Boycott LNH : La révolution tranquille des fans

Pis, vous ennuyez-vous du hockey?

Moi, oui.

Je suis un fan du Canadien depuis près de 30 ans. Et quand la Flanelle ne joue pas, je regarde d’autres matchs de la LNH, je m’intéresse à d’autres joueurs, je suis les statistiques de près. 

En temps normal, ces jours-ci, comme plusieurs d’entre vous,  je devrais être en pleine saison de préparation de pool de hockey. J’ai quatre pools de hockey. C’est presque un travail à temps à la fin septembre. Presque. 

Mais bon, comme tout le monde, je vais faire autre chose de mes soirées tant qu’il n’y aura pas de hockey.

Comme on a tous réussi à le faire en 2004-2005.

Sauf que cette fois-ci…

Sauf que cette fois-ci, lorsque le hockey de la « New NHL » reprendra, ben Bibi icitte, ne se garochera pas comme un perdu, une poule pas de tête, une tondeuse pas de chauffeur, sur les Internets dans la salle d’attente virtuelle de « NOS » Canadiens, pour leur donner entre 300$ et 600$ tout droit sortis de ma carte de crédit.

Tiens, des gradins vides. Ça me donne une idée…
Photo: André Tremblay, La Presse

Je ne demanderai pas à ma femme de sortir sa carte de crédit.

Je ne demanderai pas à mon chummy Brownie Boy d’en faire autant.

Ni à Scoopy Boy.

Ni au sulfureux Jamòn con Queso de Varennes sur mer.

Car, voyez vous, les cinq matchs par saison que j’ai l’habitude d’aller voir avec ma femme et mes amis au Centre Bell seront choses du passé.

Et je n’ai même pas compté les 2-3 autres matchs « surprises » que je vais voir avec Ti-Brie quand il descend de ses terres lévisiennes.

Si vous comptez une belle moyenne de, disons, 100$ par rencontre que je dépense au Centre Bell,  c’est environ, au bas mot, 700$ par année que je donne à M. Molson. Au bas mot.

Je l’aime bien moi M. Molson. Il est gentil. Il est sympathique. Il est important pour notre ville. Il me semble être un pas si pire « citoyen corporatif » avec, entre autres, la poursuite du projet des belles patinoires extérieures réfrigérées.

Mais, je ne lui donnerai plus d’argent à M. Molson. Du moins, pas directement dans ses poches. 

Je vais donc me satisfaire de regarder le hockey chez moi ou chez des amis ou dans des bars à l’occasion.

Je vais sauver des sous.

Je vais, pardonnez-moi encore M. Molson, boire de la meilleure bière.

Je vais manger mieux.

Je n’aurais pas à me trouver un stationnement ou à prendre le métro.

Je vais être moins fatigué le lendemain.

Je n’aurai pas à me taper les ridicules jeux animés par une Madame Sourire pendant les pauses publicitaires. Je vais plutôt aller me chercher une autre belle bière à 1,50$ sans faire la file dans mon frigo.

Et sur ma belle 40 pouces HD, je vais même voir mieux que si j’étais sur place.

Et si je veux un peu plus d’ambiance et que j’ai besoin d’un sentiment de collectivité pour me sortir de mon soit disant individualisme crasse postmoderne?

Ben, j’irai au bar avec mes chums et une centaine d’autres personnes (dont peut-être une couple de belles filles, HumHum, incluant ma femme, incluant ma femme…). Je suis sûr qu’on va avoir du fun en masse.

Bref, je serai maître de ce que je ferai avec mon corps et avec mon portefeuille.

Car, voyez-vous, je ne suis pas obligé de donner mes beaux dollars à M. Molson and friends

Je ne suis pas obligé d’accepter de payer mes billets 50% trop cher, entre autres, pour financer des clubs pauvres qui n’ont aucun rapport de jouer au hockey au milieu de nulle part, dans le désert ou sur des plages devant des gradins vides où les seuls fans (souvent des snowbirds) qui sont là ont payé leurs billets 15$, incluant deux roteux et une grosse bière.

Je ne suis pas obligé de me laisser enfirwouaper par les campagnes publicitaires tapageuses du CH et de la  « New New LNH » qui s’abattront inévitablement sur nous lorsqu’ils régleront enfin leur conflit surréaliste de milliardaires VS. millionaires.

Je ne suis pas obligé de céder à la tentation d’aller voir ne serait-ce qu’un seul match au Centre Bell.

On ne parle quand même pas de résister à une envie comparable à celle de s’acheter un café ou un paquet de cigarettes pour ceux qui sont accros.

On peut se dire « accro » au hockey, un peu à la blague, comme ça, entre nous, parce qu’on ne manque pas une seule partie du CH de saison en saison. Mais, en réalité, on parle de dépenser volontairement 100$ si on veut aller voir un match live. On parle de sortir 100$ de son portefeuille ou de mettre 100$ sur sa carte de crédit, et ça c’est si on ne fait pas trop de folies avant, pendant et après la partie…

Je ne suis pas obligé de faire ça! Je peux le garder mon 100$, 500$, 700$, 1000$.

Du fun, si j’en veux, je peux en avoir partout ailleurs pour un bien meilleur rapport qualité-prix!

Chez moi. Chez mes chums. Au bar. Au restaurant. À l’OSM. À L’Armada. Au théâtre. Au festival de ci et de ça. À Cancun. À Paris. À Lake Placid. À Bromont. Au curling. En ski. Dans le Vieux-Port. À Charlevoix. En raquette. Au Mont-Royal. À l’aréna de ma ligue de vieux poils. Chez Schwartz’s. À la Casa do Alentejo. Au Club Chasse et Pêche. Et même, possiblement, je dis cela sous toutes réserves, à Laval.

Donc, non, je ne dépenserai pas un seul sous pour aller voir le Canadien au retour de ce nouveau  lock-out orchestré de toute pièce par une bande d’irresponsables qui nous prennent pour des valises.

Car, vous savez, ils ne se gênent même pas pour le dire partout, ils sont encore PERSUADÉS que, lors de la « reprise des activités », nous seront tous de retour comme de bons petits consommateurs dociles, les bonzes de la LNH. Tous sans exception. « We have the most loyal fans in the world », qu’il dit le « beau » Gary.

Surtout les amateurs canadiens, hein Gary, ils aiment TELLEMENT ça le hockey au Canada. Ils ne pourront pas s’empêcher de nous donner leur argent. Ils vont s’en être TELLEMENT ennuyé!

Je ne sais pas pour vous, mais moi il y a DEUX choses que je ne peux tolérer. Deux.

1) Qu’on me prenne pour acquis.

2) Qu’on me prenne pour un imbécile.

Et là, on semble vouloir faire les deux en même temps.

Je pouvais comprendre la situation en 2004-2005. On pouvait penser que les choses allaient se stabiliser et que les billets n’allaient pas trop augmenter avec l’instauration d’un plafond salarial.

Mais non! Le prix des billets a augmenté de 40% au Centre Bell depuis 2005!

Pour moi, ce lock-out est de trop. Ça ne passe pas.

Nous ne sommes pas des « otages » de ce lock-out.

Nous ne sommes pas des « victimes » de ce lock-out.

Arrêtons de penser ces clichés ridicules que tout le monde raconte à gauche et à droite.

Les proprios ne sont pas en train de se dire : « signez méchants joueurs, vous privez ces pauvres partisans, victimes et otages, de leur seul plaisir dans la vie »! 

Nous avons du pouvoir.

Nous sommes libres de faire ce qu’on veut avec notre argent.

Nous sommes libres et capables de dire non, c’est assez. Wô là. Ça suffit. Enough is enough.

Et nous sommes certainement capables de faire la « révolution sportive », assis sur notre cul dans notre salon.

Ça ne me semble pas trop extrémiste comme révolution : On se tient debout, mais assis sur notre cul. Dans notre salon.

Pendant au moins un an.

Peut-être deux.

Peut-être pour toute la durée de la prochaine convention collective.

Comme ça on pourra être certain que le prix des billets va descendre et qu’on va arrêter de nous prendre pour des caves.

Partisans, prenez votre place.

Pas besoin de manifs. Pas besoin de casseroles.

Juste un divan.

AJOUT : Voici le lien pour le groupe Facebook que je viens de créer « Boycott LNH : la révolution tranquille des fans » : https://www.facebook.com/BoycottLnhLaRevolutionTranquilleDesFans?ref=stream

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