite du football, il se cherchait quelqu’un pour l’accompagner dans sa transition vers le monde des médias et du numérique. Il a trouvé Filipe, qui avait une compagnie dans ce domaine.

Filipe a toujours eu comme rêve d’un jour posséder une équipe sportive. Il a toujours chéri ce rêve-là avec un de ses amis d’enfance… qui pourrait d’ailleurs aller le rejoindre dans ce projet français au cours des prochains mois. On verra !

« Quelques occasions de détenir une équipe de sport se sont présentées au Québec, mais la plus belle est venue de la France. Le coût d’acquisition, le budget d’opérations, le fait que ce soit du hockey, la promesse d’un nouvel aréna de 5 000 places financé par différents organismes en 2029 (à temps pour les Jeux olympiques de Nice en 2030), le fait de se trouver sur la côte-d’Azur, à moins d’une heure de skier dans les Alpes ET de se baigner dans la mer tout en étant à quelques kilomètres à peine de toute la richesse de la Principauté de Monaco… tout y était » – Filipe Bastos

Il faut savoir qu’Étienne et Filipe avaient tenté d’acheter les Alouettes il y a un an et demi.

« On avait fait des démarches sérieuses pour devenir propriétaire des Alouettes. On avait un projet où les partisans seraient devenus des coactionnaires de leur équipe comme en Saskatchewan (LCF) et à Green Bay (NFL). On a rencontré le commissaire de la ligue. Cependant, Pierre-Karl Péladeau est sorti de nulle part et il a déposé une offre trop bonne pour la ligue. On n’a jamais eu le temps de présenter l’ensemble de notre projet. » – Filipe Bastos

Les Aigles de Nice, la nouvelle équipe d’Étienne et Filipe, coûte plus ou moins 1,4 million $ à rouler annuellement (salaire des joueurs, dépenses administratives, hébergement, etc.) L’équipe évolue dans la Ligue Magnus, la première division française.

« Le but est de faire grimper ça à 6 ou 7 millions d’Euros d’ici quelques années, comme c’est le cas à Grenoble et à Rouen. Tous les joueurs touchent au total des salaires d’environ un demi-million $. Ce sera plus que ça dans quelques années. On veut quitter le milieu de peloton et devenir une référence en France. On veut attirer des gros joueurs. » – Filipe Bastos

Combien est-ce que ça a coûté, acheter les Aigles de Nice? Le montant est confidentiel. Sauf que le rire que Filipe a eu lorsque je lui ai posé la question me laisse croire que c’est pas mal moins que les 12 millions d’Euros payés récemment pour l’équipe de Rouen.

Un méga projet immobilier dans lequel on compte également héberger les joueurs devrait voir le jour prochainement.

Deux joueurs québécois devaient faire partie de l’équipe cette saison, sauf que l’un d’eux s’est pointé avec deux genoux et une épaule mal en point. Seul Marc-André Lévesque, le capitaine d’ailleurs, représentera donc le Québec dans le vestiaire des Aigles.

À quelques heures du début de la saison de ses nouveaux Aigles à Chamonix (salutations aux Boys), Filipe Bastos est conscient que l’aréna actuel de l’équipe a effrayé plusieurs joueurs potentiellement intéressés à venir jouer à Nice. Il promet que d’ici quelques années, le calibre de la Ligue Magnus sera très près de celui des meilleures ligues européennes et que les gars qui vont regarder pour venir en France placeront Nice au sommet de leur liste.

Filipe vit le rêve de plusieurs ti-culs québécois en ce moment et il sait qu’il a été chanceux dans la vie.

« Je travaille tout le temps. Je suis fait comme ça. J’ai des concessions Telus, j’ai d’autres projets au Québec et j’ai créé – puis vendu – Fan-o-Web il y a quelques années. Même si j’ai rencontré ma femme un vendredi 13 et que j’annonce l’achat de ma première équipe sportive un vendredi 13, je n’ai pas peur. Ma chance, je la crée. Je la provoque toujours. » – Filipe Bastos

Puisqu’il a ouvert la porte en parlant de la vente de Fan-O-Web (HabsolumentFan, MondeDeStars, HockeyFeed, Etc.), j’ai décidé d’entrer et j’ai demandé à Filipe ce qu’il pensait des journalistes traditionnels qui en avaient contre les médias indépendants, alternatifs ou autres qui sont populaires sur les réseaux sociaux. Son ancien site HabsolumentFan a d’ailleurs été visé dans un article paru sur LaPresse plus tôt cette semaine.

« Les gens du milieu peuvent bien penser ce qu’ils veulent. Ils sont en crise et cherchent des coupables. On a créé une business à l’époque. L’important, ce sont les gens qui l’aiment, qui la consomment et qui lisent. C’est à eux qu’on voulait plaire dans le temps et c’est à eux que les gestionnaires de Fan-O-Web veulent plaire aujourd’hui. Pas à ceux qui critiquent. Il y en aura toujours de ces gens-là. » – Filipe Bastos

Quand j’ai demandé à Filipe si le fait de reprendre des nouvelles lui posait problème à l’époque où il était le big boss de Fan-O-Web, il a répondu ceci :

« Tout le monde reprend des nouvelles. Tout le monde parle des mêmes nouvelles, qui partent souvent des médias sociaux d’ailleurs. On ne cherchait pas à être les premiers, mais plutôt à être les deuxièmes. On laissait DansLesCoulisses être les premiers hehe. On ne voulait pas le scoop, mais on voulait être rapide. C’est ce que les gens aimaient. C’est ce qu’ils aiment encore aujourd’hui. Les journalistes plus traditionnels ont le droit à leur opinion, mais moi, je suis juste content de voir des gens qui agissent dans la légalité, le bon goût et avec de bonnes intentions réussir. Je ne peux qu’être heureux pour eux. Sauf que c’est quand même ironique de voir que les médias traditionnels, qui n’étaient pas sur les réseaux sociaux et qui les regardaient de haut quand on y était, chialent parce qu’ils ne sont plus sur le plus gros réseau social aujourd’hui. Tout le monde prend et donne sur les réseaux sociaux. C’est de même que ça marche, qu’on aime ça ou non. » – Filip Bastos

Prolongation

– Filipe compte passer au moins 10 jours par mois en France.

– Il dit avoir retrouvé le buzz qu’il avait avec Fan-O-Web dans la gestion de sa nouvelle équipe de hockey. Il attendait la bonne opportunité et elle s’est pointée sur le Vieux Continent (dans un sport que tout Québécois ayant grandi dans la Belle Province à la fin du 20e siècle connait bien).

– Étienne Boulay a vendu la compagnie Atypique à Keurig il y a deux ans. Tout comme Filipe, il a donc utilisé des dollars gagnés avec d’autres compagnies afin de s’acheter une équipe sportive professionnelle.

– Filipe n’a pas voulu me confirmer quoi que ce soit, mais c’est pour un montant dans les huit chiffres que Fan-O-Web a été vendu à Attraction Média en 2016.

– Filipe Bastos m’a répété à quelques reprises qu’il aimait ça prendre des risques, sortir des sentiers battus, vivre sa drive d’entrepreneur… qu’Étienne et lui étaient pareils à ce niveau-là. Qui s’assemble se ressemble encore, il faut croire, en 2024. En fait, c’est probablement plus que jamais comme ça, mais bon…

PLUS DE NOUVELLES