Ce que Mitchell Miller a fait est absolument dégueulasse d’un bout à l’autre. Si vous n’êtes pas au courant des détails, je vous invite à consulter l’article de mon collègue Michaël Petit.
L’objectif de cet article n’est absolument pas de le défendre. LOIN DE LÀ!
Mais la LNH et les Bruins de Boston se sont positionnés dans une drôle de posture dans cette histoire et je crois qu’il est important d’adresser le sujet.
Tout d’abord, établissons ensemble la chronologie des événements :
– Le 4 novembre, les Bruins signent un pacte de trois avec Mitchell Miller, un contrat type pour les recrues. Bonis de signature et de performance à la clé.
– Quelques heures plus tard, la mère de la victime de Miller a avoué qu’elle ne croyait pas que Miller avait des remords.
– Le 5 novembre, plusieurs joueurs des Bruins, dont Patrice Bergeron, mentionnent qu’ils ne sont pas d’accord avec la décision de l’organisation de mettre le jeune joueur sous contrat.
– La même journée, Gary Bettman évoque le fait que le défenseur n’est pas éligible pour jouer dans la LNH.
– Le 6 novembre, l’agent de Miller a annoncé qu’il croyait son client lorsqu’il dit avoir des remords par rapport à ses agissements.
– La même journée, les Bruins libèrent officiellement Miller en prétextant que de nouvelles informations changent la donne pour eux. Le jeune homme accepte du même coup d’être placé au ballottage inconditionnel et de renoncer à l’argent de son contrat.
– Fin de la saga.
Peut-être pas tout à fait…
Dans le plus récent épisode du podcast Sortie de zone du 98,5 Sports et de La Presse, un long segment a été fait sur cette histoire. Dans le fil de la discussion, les intervenants ont remis en doute plusieurs points du récit officiel et ça soulève des interrogations sur la suite des choses.
Sortie de zone | Quelques jours après l’avoir mis sous contrat, les Bruins de Boston ont dû se départir du jeune défenseur controversé Mitchell Miller. On en parle avec @RainvilleJR, Alexandre Pratt, Guillaume Lefrançois et Stéphane Waite. 🎧 ⤵ https://t.co/oJ67T9Ia2L
— 98,5 Sports (@985Sports) November 7, 2022
En premier lieu, Stéphane Waite, ancien entraîneur des gardiens chez les Blackhawks et le Canadien, a mentionné que tous les contrats sont approuvés par la LNH avant d’être officialisés. Ce qui veut dire que si les Bruins ont pu mettre Miller sous contrat, contrairement à ce qu’évoque Gary Bettman, la ligue avait approuvé la chose.
On y mentionne aussi que les antécédents des joueurs sont scrutés à la loupe avant qu’un contrat soit signé et que les Bruins ont probablement tenté leur chance avec Mitchell Miller en raison de son excellente saison dans la USHL (39 buts, 83 points et +43) l’an dernier. Les Oursons se seraient donc croisé les doigts en espérant que la nouvelle ne fasse pas trop de remous et qu’ils s’en sortent avec un jeune espoir intrigant de plus dans leurs filiales.
Mais surtout, la déclaration de Bettman à l’effet que Mitchell Miller n’était pas éligible à jouer dans la LNH ne repose sur pas grand-chose. Où dans le livre de règlement avons-nous des traces de choses qu’un joueur peut ou ne peut pas faire? Et dans quelle mesure cette règlementation, si elle existe, a une quelconque force légale?
Le contrat signé entre les Bruins et Mitchell Miller était légal. Ce n’était pas moral, nous sommes d’accord, mais ils avaient le droit de le signer. Dans cette optique, de quel droit la LNH ou les Bruins peuvent casser le contrat sans que Miller n’obtienne réparation?
J’irais même plus loin en faisant un lien avec les histoires de scandales sexuels chez Hockey Canada. Que peut bien faire, légalement parlant, la LNH pour réprimander ses joueurs si son enquête devait être concluante et que des joueurs étaient clairement identifiés dans cette affreuse histoire? Sans un vrai procès, que peut bien faire Gary?
Rien ou presque selon moi.
Les Bruins ont pris une chance en espérant que l’opinion publique ne soit pas trop dure envers eux.
Gary Bettman s’est positionné en défenseur de la victime pour bien paraître aux yeux de l’opinion publique.
Les Bruins ont cassé le contrat de Miller pour éviter une catastrophe dans l’opinion publique.
Parce que dans le fond, tout ce qui compte vraiment, c’est l’opinion publique et non les victimes.