Martin St-Louis s’est fait imposer Sean Farrell (notamment) pour qu’il joue devant les siens

Martin St-Louis, quand il jouait, était l’un de ceux qui semblaient avoir les yeux de Maurice Richard. L’attaquant du Lightning, qui a travaillé fort pour faire sa place, l’a fait avec beaucoup de persévérance.

De l’huile de coude, il en a à revendre.

Cette énergie-là, il a appris à canaliser avec le temps, mais c’est quand même grâce à elle qu’il est rendu là où il est présentement. Et une fois de temps en temps, elle va refaire surface.

C’est arrivé hier quand il a indirectement confirmé que ce n’était pas lui qui avait pris la décision d’insérer Sean Farrell dans son alignement en vue du match contre les Flyers.

Le voir lâcher un «c’est une question pour Kent, ça» en se faisant demander si le kid est prêt démontre que ce n’était pas sa décision de le faire jouer.

Sinon, il n’aurait pas lancé son DG sous l’autobus de la sorte quand on parle d’une décision (la construction de l’alignement) qui est clairement du domaine de l’entraîneur. Et je ne peux pas dire que je suis en désaccord avec l’entraîneur.

Après tout, Farrell pouvait jouer un autre match pour brûler sa première année de contrat sans problème. Ce n’était pas nécessaire de lui faire jouer le match d’hier à tout prix.

On a vu Martin St-Louis amener Jordan Harris de la NCAA doucement l’an passé. Il a rejoint l’équipe, s’est entraîné avec le club et a regardé des matchs de la passerelle avant de sauter dans l’action.

Pourquoi? Parce que rien ne pressait. Et il a fini par brûler son année de contrat.

Ainsi, le défenseur a pu s’habituer à la LNH un brin, ce qui n’a pas été le cas de Farrell. Après tout, ce dernier a rencontré ses coéquipiers hier matin et il n’a pas pratiqué avec le club avant de jouer.

Est-ce un hasard si Jeff Gorton, qui parle rarement publiquement, s’est adressé aux médias après le match pour expliquer que Farrell avait notamment joué parce qu’il était devant parents et amis à Philadelphie?

Je ne crois pas au hasard, dans la vie.

Les entraîneurs d’aujourd’hui ne sont plus autant en contrôle qu’avant, et ce, peu importe le sport. Dans certaines équipes sportives, on a parfois l’impression que le vrai boss derrière le banc, c’est le DG.

Ce n’est pas le cas de St-Louis, qui n’est pas du genre à se faire marcher sur les pieds.

Ce qui semble avoir fait mal, c’est que l’entraîneur tente d’instaurer une culture au sein de son club. Il tente de récompenser tout le monde le plus possible et de punir les injustices.

Et là, il a annoncé à Chris Tierney qu’il allait laisser sa place à un gars de la NCAA après un match où l’entraîneur ne semblait pas vouloir effectuer de changements à son effectif.

Tierney a joué en raison de la blessure de Kirby Dach, mais ce n’est pas ça le point.

On est rapidement passé, comme l’a souligné à juste titre Arpon Basu, d’un entraîneur qui a récompensé ses joueurs de profondeur lundi en fusillade (Johnathan Kovacevic et Michael Pezzetta) à un coach qui a laissé un joueur de côté au profit d’un kid.

Le problème n’est pas que Farrell ne mérite pas sa place dans la LNH. Le problème, c’est surtout qu’un changement d’alignement est souvent pris en compte par l’entraîneur en raison de plusieurs facteurs. Et hier, il a peut-être senti qu’il s’était fait couper l’herbe sous le pied un brin ou deux.

Au final, Farrell n’a pas mal fait sur la patinoire. En un peu plus de 13 minutes de jeu, il a vu ce qu’il devait faire pour suivre le rythme de la LNH et il n’a pas mal paru sur la glace. L’entraîneur a aimé son positionnement sur la patinoire.

Martin St-Louis, avant le match, lui a dit de jouer sa game et qu’après, ils allaient corriger ensemble ses lacunes – à défaut de pouvoir le faire avant. Cela sera fait dans les prochains jours pour aider un gros morceau du futur du club à faire sa place.

Parce qu’au final, c’est ça qu’il faut retenir : Farrell demeure un espoir de premier plan pour le CH. J’ai l’impression que les circonstances de son match d’hier font en sorte que la vibe est négative autour de lui. Mais il ne faut pas oublier que Farrell, c’est un espoir de premier plan.

Mais bon. Le #57 n’est pas la seule histoire à retenir du match d’hier.

Qu’est-ce qui a retenu mon attention dans un match de bas de classement de la fin du mois de mars, alors que les deux équipes savent qu’elles ne feront pas les séries cette saison?

1. Je pense que le ton de ma dernière phrase était assez clair : ce n’était pas le match de l’année. Dans les faits, c’était un 2h 30 de ma vie que je ne vais jamais ravoir.

En début de match, le Canadien manquait de coordination et il avait l’air d’un club qui avait joué la veille et qui s’était couché tard en raison d’un vol entre Buffalo et Philly.

Et par la suite, c’était juste plate. Pauvres partisan sur place…

Je pense que la séquence de 9:59 de jeu sans arrêt au troisième vingt, où il ne s’est rien passé, démontre clairement que les joueurs du Canadien et des Flyers ne donnaient pas le meilleur spectacle en ville.

2. On doit parler de Cayden Primeau. Après tout, c’était son premier départ de la saison avec le CH (il avait joué 20m plus tôt durant la campagne) et il était très clairement testé en vue de la saison prochaine.

Résultat? J’ai bien aimé son match. Les deux filets accordés dans une défaite de 3-2 (il y en a eu un dans un filet désert) n’étaient pas des mauvais buts et il avait l’air à sa place.

Un match ne fait pas une carrière, évidemment, mais on sent quand même que le gardien de but du Canadien a gagné des points. Je ne sais pas combien de points, mais ça, on le verra en octobre prochain.

Notons que le gardien, sans surprise, a été cédé au Rocket de Laval après le match. Je m’attends pleinement à le revoir cette saison et c’est le bruit qui court en ce moment aussi…

3. Brendan Gallagher semble être en santé présentement, lui qui a marqué trois fois à ses trois derniers matchs. Ses tirs ont du mordant depuis son retour au jeu il y a quelques jours.

Tant mieux pour le CH. Un Gally en santé, ça aide.

4. Un des gros jeux du match, c’est de voir l’émule de Gally, Rafaël Harvey-Pinard, se blesser au pied en désavantage numérique et tenter de chasser la douleur en demeurant sur la glace. Les Flyers ont marqué dans ce qui est devenu l’équivalent d’un cinq contre trois.

Il a reçu de l’aide pour revenir au banc, a été salué par ses coéquipiers en allant au vestiaire pour chasser la douleur… mais il a quand même réussi à finir le match. #Guerrier

Et évidemment, c’est lui qui a marqué à quelques secondes de la fin du match pour réduire l’écart à un seul but, question de donner une bonne frousse aux Flyers de John Tortorella.

C’était ce genre de ce match-là.

Prolongation

La défaite du Canadien a eu pour effet d’éliminer officiellement le club de la course aux séries. Personne ne tombe de sa chaise en ce moment, on va se le dire franchement.

Perdre un match contre Philly, c’est d’ailleurs une bonne chose pour l’ami Tankathon.

(Crédit: Tankathon)

Le CH est revenu à Montréal hier durant la nuit. La Flanelle ne s’entraînera pas aujourd’hui et sera de retour sur la glace demain afin de se préparer pour affronter les Panthers jeudi soir. Est-ce que Samuel Montembeault sera d’office?

On verra jeudi si Kirby Dach, qui a été coupé du match d’hier à la dernière seconde, sera en mesure de s’entraîner. Même chose pour Joel Armia… et pour Sean Monahan? Un gars a le droit de se mettre la tête dans le sable, non?

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